Dossier
Les nouvelles frontières de la phytothérapie (2/3)
Ancrée dans les traditions, la santé par les plantes n’est pas pour autant figée dans le temps. Grâce à des chercheurs passionnés et des thérapeutes audacieux, la phytothérapie nous dévoile chaque jour un peu plus l’étendue de son potentiel. De la gemmothérapie à l’aroma énergétique, la relecture des arts anciens de guérir, à la lumière de nos nouvelles connaissances sur le vivant, nourrit une science en perpétuel mouvement. Et pleine de promesses.
L’endobiogénie, médecine prédictive
Cette médecine de terrain innovante a été développée il y a plus de quarante ans par les Drs Christian Duraffourd et Jean-Claude Lapraz. Leur conception de l’endobiogénie est exposée dans leur «Traité de phytothérapie clinique». Le principe : chaque individu possède un terrain spécifique, un équilibre physiologique propre, garant de son état de santé. Cette approche du terrain s’attache particulièrement au système endocrinien, capable de coordonner tous les autres systèmes de l’organisme. Soumis aux agressions de la vie quotidienne, ces systèmes ne parviennent pas toujours à fournir la réponse physiologique adaptée (immunitaire, inflammatoire, congestive, métabolique...). Ce qui entraîne un déséquilibre précritique (pas de symptômes), puis critique : la maladie, conséquence du déséquilibre initial.
En pratique, durant une consultation, le médecin endobiogéniste s’attache à reconstituer toute l’histoire du patient avant de passer à l’auscultation : « Les médecins ont perdu l’habitude d’observer et palper leur patient, constate le Dr Lapraz. Pourtant, la couleur, la texture de la peau et de nombreux signes donnent beaucoup d’informations utiles sur son histoire».
Enfin, une analyse de sang...
particulière renseigne sur le fonctionnement hormonal. Cela permet au praticien de repérer des dysfonctionnements et de les prendre en charge grâce à un traitement à base de plantes. Selon ces médecins, la phytothérapie, qui inclue aussi l’aromathérapie, est très bien adaptée. D’une part, les plantes bien dosées ont cette capacité à ne « pas nuire », pour reprendre l’adage cher à Hippocrate « Primum non nocere ». D’autre part, leur composition complexe, exprimée par le totum (« tout » en latin), est capable de modifier le milieu biologique dans son ensemble. Et si elles n’attaquent pas directement un germe, elles vont réguler l’organisme de façon à ce que le germe ou la maladie ne puisse plus s’y développer. En cela, l’endobiogénie implique toujours une approche personnalisée.
Miser tout sur le totum
Le totum représente l’ensemble des principes actifs de la plante. Beaucoup de phytothérapeutes le privilégient plutôt qu’une seule molécule, afin de potentialiser ses effets thérapeutiques. L’endobiogénie tire parti de la complexité du végétal. Trois niveaux d’actions sont identifiés : les symptômes, le drainage des émonctoires et la régulation neuro-endocrinienne. La fumeterre agit par exemple contre les spasmes digestifs ou l’inflammation (symptômes), a une action diurétique et hypolipémiante (drainage) et régule la production de sérotonine et le système parasympathique (action endocrinienne).
Une réputation mondiale
Pendant sept ans, de 1989 à 1996, les Drs Lapraz et Duraffourd sont intervenus dans le service d’oncologie de l’hôpital Boucicaut (AP-HP) où ils ont accompagné les patients cancéreux pour les aider à mieux supporter leur chimiothérapie. Mais les centaines de cas cliniques répertoriés ne vont pas suffire à faire entrer l’endobiogénie à l’hôpital. La démarche des deux médecins trouve plus d’écho à l’étranger (Angleterre, Belgique, Italie, Grèce, Tunisie, États-Unis...). Néanmoins, en France, une nouvelle génération commence à leur emboîter le pas, à l’image du Dr Charrié. Avec la Société internationale de médecine endobiogénique et de physiologie intégrative, ces spécialistes interviennent dans le monde entier. Récemment, une formation développée à la demande du gouvernement mexicain a nécessité de trouver un équivalent local, le linaloe, à la lavande, dont l’huile essentielle, harmonisante sur le plan neurovégétatif, est une référence pour cette médecine. En plus, trois études viennent d’être publiées dans une revue scientifique de référence. L’une portant notamment sur les marqueurs biologiques relatifs au cancer, selon l’endobiogénie.