Herboristes
Boèmia : aromathérapie occitane
Julien Martre a créé en 2016 Boèmia, qui produit en bio des huiles essentielles, hydrolats et macérats à partir de plantes aromatiques et médicinales locales. De la cueillette manuelle à la distillation en alambic, il cherche à transmettre de manière éthique la dimension vivante du végétal.
"À 30 ans, j'ai eu une prise de conscience écologique. Je ne pouvais plus travailler dans la viticulture, avec tous les traitements chimiques infligés à la vigne. Décidé à basculer en agriculture biologique, j'ai regardé ce qui poussait autour de moi dans la garrigue… et j'ai découvert des merveilles médicinales, la lavande aspic, le romarin à camphre, le cyprès et le millepertuis, que je côtoyais sans y prendre garde depuis l'enfance. J'ai été initié à l'art de les cueillir et de les distiller avec délicatesse par mon maître de stage, durant ma formation en herboristerie. Je parcourais des kilomètres pour trouver les bons sites de cueillette et ne pas prélever trop au même endroit, dormant sous la tente, une vraie vie de bohème… Boèmia en occitan, un nom tout trouvé pour ma nouvelle activité.
Lorsque j'ai distillé pour la première fois 300 kilos de lavande aspic avec, à la sortie, à peine 1 litre d'huile essentielle, j'ai compris que ces essences étaient un don précieux des plantes, que l'on devait d'autant plus les respecter et préserver cette part de vivant. Depuis, cette éthique guide chaque étape de fabrication ainsi que le choix des producteurs étrangers auxquels nous achetons certaines huiles essentielles
Avec les deux associés qui ont rejoint Boèmia, Pierre-Jean, naturopathe, et Camille, pharmacienne, nous défendons une aromathérapie authentique et artisanale. Nous cueillons à la main seulement 16 variétés de plantes en milieu sauvage, dont le genévrier, le buplèvre ou les aiguilles du pin d'Alep (lire l'encadré ci-dessous).
À essayer // Sport, règles douloureuses : l'huile essentielle de pin d'Alep à découvrir
Boèmia a commencé à distiller les aiguilles du pin d’Alep pour valoriser cette espèce sauvage méconnue en aromathérapie. Or son huile essentielle révèle un taux très élevé de bêta- caryophyllène (21%), une molécule aux propriétés anti-inflammatoires,
antalgiques et antioxydantes. Réputé antiseptique respiratoire, le pin d’Alep pourrait aussi, selon certaines études, soulager des douleurs liées à un effort physique intense ou au cycle menstruel.
Pour ne pas épuiser les ressources naturelles, une quinzaine d'autres plantes sont cultivées en bio (immortelle, rose, sarriette, lentisque pistachier…) en observant si possible des principes biodynamiques et les phases lunaires. Je les distille avec l'alambic en cuivre, plutôt qu'en inox, pour respecter l'essence et les propriétés de la plante et lui donner ce parfum intense et chaleureux.
J'aime penser que les plantes continuent à vivre ensuite à l'intérieur du flacon, pour donner toute leur puissance. "