Les Jardins de Mazet des simples au double
Au domaine de Mazet, dans les Cévennes gardoises, on récolte depuis vingt ans les plantes médicinales. Plus qu’une exploitation, les dix hectares de simples cultivés en bio et en terrasses sont désormais des jardins auréolés du label «Jardin remarquable» décerné en 2012. Visite guidée.
Jardin atypique s’il en est, Mazet est un lieu de culture de plantes médicinales récoltées à la main et transformées dans le domaine éponyme, accroché aux contreforts des Cévennes méridionales. La visite s’apparente presque à une balade en pleine nature sauvage, tant les plantations épousent le paysage. Dans ce pays escarpé, les cultures se font traditionnellement en terrasses, au gré desquelles le visiteur déambule dans les bois et les sous-bois plantés de châtaigniers centenaires, de cèdres et de chênes verts. Autrefois soutenues par des murets de pierres sèches, les terrasses ont été restaurées sous forme de talus, plus durables, ce qui donne au jardin des airs de Toscane. Mais quand, au détour d’une colline, la vue porte au loin, le doute n’est plus permis : nous sommes bien dans les Cévennes.
Une terre vierge de polluants
La visite s’effectue en quatre étapes et permet de découvrir plusieurs coteaux, chacun formant un biotope à part entière. À mi-parcours, le promeneur découvre ainsi une terrasse consacrée à une collection de basilics. Ici et là, des panneaux didactiques donnent une foule d’indications sur les plantes médicinales et leurs vertus.
Quand Marie d’Hennezel découvre le domaine en 1995, il est en friche. Elle décide alors de se lancer dans la culture des plantes médicinales, dites simples. Suivant un tracé calqué sur celui des anciens murets, elle restaure d’abord dix terrasses pour une douzaine de simples. Aujourd’hui, l’exploitation de plantes, cultivées ou sauvages, s’étend sur dix hectares. Le nombre d’espèces, une quarantaine à ce jour, s’est diversifié au gré des besoins du laboratoire homéopathique, que l’entrepreneuse a installé sur le domaine après dix ans de recherche.
Ce n’est qu’en 2011 que Mazet s’ouvre au public. «Après la parution de mon ouvrage et un reportage télévisé sur le domaine, les visiteurs spontanés ont commencé à affluer. L’ouverture du jardin s’est imposée comme une étape naturelle, qui me permet de mieux transmettre ma passion », explique la conceptrice des lieux. À terme, elle ambitionne de faire pousser un échantillon des plantes homéopathiques du monde entier. Les multiples expositions permettent en effet des cultures très variées. Trois sources d’une eau pure irriguent les plantations, qui bénéficient d’un sol d’origine très riche en oligo-éléments. Mieux : le domaine, à l’abandon depuis les années 1880, a été préservé de toute pollution chimique.
Marie d’Hennezel encourage toujours ses visiteurs à cueillir des plantes du domaine, car, dit-elle, «on n’oublie jamais ce qu’on a touché, goûté, senti et vu. Cela reste imprégné en vous beaucoup plus longtemps que des informations lues sur un panneau explicatif. La connaissance vient de l’expérience, vécue par les sens». Pour mieux partager sa passion, elle propose désormais les « visites du mardi », une journée de cueillette pendant laquelle le public peut s’initier à la reconnaissance des plantes médicinales et à leur usage. En toute simplicité.
La transformation au domaine
Après cueillette, les simples intègrent la « chapelle des plantes », un séchoir à convection d’air naturel. Ce séchage lent, sur claies, permet de conserver intactes les propriétés thérapeutiques, car si les plantes sèchent trop rapidement, l’eau qui s’en échappe emporte les principes actifs. Le laboratoire pharmaceutique du domaine transforme certaines plantes en eaux orales, en huiles essentielles ou en crèmes de soin pour la peau et en teintures mères. Ces dernières sont utilisées pour imprégner des granules homéopathiques, proposées sous forme de complexes par Sevene Pharma.
Verveine odorante (Aloysia citriodora)
Parfois appelé thé arabe, cet arbrisseau est pourtant originaire du cône Sud de l’Amérique latine. Sa culture a été importée en Europe à la fin du XVIIIe siècle. Son odeur douce, très parfumée, a des facettes citronnées. En tisane, ses feuilles au goût fruité favorisent la digestion. Son hydrolat est en outre recommandé contre les inflammations de la peau et des muqueuses. En diffusion, son huile essentielle favorise l’apaisement et en massage, elle calme stress et inflammations. Au potager, elle est aussi une barrière biologique contre de nombreux insectes.
Mauve sylvestre (Malva sylvestris L.)
Bisannuelle commune et peu exigeante, la mauve fleurit de juin à octobre. Son odeur est légère, son goût sucré et boisé. Elle est recommandée depuis près de 3 000 ans pour ses effets laxatifs, adoucissants, anti-inflammatoires et expectorants. Le suc des feuilles calme les piqûres d’insectes. Ses fleurs s’utilisent en tisane contre les affections respiratoires et en décoction contre les affections buccales, les fatigues oculaires et les peaux irritées. La mauve entre dans la composition de « Melisev », la crème de soin réparatrice conçue à Mazet.
Comment y aller
En voiture : Depuis Nîmes, prendre la D999 jusqu’à Saint-Hippolyte-du-Fort, puis la D39 direction Lasalle sur 5 km. Au panneau, emprunter la route qui monte à droite.
Renseignements : Ouvert du 15 avril au 31 octobre, tous les jours sauf le mardi, de 10 à 18 heures.
Tarif : 7 euros, gratuit jusqu’à 16 ans, groupe (+6 personnes) : 5 euros.
Hébergement :Gîtes et chambres d’hôte sur le domaine à Monoblet. De 85 à 105 euros la nuit (formule chambre d’hôtes). www.mariedemazet.com.