Dossier
Les nouvelles frontières de la phytothérapie (1/3)
Ancrée dans les traditions, la santé par les plantes n’est pas pour autant figée dans le temps. Grâce à des chercheurs passionnés et des thérapeutes audacieux, la phytothérapie nous dévoile chaque jour un peu plus l’étendue de son potentiel. De la gemmothérapie à l’aroma énergétique, la relecture des arts anciens de guérir, à la lumière de nos nouvelles connaissances sur le vivant, nourrit une science en perpétuel mouvement. Et pleine de promesses.
La gemmothérapie : un génie subtil
La gemmothérapie consiste en l’utilisation de bourgeons frais, jeunes pousses et radicelles (les tissus embryonnaires de végétaux en croissance) exposés à trois solvants (eau, alcool et glycérine). Cette médecine des bourgeons est née des travaux de Pol Henry, un médecin homéopathe belge qui, dans les années 1950, reprend les premières expérimentations alchimiques effectuées au Moyen Âge. Avec l’aide de Max Tétau, il analyse par des tests de floculation les protéines du sérum sanguin des personnes utilisant tel ou tel extrait de bourgeons, pour une compréhension systématique de leurs vertus respectives. Draineur, désinfectant intestinal polyvalent, anti-âge... À l’époque, celui qui obtient ses faveurs est le bourgeon d’airelle.
Quelque soixante ans plus tard, la gemmothérapie s’est vulgarisée grâce au travail d’auteurs comme le Dr Franck Ledoux ou le Dr Daniel Scimeca. Toutefois, malgré l’utilisation courante de plus d’une cinquantaine de...
bourgeons et des résultats cliniques éprouvés, cette nouvelle branche de la phytothérapie peine à se légitimer scientifiquement, et les publications internationales font encore défaut. «Les bourgeons contiennent des principes actifs, (acides nucléiques, vitamines, oligo-éléments, minéraux, polyphénols, ndlr) mais en faible quantité, explique le spécialiste Philippe Andrianne. Il est donc difficile d’expliquer pourquoi, en mettant juste une dizaine de gouttes de macérat glycériné de bourgeon sous la langue, sans les avaler, on a déjà des résultats si probants et si rapides. L’efficacité ne procède donc pas forcément d’une action directe des principes actifs, on est là dans une logique énergétique, vibratoire et quantique, à l’instar de l’homéopathie. L’énergie de l’arbre, l’information contenue dans le bourgeon, va aider l’organisme à utiliser à bon escient les principes actifs, la langue et l’eau jouant ici le rôle d’interface. Cette dimension énergétique peut se mesurer avec des appareils de biorésonnance, comme le Physiospect ou la Morathérapie.» Les remèdes de gemmothérapie sont prescrits selon deux approches complémentaires: une logique clinique basée sur les propriétés des bourgeons, et une autre, la phytosociologie, qui prend en compte les logiques d’association des végétaux dans la nature elle-même.
Un concentré d’informations
Pour une utilisation efficiente, les bourgeons sont cueillis à maturité mais juste avant éclosion, alors qu’ils sont encore gonflés de sève. À la différence de la phytothérapie traditionnelle où les plantes arrivées à maturité ont perdu leur capacité de régénération, les bourgeons sont en grande partie composés de méristème. Celui-ci est un tissu constitué de cellules indifférenciées, qui assure la croissance de la plante et contient toute l’information génétique de l’arbre (feuilles, fleurs, fruits, tronc...), à l’instar des cellules-souches du corps humain. Les remèdes renfermeraient ainsi toutes les propriétés de la plante. Le bourgeon de tilleul associe par exemple les vertus sédatives de ses fleurs aux vertus dépuratives de son aubier.