Le lycope contre l’hyperthyroïdie
Si vous avez un point d’eau dans votre jardin, peut-être une mare avec quelques grenouilles, il vous manque probablement des médicinales pour en agrémenter les abords. Laissezmoi vous parler d’une petite lamiacée qui adore ces zones humides et qui va facilement les coloniser : le lycope, aussi appelé chanvre d’eau. Une plante peu connue chez nous, mais fort utile pour traiter un problème de santé bien spécifique : l’hyperthyroïdie.
Vous avez dit médicinal ?
Les médecins américains de la fin du XIXe siècle utilisaient le lycope comme plante sédative pour traiter les patients dont le coeur s’emballait à la suite d’un coup de stress ou d’une crise de panique. Le professeur Scudder la rangeait avec les grands régulateurs du coeur, lui prêtant une action similaire à la digitale, mais sans les effets dangereux.
Le lycope étant très amer, il a été utilisé comme tonique digestif. On a conseillé de le prendre avant les repas afin d’augmenter l’appétit et l’efficacité digestive : meilleures sécrétions gastriques et pancréatiques et contraction des muscles lisses plus efficace. On la trouve aussi classée comme calmante des diarrhées. La plante est astringente et resserre donc la muqueuse irritée et enflammée d’une manière directe.
L’utilisation la plus intéressante aujourd’hui, me semble-t-il, est le traitement de l’hyperthyroïdie, y compris quand la maladie est de nature auto-immune, un problème que l’on voit de plus en plus souvent. Lorsque l’on souffre d’hyperthyroïdie autoimmune, on parle de maladie de Basedow. Le métabolisme de la personne est trop élevé et ceci entraîne de nombreux symptômes – transit trop rapide, perte de poids, sensation d’avoir constamment chaud. L’esprit est lui aussi agité et à la limite de la crise de panique. La plante calme efficacement ces symptômes en réduisant tout simplement l’activité de la thyroïde qui est en hyperfonction.
Au jardin
Il vous faudra démarrer le lycope de graines, car, à ma connaissance, il est compliqué à trouver en pépinière. La graine est de petite taille et il faudra la semer en surface dans un bac de plantation contenant un terreau fin, riche et bien foncé. Évitez tout terreau contenant de trop gros morceaux. Arrosez bien une première fois puis tassez à l’aide d’une brique. Semez en surface et tassez à nouveau. Ne recouvrez pas de terreau. Gardez ensuite bien humide et en lumière indirecte. Évitez les endroits trop ombragés, mais aussi le soleil direct qui risque de griller la surface de votre terreau.
Lieu humide
Travaillez vos plantules en godets jusqu’à ce qu’elles soient assez fortes, sinon elles risquent de se faire décimer par les escargots et les limaces. Placez-les ensuite au bord de votre étang ou dans tout autre endroit fournissant un environnement humide. La plante apprécie un sol qui draine peu et retient l’eau. En Provence, elle apprécie le soleil du matin et l’ombre l’aprèsmidi, mais selon votre latitude vous pouvez la laisser en plein soleil. Si vous n’avez pas d’étang, arrosez-la souvent. Je paille aussi abondamment la zone avec une alternance de tonte de gazon (azoté) et de broyat végétal (carboné). Vous pouvez aussi en garder quelques pots dans un bac dans lequel vous gardez toujours 5 cm d’eau.
Comme une menthe
La plante se propage par stolon comme une menthe, ainsi, si elle se plaît dans votre jardin, le petit lycope que vous aviez planté dans un coin va coloniser toute une zone. Si vous voulez éviter cela, gardez-le dans un pot dont vous aurez enlevé le fond et que vous placerez en pleine terre. Côté maladie, je n’ai jamais eu de problèmes. La seule obligation : veillez à ce qu’elle ait les pieds dans l’eau.
À l’atelier
Teinture calmante pour la thyroïde
L’infusion des feuilles étant franchement plutôt pénible à boire à cause de son amertume, nous allons transformer la plante en teinture. Mais la feuille est plutôt volumineuse, et il est compliqué de bien la recouvrir d’alcool. Voici donc comment y parvenir pour ensuite l’associer à d’autres teintures calmantes de la thyroïde.
