Simplement 40 ans d’engagement

« Préserver, résister et transmettre », Simples, le Syndicat inter-massifs pour la production et l’économie des simples, s’y emploie depuis maintenant quarante ans. C’est aussi la thématique de la 12e édition de la fête des Simples, une fête plurielle cette année, puisque 20 membres du syndicat ouvrent les portes de leur exploitation dans toute la France. Au programme de ces 24 et 25 septembre, des ateliers de phyto-aromathérapie, des conférences, sur des sujets comme la conservation du savoir des herboristes, les plantes de sorcières ou les médicinales en temps de pandémie, et des échanges sur le défi climatique et les enjeux pour flore. « La recherche de solutions ainsi que la sensibilisation du grand public à toutes ces questions sont au cœur de l’ADN des Simples, explique Cathy Daoux, secrétaire générale du syndicat. Ainsi, les 180 producteurs et productrices affiliés au syndicat font partie des premiers témoins et victimes du changement climatique. La sécheresse de cette année les a d’ailleurs beaucoup impactés. » Participer à une des manifestations de la fête des Simples (renseignez-vous sur ce qui a lieu dans votre région sur le site du syndicat) sera aussi l’occasion de découvrir en avant-première le film documentaire dans lequel on suit un producteur et cueilleur de plantes médicinales Simples (mention délivrée par le syndicat) dans son quotidien sur fond de lutte pour défendre les PPAM (plantes à parfum aromatiques et médicinales) et le métier d’herboriste. 

Les simples, défenseur de la flore et de ses artisans

Sauvegarder et faire « vivre » les savoirs et les usages des plantes est au cœur des préoccupations du syndicat Simples depuis sa création en 1982. Initialement composé d’un petit groupe de productrices et de producteurs installés dans des secteurs montagneux désertés (Cévennes, Vosges, Ariège, etc.) et formés par Pierre Lieutaghi, le syndicat se donne pour mission de redonner vie à des pratiques telles que la cueillette et la culture des plantes aromatiques et médicinales. « À cette époque, le monde scientifique est tourné vers la notion de progrès et se détourne complètement des savoirs anciens. La connaissance des plantes et de leur usage est méprisée, taxé de remède de bonne femme, tandis que les derniers herboristes formés dans les années trente prennent leur retraite. À l’exception de Simples, plus personne ne défendait cet héritage », témoigne Thierry Thévenin, porte-parole du syndicat Simples.

Au fil des années, face « aux “agressions” des pouvoirs publics contre les métiers liés aux plantes et contre la flore elle-même ainsi qu’au développement exponentiel de l’agrochimie et les pollutions », comme le rappelle Thierry Thévenin, le syndicat prend une véritable dimension militante. Attachés à la défense de l’environnement, mais aussi au principe de l’autonomie, ses membres seront ainsi parmi les premiers à dénoncer la pollution radioactive au moment de la catastrophe de Tchernobyl, ou encore à monter au créneau lorsque l’État acte le déremboursement des plantes en 1990 (Loi Evin). Jusqu’au combat de fond de ces dernières années : depuis 2018, le syndicat, avec le soutien du sénateur Joël Labbé, lutte afin d’obtenir un vrai statut pour les paysans herboristes. 

Une fête riche de symboles 

C’est d’ailleurs en 2006, après un énième bras de fer opposant quinze productrices et producteurs Simples (de la coopérative Biotope des Montagnes) et l’État, que la première fête des Simples voit le jour. « Ils avaient tous été coïnculpés et condamnés en première instance pour avoir vendu des sachets de tisane de prêle des champs dans une boutique bio du Calvados, sous prétexte qu’ils ne respectaient pas les lois concernant la novel food. Après trois ans de procédure et une lettre délivrée par une haute instance européenne mettant le doigt sur l’absurdité du jugement, les Simples ont été relaxés en appel en 2005. Alors, pour fêter cette victoire, réaffirmer nos droits, mais aussi alerter la société civile sur les enjeux de nos combats, nous avons créé l’événement bisannuel de la fête des Simples », raconte Thierry Thévenin. Ce 40e anniversaire poursuit la tradition, avec la possibilité, cette année, d’aller à la rencontre de nombreux producteurs et productrices sur 20 sites différents en France. Autant d’occasions de multiplier les rencontres et les échanges, toujours enrichissants.