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Sur l'île de Porquerolles, un jardin caché dans la nature

  • la Fondation Carmignac
    la Fondation Carmignac
  • eucalyptus globulus
    eucalyptus globulus
  • Olbia serapias
    Olbia serapias

L’île de Porquerolles accueille depuis peu la Fondation Carmignac. Elle invite le visiteur dans un domaine méditerranéen magnifique devenu le refuge d'une belle collection d'art moderne. Le défi pour le paysagiste Louis Benech : s'approprier les 15 hectares du parc tout en respectant les contraintes d'un environnement protégé.

C’est sur l’île de Porquerolles, dans le Var, que le financier et collectionneur d’art Édouard Carmignac et son fils Charles ont décidé d’implanter la fondation qui porte leur nom. Au large de Hyères, l’île de Porquerolles est un écrin de biodiversité. Dès 1912, François-Joseph Fournier, un Belge ayant fait fortune au Mexique grâce à l’exploitation des mines d’or, y introduit des essences exotiques (pomélos, kumquats, eucalyptus). Aujourd’hui propriété de l’État, l’île de Porquerolles est protégée par le statut de parc national depuis 2012.

Surnommée « l’île embaumée », on y trouve une abondante variété d’espèces végétales, dont certaines espèces rares comme le genêt à feuilles de lin. Du fait des multiples contraintes liées à la protection de l’environnement, la Fondation Carmignac est aujourd’hui une sorte d’île intérieure, dont la visite a été imaginée comme un rituel quasi-initiatique mêlant nature et culture.

Un rituel emprunt de végétal

« Le jardin a été conçu comme un non-jardin. » C’est par cet extrait de sa note d’intention que la Fondation Carmignac annonce la couleur au visiteur. Avec ce paradoxe en tête, le célèbre paysagiste Louis Benech a conçu l’espace laissé à l’abandon entourant le mas : « L’enjeu était de concevoir un jardin dans lequel les espèces végétales endémiques de l’île se retrouvent au service des œuvres d’art afin de les mettre en valeur. » Inutile d’envisager de faire entrer des plantes extérieures à l’île. « Selon les règles du parc national, il ne doit plus y avoir d’espèces exogènes, explique Louis Benech. Le lieu étant déjà somptueux et riche en terme de biodiversité, mon intervention devait se faire a minima. J’ai tout de même réussi à intégrer quelques espèces exogènes, dont l’agave que l’on trouve près de la villa, ou encore un jacaranda. En revanche le figuier de barbarie considéré comme invasif m’a été refusé. » Ces espèces exotiques côtoient désormais celles présentes depuis des décennies sur le site, comme les oliviers et les mimosas.

La visite commence et se termine par la forêt, pour appuyer l’hommage à l’île de Porquerolles, îlot forestier en pleine Méditerranée. Depuis l’arrivée au port, le visiteur fait les 680 pas, « comptés » par le paysagiste, qui le mènent à l’orée d’un bois de pins : pins d’Alep, parasols et maritimes, ainsi que des eucalyptus. « La forêt n’a quasiment pas été touchée, explique Louis Benech, car même les conditions de débroussaillage sont très strictes afin de respecter l’habitat naturel de la faune sauvage. »

Un musée en pleine forêt

Après s’être désaltéré d’une boisson à base de plantes et déchaussé, pour faciliter « la circulation des énergies », le visiteur découvre les œuvres d’art – de Basquiat ou de Warhol – que lui dévoile la villa. Puis il remonte à la surface (une grande partie des 2 000 m2 d’exposition se trouve en sous-sol en raison des contraintes de construction liées à la protection du lieu) pour découvrir le jardin, divisé en plusieurs parties.

Sur la plaine nord revit l’espace agricole : « On a retrouvé les traces d’un potager, explique Louis Benech, avec des restes d’asperges, de chou et d’artichauts. Cela m’a donné envie de pérenniser la présence maraichère sur le site. » Mais il faudra encore attendre quelques années pour en récolter les fruits. Il côtoie le verger, riche d’une quarantaine d’espèces d’arbres fruitiers parmi lesquels des abricotiers, des amandiers, des plaqueminiers, des poiriers, des cognassiers ou encore des poiriers. « J’ai aussi voulu la présence d’une petite collection d’agrumes pour rappeler la Méditerranée. » Orangers, pamplemoussiers, citronniers et bigaradiers se mélangent à des figuiers et à des grenadiers. Pour jouer avec les couleurs et mêler l’horticole à l’ornemental, Louis Benech n’a pas choisi les arbres fruitiers au hasard : « Le plaqueminier, en automne et en hiver, est un très bel arbre grâce à la couleur de ses fruits et à son superbe tronc. »

Le long des allées, des cannes de Provence dévoilent les sculptures au fil de la promenade. Les œuvres sont signées par de jeunes artistes en résidence, imprégnés de la magie du lieu. Du haut de la colline, on aperçoit la vigne, fermée au public, mais dont le vin, l’Alycastre, du nom du dragon légendaire de Porquerolles, peut être dégusté à la fin du voyage. Si la plaine sud du jardin donne toute sa place au maquis, c’est aussi un espace de sensibilisation à la protection des espèces sensibles.

Discrète présence humaine

« Nous avons effectué des relevés précis pour géolocaliser les plantes sensibles (trèfles, orchidées) sur le terrain et tracer les chemins de visite afin de ne pas les impacter », explique le spécialiste. Ici la main humaine se fait discrète : « Nous avons effectué un discret travail de réparation parmi les pins, les bruyères, les eucalyptus et les chênes verts, afin que la végétation donne l’impression d’avaler les visiteurs qui s’y promènent. » Les œuvres accueillies dans cette partie du jardin : des bustes, des visages, des représentations de la nature évoquent l’humain et son impact sur l’environnement. Puis, l’orée de la forêt annonce la fin de la visite. Et le moment pour le visiteur de faire 260 pas de plus pour plonger dans l’immensité de la mer.

Infos

Comment y aller ? Depuis le port de La Tour fondue à Hyères, des bateaux relient l’île plusieurs fois par jour. Le site de la Fondation se situe à 10 minutes à pied.

Ouverture : du 2 juin au 4 novembre 2018. Juin-juillet-août : de 10 h à 20 h. Septembre : de 10 h à 19 h. Octobre-novembre : de 10 h à 18 h. Les visites sont limitées à 50 personnes par demi-heure afin d’offrir un contact privilégié avec les œuvres.

Réservations sur www.fondationcarmignac.com

Se loger : l’Hôtel des Mèdes, chambre avec cuisinette, 195€ la nuit en haute saison. www.hotel-les-medes.fr

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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