Accorder sa confiance aux médicinales

voilà quatre ans que je travaille mon Jardin d'Ô en Haute-Provence pour y faire pousser des plantes aromatiques et médicinales. Aux débuts de l'exploitation, j'ai été confrontée à une friche dont le sol était très dur et peu riche. Je pars du principe que chaque terrain a son identité à laquelle mes plantes vont s'adapter. Je ne cherche pas à forcer mes cultures : petit à petit, le terrain s'améliore – je constate le retour des vers de terre. Je n'arrose pas tous les jours alors que j'ai la chance d'avoir une source. Ma mélisse par exemple ne sera pas très haute en tige, mais pour mes tisanes c'est la présence des principes actifs qui est importante. Et le parfum qu'elles dégagent me confirme qu'elles en sont riches.

La formation que j'ai suivie pendant un an à Nyons, où j'ai obtenu le diplôme spécialisé dans les plantes aromatiques (BPREA), n'empêche pas un certain empirisme. Développer ce « feeling », c'est aussi être plus attentive au cycle naturel du végétal. J'ai semé sur mon terrain des plantes que l'on ne recommande pas forcément ici. Aux côtés du romarin, du thym,de la mauve pousse aussi de la citronnelle. Comme elle a du mal avec les basses températures, je m'en occupe comme d'une annuelle. J'ai aussi fait de la place pour la culture de fraises qui est assez complémentaire pour mon activité. L'idée principale reste que tout est fait à la main pour optimiser la qualité: plantation, récolte, séchage, pesage, ensachage. Et en utilisant uniquement ce dont je dispose et qui inclue des cueillettes. L'année dernière, un chevreuil a jeté son dévolu sur l'hibiscus, m'empêchant d'intégrer le bissap dans mes tisanes. Je ne me suis pas fournie ailleurs pour autant. Globalement je préfère avancer en m'appuyant sur une logique « économique » : on a conçu un séchoir très simple qui fonctionne à l'énergie solaire. Je vends dans les magasins de producteurs ou en direct via mon site. Faisons simple en privilégiant un bon rapport qualité/prix et surtout faisons confiance aux plantes, accordons-leur de l'attention. Je suis persuadée que c'est aussi dans le cadre de cet échange respectueux qu'elles nous donneront ce qu'on leur demande, c'est-à-dire in fine de bénéficier de leurs propriétés.