L’échinacée, l’amie américaine
Cette plante fétiche des Indiens d’Amérique fut ramenée en France dans les années 1950 par le naturopathe Alfred Vogel. Aujourd’hui, elle agrémente de nombreux jardins, soleils pourpres orientés vers le ciel. Invitez-la chez vous, elle vous le rendra au centuple pendant les jours froids.
Pas d’hiver sans échinacée
L’échinacée, utilisée en teinture mère, renforce nos défenses immunitaires. D’une part en augmentant le nombre de globules blancs en circulation, d’autre part en améliorant leur force d’attaque (capacité à la phagocytose). L’armée est plus grande, et les soldats sont mieux armés ! Pourtant, les études cliniques font état de deux types de résultats : ceux qui prouvent son efficacité et ceux qui ne sont pas concluants. En y regardant de plus près, on se rend compte qu’en fait, l’échinacée se révèle très efficace si votre système immunitaire est déficient, suite à un stress chronique, au manque de sommeil, à une alimentation déséquilibrée ou à un manque de vitamine D, entre autres exemples. Si vous êtes dans ce cas-là (vous attrapez souvent froid), l’échinacée réduira la durée et l’intensité de l’infection. En revanche, si votre système immunitaire tourne déjà rond, le rôle de l’échinacée restera plus marginal. C’est pourquoi je trouve l’échinacée particulièrement efficace pendant les infections, et moins en prévention. On la prend alors à intervalle régulier, toutes les trois heures par exemple, à raison d’une cuillère à café de teinture mère dans un peu d’eau, sachant qu’on se limitera à cinq cuillères à café par jour. Vous commencerez dès les premiers symptômes et continuerez pendant toute la durée de l’infection.
L’Agence européenne du médicament recommande d’en réserver l’usage aux adultes et aux enfants de plus de 12 ans. Dans ce cas, si l’enfant pèse entre 30 et 50 kg, ne dépassez pas 1⁄2 cuillère à café par prise. Au-delà de 50 kg, une petite cuillère à café suffira.
Au jardin
Parmi les échinacées médicinales, trois sont particulièrement répandues : l’échinacée pourpre (Echinacea purpurea), la plus majestueuse et la plus facile à cultiver; l’échinacée angustifolia (Echinacea angustifolia), de petite taille et plus difficile à apprivoiser, mais considérée par les Américains comme la plus puissante; enfin, l’échinacée pâle (Echinacea pallida), fine mais vigoureuse, un compromis entre les deux.
Semer
La clé pour faire germer vos graines est la stratification à froid. La manière la plus simple consiste à placer les graines en février dans un peu de sable tamisé et humide dans un sac en plastique au réfrigérateur pendant six semaines. Puis sortez vos graines et plantez les en bac vers mars ou avril selon votre région. Espacez les graines de 5 cm, et...
gardez le terreau humide à l’aide d’un vaporisateur. On peut aussi procéder à une stratification en extérieur. Une fois que la plantule aura trois ou quatre feuilles, vous la passerez en godet, puis en pleine terre lorsqu’elle sera assez vigoureuse. Vous pouvez planter E. angustifolia serrée (espacée de 20 cm), et E. pallida (un peu moins de 30 cm). Laissez plus de place à E. purpurea car sa masse aérienne est imposante (50 cm).
Entretien
Les échinacées sont belles et faciles à cultiver. Laissez-les en plein soleil. Une fois matures, arrosez-les de temps en temps, mais pas trop. Donnez-leur une terre normale, pas trop riche. Elles poussent dans des conditions très rudes dans certains états américains (Nebraska, Kansas...). Un peu d’eau, un peu de fumure et de compost, et votre jardin lui apparaîtra comme un petit paradis.
