Adoptons les fleurs de bourrache
Principalement connue pour l'huile issue de ses graines, la bourrache (Borago officinalis) est une plante annuelle vivace très utile au jardin. Décorative, elle intrigue l'observateur par le contraste entre la rusticité de ses feuilles couvertes de poils raides et la magnificence délicate de ses fleurs d'un bleu céleste, en forme d'étoile. L'emploi médicinal de ces dernières est à privilégier, car les feuilles sont à manier avec précaution.
Au jardin
Très mellifère, la bourrache attire les pollinisateurs tandis que son feuillage, riche en azote et potassium, est réputé comme engrais vert. Il vous suffit de l'incorporer dans le compost ou de l'enfouir directement dans le sol pour en bénéficier. Enfin, elle protège les plantes sensibles en éloignant limaces et escargots.
Semis
Le semis de bourrache est d'une simplicité enfantine. En climat chaud, semez en pleine terre de mars à juillet, sur un sol ameubli et en échelonnant les dates de semis afin de profiter d'une longue floraison. Le semis s'effectue en ligne ou à la volée, en enfouissant légèrement deux ou trois graines par trou, à environ 2 cm de profondeur. Arrosez en pluie fine. Éclaircissez ensuite à environ 40 cm lorsque les pieds sont assez robustes. Sinon, semez sous abri, en godet, en février-mars puis repiquez en pleine terre lorsque les plantules sont suffisamment étoffées.
Entretien
La plante se débrouille bien toute seule, même en zone inculte, en exposition mi-ombre ou ensoleillée. Elle s'épanouit et dépasse les 80 cm de hauteur sur un sol profond, humifère et bien drainé. Si besoin, tuteurez. Au début de la croissance, procédez à des binages réguliers pour éviter les herbes concurrentes. Selon la nature de votre sol et du climat, surveillez l'arrosage et paillez les pieds pour minimiser l'évaporation. La cueillette des parties supérieures favorise de nouvelles tiges.
Multiplication
La bourrache monte rapidement en graines et se ressème d'elle-même. Les plants des semis spontanés sont souvent plus vigoureux. Si vous souhaitez récolter vos propres graines (chaque fleur en donne quatre), faites-le sur les plus beaux pieds. Vous pouvez même laisser faire la nature en disposant un tissu clair au sol pour recueillir les graines qui tomberont toutes seules !
Récolte
Cueillez les sommités fleuries avec quelques feuilles en début de floraison, entre mai et septembre. Faites sécher aussitôt en couche mince en atmosphère sèche et aérée. Retournez fréquemment les parties végétales afin d'éviter leur noircissement et les attaques de moisissures. Lors de la cueillette des fleurs, enlevez les calices et faites-les sécher aussitôt sur un tissu selon les mêmes directives. Conservez-les à l'abri de la lumière et de l'humidité dans un sac kraft ou une boîte hermétique.
Ce que dit la science : Attention, alcaloïdes !
La bourrache est surtout exploitée pour son huile, aux remarquables propriétés dermatologiques. Extraite par pression à froid des graines, elle est riche en acide gamma-linolénique, un oméga-6 rare dans le règne végétal. Les feuilles de bourrache ont été largement utilisées au cours des siècles passés, et fréquemment consommées en salades. Les anciens connaissaient leurs propriétés médicinales émollientes, anti-inflammatoires, diurétiques, sudorifiques, antitussives et dépuratives axées sur les affections respiratoires et utiles à la régulation hormonale centrale. Mais aujourd'hui, l'heure est plutôt à la prudence. En cause, la présence – dans la tige et les feuilles – d'alcaloïdes pyrrolizidiniques (AP). Ces composants sont effectivement mutagènes, inducteurs de tumeurs hépatiques et responsables d'intoxications chroniques. Ainsi, au vu des risques potentiels encourus, la Commission européenne a récemment abaissé les teneurs limites autorisées en AP dans certaines denrées alimentaires. Pour les feuilles séchées de bourrache, la teneur maximale tolérée est de 1 mg/kg (0,750 mg pour les feuilles fraîches). Toutefois, on peut considérer que l'emploi des feuilles de bourrache est possible à condition d'en faire un usage mesuré et ponctuel, d'autant que, contrairement à d'autres plantes (grande consoude, tussilage, pétasite…), aucun cas d'intoxication n'a été rapporté suite à son utilisation.
