Le bourgeon de framboisier soutient la femme
Quoi de plus facile que d’avoir quelques pieds de framboisier (Rubus idaeus) dans le jardin, si minuscules soient-ils ! En plus des fruits gourmands qu’ils dispensent, vous aurez à portée de main des feuilles médicinales et de jeunes pousses capables de soulager bien des désagréments. Bien entretenue, une framboiseraie pourvoira à vos récoltes dix années durant tout en faisant le bonheur des insectes auxiliaires du jardin.
Au jardin
Le framboisier, anciennement appelé ronce du mont Ida, tolère tous les types de sols à condition de bien l’entretenir. Selon votre région, installez-le en plein soleil ou à moitié à l’ombre.
Semis et plantation
La plantation est la solution la plus retenue, car la plus rapide. S’échelonnant d’octobre à mars, elle reste cependant idéale à l’automne. Vous avez le choix entre variétés remontantes (deux récoltes, une en début d’été, l’autre à l’automne) et non remontantes (un seul cycle de production, en été). Plantez-les tous les 50 cm, à environ 15 cm de profondeur (cinq fois le volume de vos plants) et en espaçant les rangs d’à peu près 1,20 m. Trempez les mottes dans l’eau avant de les mettre en terre, puis recouvrez-les avec un mélange terreau-terre de jardin. Si nécessaire, rabattez les tiges à 20 cm du sol. Terminez par l’arrosage. Le framboisier devenant rapidement feuillu, le palissage de ses tiges sur des fils de fer tendus entre les rangs optimise l’accessibilité des fruits. Si vous préférez le semis, préparez-le au printemps, en godets, à une température comprise entre 13 et 18 °C, en conservant le substrat humide. La germination demande quelques semaines.
Entretien
Apportez un peu de compost à l’automne et au printemps. L’été, arrosez suffisamment, en particulier au moment de la fructification. Au besoin, paillez afin d’éviter l’évaporation de l’eau. Binez surtout entre les rangs, pas trop profondément pour ne pas endommager les racines affleurantes du framboisier. D’une manière générale, supprimez toutes les branches desséchées ou mortes, les rameaux chétifs en surnombre (gardez-en cinq à huit par pieds). Des rejets issus des drageons sont là pour prendre le relai. Si besoin, séparez-les du pied mère et replantez les plus vigoureux d’entre eux.
Taille
Indispensable pour assurer une belle récolte. Chez le non-remontant, coupez au ras du sol les rameaux qui ont fructifié en été, et raccourcissez d’un quart ceux de l’année. En cas de framboisier remontant, coupez au ras du sol les tiges qui ont donné la fructification de juin-juillet, et laissez les rameaux de l’année qui fructifieront en août-septembre. Taillez en hiver le bout des branches de ces derniers.
Récolte
Les jeunes pousses servant à la fabrication du...
macérat glycériné sont prélevées juste après l’éclosion des bourgeons, lorsqu’elles atteignent 1 à 2 cm de long. Les feuilles de framboisier se cueillent de juin à août. Séchez-les en atmosphère aérée et ombragée ou en séchoir, jusqu’à 50 °C.
Ce que dit la science
Ovaires, utérus et intestin
La culture du framboisier remonte au Moyen Âge, sans doute sous l’impulsion des monastères. L’usage médicinal de l’arbuste s’est développé plus tardivement. Ses feuilles s’emploient en interne, principalement dans un contexte féminin : elles soulagent rapidement les douleurs de règles et participent au travail de l’accouchement, en relaxant le muscle utérin tout en le tonifiant. C’est d’ailleurs une plante bien connue des sages-femmes, même si les rares études menées dans cette direction n’ont pas été convaincantes. L’autre domaine d’action du framboisier est digestif, notamment pour améliorer la sécrétion biliaire, contrer les troubles gastriques et arrêter les diarrhées. On a alors recours à la simple infusion de ses feuilles.