Ramasser l’échinacée
La racine est la partie la plus utilisée. Attendez que vos plantes aient 2 ou 3 ans, en particulier pour E. purpurea. Puis récoltez à l’automne, lorsque le sol est souple, après un jour de pluie par exemple. Les racines d’E. purpurea sont organisées en un réseau fin et dense. Les racines d’E. pallida et E. angustifolia sont plus épaisses et plus éparses, et je les trouve plus facile à manipuler. Passez les racines à l’eau pour faire tomber le plus gros de la terre. Puis commencez à casser la masse racinaire en petits morceaux. Lavez et brossez chaque morceau. Le but est d’enlever toute la terre, ce qui peut être laborieux pour E. purpurea. Pour les préparations à base d’échinacée sèche, coupez les racines en tronçons et faites les sécher.
À l’atelier Expresso d’échinacée
Voici une préparation originale que vous réaliserez avec une cafetière électrique à filtres. Si vous en avez gardé une dans le placard, il est temps de la ressortir. Elle vous permettra d’extraire dans d’excellentes conditions les principes actifs de la plante.
- Pulvérisez grossièrement la racine sèche au moulin à café afin d’obtenir quatre cuillères à soupe bombées pour un demi-litre d’eau.
- Placez la poudre dans le pot en verre qui sert normalement à recueillir le café et placez-le sous le cône de percolation vide (sans filtre). Lavez bien le cône auparavant afin qu’il ne donne pas un goût de café à la préparation.
- Placez un demi-litre d’eau dans le réservoir et allumez la machine. Une fois la percolation finie, laissez la machine allumée, de telle manière qu’elle continue à chauffer le pot. Laissez chauffer pendant 1 heure afin d’extraire doucement les composants de l’échinacée solubles dans l’eau (les polysaccharides responsables de l’action immunostimulante).
- Passez au travers d’une étamine et buvez plusieurs petites tasses par jour pendant une infection.
Mais aussi en teintures mères.
En premier choix, on peut réaliser une teinture mère à partir des racines et fleurs fraîches, en s’assurant que l’on a bien planté une médicinale. À l’aide d’un sécateur, coupez les racines et fleurs en morceaux les plus petits possibles. On les ramassera quand le cœur piquant est encore souple. À faire pour 100 g de plantes fraîches, ajoutez 200 ml d’alcool pur (à 80° ou 90°). Laissez macérer deux à trois semaines puis filtrez. La teinture doit avoir un goût pétillant en bouche et provoquer une salivation abondante.
En deuxième choix, j’utilise la teinture mère de racines sèches. À faire pour 100 g de racines coupées finement, ajoutez 500 ml d’alcool à 50°. Laissez macérer trois semaines puis filtrez. La teinture doit avoir le même effet en bouche.
Almanach de novembre
Couvrez les plantes sensibles au froid avec un voile d’hivernage ou un paillage. N’hésitez pas à utiliser les feuilles mortes de vos arbres, elles formeront une protection pendant l’hiver, puis un compost au printemps afin de nourrir la terre.
Récoltez les dernières racines avant que le sol ne devienne trop dur à cause du froid. Je pense bien sûr à l’échinacée, mais aussi à la bardane, la grande aunée, la patience crépue, et bien d’autres encore.
Il est temps de préparer une réserve de plantes pour l’hiver. Certaines seront très utiles pour la gestion des froids et fièvres : fleurs de sureau, racine d’angélique, achillée millefeuille. Faites aussi une petite sélection pour les problèmes pulmonaires : la grande aunée, le thym et le marrube, par exemple. Idem pour les toux sèches et maux de gorge : racine de réglisse, sauge et guimauve. Vous serez ainsi paré pour l’hiver.
Dans les régions les plus froides, semez les graines qui ont besoin d’une stratification à froid pour germer (échinacée, houblon, sureau...). Semez en bac de plantation, humidifiez de temps en temps et laissez-les à l’extérieur dans un endroit à l’abri des intempéries (un préau, une véranda non chauffée, une serre non chauffée...).
Récupérez les outils et les vieux pots qui traînent un peu par-ci par-là. Brossez et nettoyez les outils, lubrifiez et affûtez les sécateurs. Rangez- les dans un garage ou un abri de jardin, et tout sera prêt pour le printemps prochain !