À l'atelier
Une tisane aux cinq fleurs adoucissantes
Les fleurs de bourrache contiennent surtout des mucilages, responsables des propriétés émollientes, adoucissantes et anti-inflammatoires de la plante. Et ses alcaloïdes sont moins toxiques que ceux de ses feuilles. Elles sont particulièrement adaptées pour soulager les irritations des voies respiratoires. Et en mélangeant la bourrache à d'autres fleurs pectorales colorées, vous profiterez d'une tisane alliant efficacité et plaisir visuel.
Précautions d'emploi :
La bourrache (fleur, huile, graines) figure sur la liste des plantes en vente libre. Mais en dehors de tout accompagnement supervisé par un thérapeute expert, l'usage de la partie aérienne (fleurs et feuilles) de la bourrache est uniquement préconisé en cures courtes (généralement pas plus d'une quinzaine de jours).
Ingrédients et matériel :
- 20 g de fleurs de bourrache
- 20 g de fleurs de bouillon-blanc
- 15 g de pétales de coquelicot
- 10 g de fleurs de guimauve
- 5 g de fleurs de lavande.
Préparation :
- Mélangez les fleurs séchées selon les quantités indiquées.
- Mettez l'équivalent d'1 cuillerée à soupe du mélange dans 250 ml d'eau bouillante (de préférence une eau de source peu minéralisée).
- Laissez infuser en couvrant environ 3 minutes (maximum 5 minutes). La couleur dominante de la tisane oscillera entre le rouge foncé (dû au coquelicot) et le violet. L'infusion de bourrache seule donne une jolie couleur bleue !
Variante : les fleurs de guimauve peuvent être remplacées par celles de mauve et les fleurs de lavande par celles de violette.
Propriétés :
La tisane proposée associe cinq fleurs aux propriétés synergiques. Tout d'abord, l'action adoucissante de la bourrache est renforcée par les mucilages, également présents dans le bouillon-blanc, le coquelicot et la guimauve. Ces mêmes fleurs facilitent l'expectoration tandis que plus précisément, le coquelicot, le bouillon-blanc et la lavande manifestent parallèlement une activité antispasmodique qui renforce l'effet calmant du mélange. Sans oublier les propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires de la lavande.
Indications et posologie :
En cas de trachéite, laryngite, enrouement, toux sèche ou d'irritation, toux du fumeur, toux spasmodique, toux grasse, bronchite : boire 3 tasses par jour, de préférence en dehors des repas, pendant 1 semaine.
Autres propositions
Deux infusions en cas de refroidissement
La bourrache est traditionnellement employée en tisanes contre les maladies inflammatoires, et pour faire transpirer en cas de refroidissement ou d'état grippal.
- Tisane de fleurs ou de sommités fleuries de bourrache
Faites infuser 2 pincées seulement pour 1 litre d'eau bouillante, 5 minutes. Filtrez et buvez dans la journée.
- Tisane de sommités fleuries de bourrache et de sureau
Préparez un mélange à parts égales de bourrache et de fleurs de sureau. Faites infuser 2 c. à soupe du mélange dans 1 litre d'eau bouillante pendant 5 minutes. Filtrez et buvez dans la journée.
À savoir
Les phytothérapeutes utilisent aussi les sommités fleuries de la bourrache sous différentes formes galéniques (teinture-mère, extrait fluide ou phytomicrosphères) dans le but de freiner certains axes hormonaux, au niveau central hypophysaire (axes gonadotrope et corticotrope).