Les travaux du Dr Pol Henry (1918-1988) sur des bourgeons – ou de jeunes pousses – mis à macérer dans un mélange eau-alcool-glycérine, ont permis de compléter la liste des usages du framboisier. Son action régulatrice sur la fonction ovarienne féminine a été retrouvée. La plante soutient l’ovaire et l’utérus de la puberté à la ménopause, grâce à un effet œstrogénique. En parallèle, elle exerce une protection hépatique utile, car le foie est impliqué dans la synthèse des hormones par l’intermédiaire de leur précurseur, le cholestérol.
À l’atelier
Un macérat glycériné de jeunes pousses
La fabrication d’un macérat maison, réalisé avec des ingrédients de qualité, sera efficace sur de nombreux problèmes typiquement féminins. En effet, la nature et la composition complexe des jeunes pousses de framboisier (acides nucléiques, hormones végétales, vitamines, minéraux, enzymes, etc.) assurent une activité globale au sein de l’organisme.
Ingrédients et ustensiles :
- jeunes pousses fraîchement cueillies, de préférence sur des framboisiers non remontants
- eau de source ou, à défaut, eau peu minéralisée
- eau de vie de framboise bio titrée au degré alcoolique le plus élevé possible
- glycérine végétale • récipient en verre assez grand et haut
- agitateur en verre
- linge fin
- entonnoir de verre
- filtre en papier
- flacon compte-goutte en verre opaque de 50 à 60 ml.
- Prélevez délicatement l’équivalent d’une poignée de jeunes pousses sur différents pieds de framboisier.
- Dans le bocal en verre, disposez les parties médicinales et recouvrez d’eau jusqu’à l’affleurement des jeunes pousses. Remuer doucement à l’aide de l’agitateur.
- Ajoutez, sur une hauteur d’environ quatre fois celle occupée par les jeunes pousses, le mélange constitué d’alcool et de glycérine à parts égales. Mélangez bien le tout. Couvrez et laissez macérer trois semaines, en agitant régulièrement.
- Pressez le mélange à travers un linge fin et propre puis versez le macérat mère dans l’entonnoir muni du filtre en papier jusque dans des flacons opaques préalablement stérilisés à l’eau bouillante. Ne les remplissez pas complètement de manière à pouvoir dynamiser le liquide par agitation verticale plusieurs dizaines de fois. Étiquetez les flacons.
Indications : sous forme de macérat, le framboisier améliore le syndrome prémenstruel, réduit les douleurs des règles et les irrégularités menstruelles (absence de règles, cycles trop courts, etc.). Il joue également sur les bouffées de chaleur et autres désagréments de la ménopause.
Posologie : 5 à 10 gouttes du macérat mère diluées dans un peu d’eau, à jeun, deux à trois fois par jour, en cure de trois semaines, renouvelable après huit jours de pause. Pour tout traitement de terrain, il est souhaitable de consulter au préalable un professionnel de santé.
Autres préparations
Feuilles séchées en infusion…
Indications : Contre les règles douloureuses et la diarrhée, ou en préparation à l’accouchement (donc pas avant le 9e mois de grossesse). L’infusion de feuilles de framboisier mélangées avec des fleurs de camomille (à parts égales) est aussi efficace contre les ballonnements des enfants. Son action antispasmodique et antalgique contre les douleurs menstruelles est renforcée.
Comptez 1 à 2 c. à café pour 150 ml d’eau bouillante ; laissez infuser dix minutes et buvez 1 à 3 tasses par jour.
… ou en décoction
Indications : Contre les aphtes, les maux de gorge, les gingivites et autres inflammations buccales.
Comptez 2 c. à s. de feuilles pour 150 ml d’eau froide ; portez à ébullition puis réduisez à un frémissement cinq minutes. Laissez tiédir à couvert puis utilisez la solution en gargarisme ou en bain de bouche au moins trois fois par jour.