Dossier
Renforcer son immunité au cœur de la saison froide (2/4)
Entretenir son immunité au naturel
Un organisme en bonne santé est naturellement adapté pour affronter les infections, grâce à un système de défenses immunitaires très sophistiqué. En hiver toutefois, nous sommes souvent plus fatigués car en manque de lumière tandis que les virus, eux, prolifèrent, ce qui nous fragilise. Dans ces conditions, il convient d'adopter une hygiène de vie et d'opter pour des plantes capables de soutenir notre immunité naturelle. Cela est d'autant plus vrai si l'on est exposé à un facteur favorisant un déficit immunitaire. Les fumeurs, les sédentaires, les personnes âgées, celles soumises à des chocs émotionnels, à un stress chronique, à de l'insomnie ou souffrant d'une pathologie devront redoubler de vigilance.
Marine Dodet, biologiste et naturopathe, rappelle qu'une bonne partie de notre immunité se construit dans l'intestin. « Les cellules immunitaires y acquièrent leur immunocompétence, c'est-à-dire leur capacité à distinguer ce qu'elles doivent tolérer (les aliments et les microbes utiles du microbiote par exemple) de ce qu'elles doivent attaquer (les germes nocifs, les cellules infectées…). La santé du microbiote se construit principalement dans l'assiette. »
À ce titre, de nombreuses études recommandent un régime de type méditerranéen, riche en fruits, légumes, céréales complètes et légumineuses, pour leur apport en fibres prébiotiques, qui nourrissent les bonnes bactéries. On pourra y adjoindre des légumes lactofermentés, des olives en saumure, du kéfir ou des soupes miso, riches en probiotiques. Les baies et fruits rouges, les pommes bio avec la peau, les agrumes, le thé vert, le chocolat noir à 80 %, les amandes apportent des vitamines, minéraux et polyphénols antioxydants qui soutiennent l'immunité et équilibrent le microbiote.
Fumeurs, redoublez de vigilance !
Le tabac est un immunodépresseur reconnu : il favorise l'oxydation et « encrasse » les voies respiratoires en détruisant la muqueuse ciliée chargée d'évacuer les toxiques, poussières et virus. D'où la toux chronique du fumeur, qui prend le relais de ce mécanisme immunitaire, au prix d'inflammations locales délétères.
En période hivernale, supplémentez-vous en aliments antioxydants (amandes, chocolat noir, thé vert, fruits rouges…), en vitamine C naturelle présente dans des baies comme le cynorrhodon ou l'acérola, et évitez de fumer dès les premiers signes d'une infection afin de limiter la production de radicaux libres.
« Il convient aussi de mettre l'accent sur les protéines d'origine végétale et animale, car elles constituent les briques à partir desquelles les anticorps et les cytokines, cellules messagères de l'immunité, se construisent », poursuit notre experte. Contre les virus on mise sur le zinc, apporté notamment par les crustacés et les poissons. Cet élément limite la réplication des virus et permet un bon fonctionnement des lymphocytes T, à l'origine des anticorps. Parmi les vitamines de l'immunité, mention spéciale pour la C, antioxydante, et la D3, immunomodulatrice.
Les fumeurs, notamment, sont plus à risque de carence en vitamine C (lire l'encadré). Les meilleures sources restent alimentaires : il faut privilégier les fruits et légumes crus (poivron, kiwi, agrumes, fruits rouges…), car cette vitamine est détruite à la chaleur. Quant à la vitamine D3, Marine Dodet précise : « Outre son rôle sur la santé osseuse et hormonale, elle module l'inflammation, stimule les macrophages, participe à l'intégrité de la muqueuse intestinale. Je conseille une supplémentation systématique d'octobre à mai, en gouttes quotidiennes, à la dose d'au moins 1 000 à 2 000 UI par jour. C'est particulièrement vrai pour les personnes âgées, dont les défenses sont souvent plus fragiles. Un dosage sanguin préalable permettra d'ajuster les doses au besoin ».
Marchez en forêt pour votre immunité !
Les Japonais appellent cela un « bain de forêt » ou shinrin-yoku. Une marche en forêt a des effets prouvés sur notre système immunitaire. Les études menées sur ce sujet ont permis de constater qu'une seule journée augmente le nombre de cellules NK, les cellules « tueuses » de notre système immunitaire, et que cet effet perdure une semaine.
