Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Faire confiance au buis

Buis (Buxus sempervirens)
Buis (Buxus sempervirens)

Arbuste ornemental incontournable des jardins monastiques et des châteaux où il trône dans les haies, en bordures ou en topiaires, le buis (Buxus sempervirens) apprécie aussi d'être planté au jardin, en sujet libre. Il déploie alors ses rameaux touffus et ramifiés à l'odeur caractéristique et aux feuilles toujours vertes, douées de puissantes propriétés médicinales.

Au jardin

La croissance lente du buis favorise le choix de la plantation par rapport au semis, qui exige une stratification à froid et de la patience ! Le buis se cultive aussi bien en pot qu'en pleine terre, à charge de préparer un bon drainage et de surveiller l'arrosage. Cet arbuste accepte le soleil, la mi-ombre ou l'ombre.

Plantation

Avant d'installer la motte dans un grand trou de plantation (d'au moins 3 à 4 fois son volume), laissez tremper celle-ci une demi-heure minimum. Disposez une épaisse couche de cailloux ou de gravier (20 cm si culture en pot) dans le fond. Installez la motte en comblant avec la terre mélangée à un bon terreau, un peu de compost, puis tassez en ménageant une cuvette autour du plant pour faciliter l'arrosage et l'apport de compost ou de corne torréfiée au printemps suivant. Arrosez régulièrement jusqu'aux signes de reprise.

Entretien

Bien que rustique, le buis apprécie d'être fortifié de temps en temps par un apport de purin d'ortie dans l'arrosage et de compost, au printemps. Si vous souhaitez le tailler, procédez en avril et septembre, sachant que des tailles trop fréquentes empêchent la floraison.

Récolte

Les feuilles de buis peuvent se récolter toute l'année (mais idéalement d'avril à juin), par pincement au niveau des rameaux. