Le parc Barbieux Poumon vert de Roubaix
Depuis un siècle et demi le parc Barbieux offre aux citadins près de 30 hectares de nature arborée en ville. S'il étonne par la diversité de son environnement vallonné, ses chemins détournés, ses plans d'eau, ses berges fleuries et ses arbres séculaires de toute beauté, il prouve aussi son utilité dans cette agglomération où la qualité de l'air n'est malheureusement pas toujours au rendez-vous.
Le parc Barbieux est considéré comme l’un des plus beaux parcs urbains de France. Son histoire est étroitement liée à l’expansion industrielle de Roubaix. Il doit sa création à un projet de canal pour les usines textiles, dont le chantier est finalement abandonné. La municipalité décide alors de créer un jardin public dans les friches. Il faut dire que celle qu’on surnommait « la ville aux 1 000 cheminées » manquait d’espaces verts et l’on avait déjà conscience des problèmes engendrés par la pollution industrielle. L’idée était d’apporter des commodités sanitaires et d’hygiène aux ouvriers qui vivaient à proximité des usines. Voient ainsi le jour une piscine, réhabilitée en musée dans les années 2000, des bains-douches et un parc. On confie le projet à l’architecte Barillet-Deschamps et dès l’été 1866, le parc Barbieux est déclaré jardin d’utilité publique par décret présidentiel. En 1878, l’architecte paysagiste Georges Aumont connu pour ses créations parisiennes, les parcs des Buttes Chaumont et Montsouris, reprend le flambeau. La première partie, achevée en 1886, accentue l’idée de nature : dans ce parc à l’anglaise se succèdent dans l’ancien lit du canal, étangs et cascades, tandis que ses pentes sont aménagées en pelouses.
Une soixantaine d’espèces végétales sont semées et une centaine d’arbres exotiques ou indigènes sont plantés : ginkgo biloba, araucarias, sequoias, hêtres verts et pourpres, frênes, saules pleureurs, marronniers, pins noirs… Une grotte romantique, une rotonde, un kiosque, des serres et un estaminet achèvent de planter le décor. Les habitants prennent vite l’habitude de s’y retrouver en parcourant ses allées et ses pelouses vallonnées et fleuries, en canotant sur le lac… Le parc sert d’écrin à l’exposition internationale de Roubaix en 1911.
Une soixantaine d’arbres centenaires
Bien qu’ayant obtenu le label Site national remarquable en 1994 et en 2010, celui de Jardin remarquable, la ville décide, en 2014, de lui offrir une cure de jouvence. L’idée est de renforcer la beauté et l’aspect ludique du parc Barbieux tout en accentuant son caractère naturel et son utilité écologique. « Nous avons travaillé dans l’esprit du jardin d’origine, mais avec la volonté d’insister davantage sur la biodiversité en y intégrant une soixantaine d’espèces végétales indigènes », souligne Vincent Coomans, gestionnaire du patrimoine arboré pour la Ville de Roubaix. Le long des méandres de la rivière s’épanouit la flore des milieux humides : iris jaune, carex, renoncule à petites fleurs, roseaux sauvages sans oublier les menthes aquatiques. Une soixantaine d’arbres centenaires veillent et notamment la collection exceptionnelle de hêtres pourpres et de hêtres pleureurs verts (les essences sont identifiables par des étiquettes). Ces derniers s’imposent par leur envergure. Leurs branches basses effleurent le sol formant une vaste coupole végétale. C’est d’ailleurs, grâce aux hêtres verts pleureurs que le parc Barbieux a reçu en juin 2019, le label Arbre remarquable de France.
Quatorze jardiniers sont à l’œuvre pour entretenir le site. Une attention particulière est portée aux pelouses prisées pour un pique-nique ou une sieste ! Régulièrement, des expositions d’œuvres d’art viennent agrémenter la promenade. Les joggeurs sont des habitués de la grande boucle qui cintre le parc. Les naturalistes en herbe ont tout le loisir d’observer une foule de palmipèdes et d’échassiers : hérons, foulques, poules d’eau qui ont trouvé ici le gîte et le couvert. Le parc Barbieux offre ainsi une bouffée d’oxygène à l’agglomération lilloise (1,8 million d’habitants), l’une des plus polluées de France. « Avec ses arbres de taille adulte, sa flore, ses plans et cours d’eau, ce parc constitue un îlot de fraîcheur, détaille Vincent Coomans. Il diminue de plusieurs degrés la température par rapport au centre-ville fortement minéralisé. De plus, l’évapotranspiration de cette masse d’arbres améliore la qualité de l’air. » En somme, un siècle et demi après sa création, le parc Barbieux conserve plus que jamais sa fonction d’utilité publique !
Réchauffement climatique et mal hêtre
Selon plusieurs études de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), le réchauffement climatique risque de faire disparaître de nombreuses espèces d’arbres dont les hêtres. « La hausse des températures accélère le processus de vieillissement des arbres centenaires qui sont les plus fragiles, souligne Vincent Coomans, gestionnaire du patrimoine arboré pour la Ville de Roubaix. On en constate les effets sur les hêtres qui souffrent de stress hydrique. » Ainsi, les différences de températures entre la journée et la nuit provoquent des brûlures sur l’écorce et accentuent la production de bois mort à la tête de l’arbre. « Il faut alors éliminer la tête de l’arbre et se concentrer sur le tronc, pour lui éviter de souffrir et de disparaître », poursuit le responsable du parc. Avec l’espoir que ce patrimoine soit transmis aux générations futures.
Comment y aller ?
Au départ de la gare de Lille-Flandre, compter vingt minutes en tramway ou en métro, station Epeule-Montesquieu.
Adresse : Avenue Jean-Jaurès, 59 100 Roubaix. Le parc est gratuit et ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L’office de tourisme organise des visites de groupe avec les jardiniers et des visites individuelles. Renseignements : +33-(0)3-20-65-31.
Se loger : Chambre d’hôtes La Belle Histoire. Studio avec kitchenette, calme, en rez-de-jardin.Situé près du parc et des transports. À partir de 61 e, petit déjeuner inclus.