Les terpènes que les arbres libèrent, notamment pour se protéger des attaques parasites, sont à l'origine de cette action dopante. De plus, l'activité physique régulière et modérée agit sur la qualité de notre microbiote intestinal. En augmentant la vitesse de circulation sanguine, elle permet aux cellules immunitaires de se déplacer plus vite dans l'organisme, améliorant ainsi nos défenses en cas d'infection.
Echinacée, sureau, cynorrhodon et gingembre en tisane ou macérats
Côté plantes, on pourra opter pour une cure préventive et immunomodulatrice sous forme de tisane. « Je préconise tout particulièrement l'échinacée, le sureau, le cynorrhodon et le gingembre », note Christine Cieur, docteure en pharmacie et formatrice en phyto-aromathérapie (lire l'encadré ci-dessous). L'échinacée accroît la mobilisation des globules blancs et leur pouvoir phagocytaire, c'est-à-dire leur capacité à ingérer et à détruire les micro-organismes pathogènes.
Antivirale, elle détruit plusieurs virus, dont ceux de la grippe. Bactéricide, elle agit notamment sur Streptococcus pyogenes, Haemophilus influenzae ou Legionella pneumophila, responsables d'angines ou d'infections respiratoires. Elle module l'immunité dans le bon sens, car elle peut inhiber la synthèse de cytokines proinflammatoires induite par certains virus respiratoires. « Souvent bénéfique, cette réponse inflammatoire peut devenir délétère si elle est exagérée, comme c'est le cas dans l'infection SARS-CoV-2 avec orage cytokinique », précise le Dr Laure Martinat, médecin anesthésiste-réanimateur, naturopathe et phyto-aromathérapeute.
Le sureau est aussi un excellent antiviral en curatif et en préventif. Il se distingue par ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Le gingembre est anti-inflammatoire et immunomodulateur. Quant au cynorrhodon, il regorge de vitamine C. À noter que sous la forme de macérat de bourgeons, c'est aussi un excellent complément en cas d'immunité fragilisée.
Une tisane immunostimulante à l'échinacée et au sureau
La tisane permet d'extraire les propriétés antivirales et antioxydantes des plantes choisies. En ce qui concerne l'échinacée, son rôle préventif consiste à augmenter la capacité des globules blancs à phagocyter les microbes.
Ingrédients :
- 25 g d'échinacée (racine)
- 25 g de sureau (fleur)
- 20 g de sureau (fruit)
- 25 g de cynorrhodon (baies)
- 5 g de gingembre (racine)
- 10 g de zeste de citron.
Méthode et utilisation : Mélanger toutes ces plantes. Laisser infuser 1 c. à café du mélange dans 150 ml d'eau bouillante. Boire 1 tasse par jour, 4 jours par semaine ou 10 jours par mois en préventif. En curatif, boire 3 tasses par jour tant que durent les symptômes.
Précautions d'emploi : L'échinacée est déconseillée en cas de maladie auto‑immune.
Huiles essentielles de ravintsara et pin sylvestre sur les poignets
Par ailleurs, si la menace infectieuse se fait plus pressante dans votre environnement, ou pour alterner, Christine Cieur conseille d'appliquer quatre jours par semaine une goutte d'huile essentielle de ravintsara et une goutte de pin sylvestre diluées dans un peu d'huile végétale sur les poignets, la plante des pieds ou les glandes surrénales (situées au-dessus des reins).
Enfin, certaines bonnes habitudes sont moins anodines qu'elles ne paraissent. Ainsi, aérer son habitation est un geste indispensable pour éloigner les microbes. Pour compléter, Christine Cieur recommande de diffuser, durant une trentaine de minutes chaque jour, un mélange d'essence de citron et d'huile essentielle de pin sylvestre. Cette synergie va purifier l'atmosphère tout en relançant le tonus vital.
Homéopathie, soutenez votre thymus
Le thymus, glande située entre les deux poumons, est un des organes importants de notre système immunitaire. Pour le soutenir en période hivernale, Christine Cieur conseille de prendre Thymuline 9 CH. Ce médicament homéopathique correspond à l'hormone produite par le thymus, qui active l'immunocompétence des lymphocytes T.
À faire :
• Prendre 1 dose par semaine de Thymuline 9 CH pendant 1 mois, puis 1 dose par mois.
• Stimuler le thymus, comme le préconise la médecine traditionnelle chinoise, en tapotant quelques minutes, le matin par exemple, le haut du thorax entre les deux clavicules.