Ingrédients
Une cafetière à piston de type « Bodum » de 1 litre • 150 g de feuilles de lycope sèches • 750 ml d’alcool à 45° type vodka.
1. Placez les feuilles de lycope sèches et effritées en morceaux au fond de la cafetière.
2. Versez par-dessus 750 ml d’alcool à 45° (rhum, vodka, ou alcool de fruit). En principe, la combinaison de ces quantités de plante et d’alcool devrait remplir le récipient.
3. Faites descendre le piston juste assez pour que la plante soit recouverte d’alcool. Il faudra vous assurer que le piston reste dans cette position et ne soit pas repoussé vers le haut lorsque la plante se gonfle d’alcool. Pour cela, vous pouvez utiliser une bande élastique.
4. Laissez le mélange macérer de cette façon pendant deux semaines dans un endroit frais et à l’abri de la lumière, en remuant délicatement tous les jours. Le plus simple sera de faire des mouvements circulaires en veillant à ne pas renverser la teinture.
Posologie
Dans les cas d’hyperthyroïdie, commencez par 100 gouttes dans un peu d’eau 2 à 3 fois par jour et ajustez en fonction des résultats obtenus. Vous pouvez monter à 4 prises par jour si nécessaire, toujours avec l’accompagnement d’un suivi médical. Pensez à bien remuer avant l’emploi.
Ramasser et sécher
Toute la partie aérienne de la plante est médicinale. Les tiges vous rappelleront un peu celles de la menthe. Coupez ces tiges à ras du sol à un moment où elles sont de bonne taille et idéalement juste en début de floraison. Ne vous inquiétez pas, elle repartira grâce à ses multiples stolons. Faites-en ensuite des bouquets que vous suspendrez la tête en bas dans un endroit sombre et bien aéré. Une fois sèches, récupérez les feuilles et sommités fleuries et compostez les grosses tiges carrées.
Pour compléter
Pour un spectre d’action plus large, je vous propose une formulation avec d’autres plantes :
Une teinture d’agripaume (Leonurus cardiaca) constituée à partir des parties aériennes (effet calmant sur le coeur).
Une teinture de mélisse (Melissa officinalis) constituée à partir des parties aériennes fraîches (la fraîcheur est importante) pour son action contre l’anxiété.
Préparation
Dans un flacon compte-goutte de 100 ml, mélangez : • 50 ml de teinture de lycope • 30 ml de teinture d’agripaume • 20 ml de teinture de mélisse
Almanach de juillet-août
Pendant ces deux mois d’été, la cueillette bat son plein et le jardinier a rarement le temps de se reposer au-delà d’une petite sieste réparatrice lorsqu’il fait trop chaud.
Ramassez les graines aromatiques des apiacées suivantes : aneth, anis vert, carvi, coriandre, cumin, fenouil. Ces graines permettent de préparer d’excellentes tisanes carminatives (anti-ballonnement). Même les graines de carottes sauvages sont utilisables. Quant aux graines de céleri, elles permettent, toujours en infusion, d’éliminer les excès d’acide urique.
Ramassez toutes vos mucilagineuses au plus chaud de la saison : racines, feuilles ou fleurs de guimauve, fleurs de mauve, fleurs de bouillon blanc, racines de consoude, feuilles de plantain, etc. Pourquoi ramasser au plus chaud ? Afin de profiter de la chaleur sèche de l’été. En effet, les mucilagineuses ont vite tendance à se gorger d’humidité à la première opportunité. Si vous les faites sécher à l’ombre dans un endroit sec, le séchage se fera plus rapidement et vous éviterez que ces parties deviennent noires (plantain) ou même qu’elles commencent à moisir.
Ramassez vos aromatiques au petit matin au plus chaud de la saison. Les aromatiques doivent souffrir de la chaleur pour donner le meilleur d’ellesmêmes, un peu comme la vigne doit souffrir pour donner du bon vin. Cueillez thym, romarin, sarriette, marjolaine, sauge et origan. Réservez le basilic pour une infusion de feuilles fraîches, il n’y a pas mieux pour calmer les crampes intestinales ou menstruelles. Il devient bien triste lorsqu’il est sec.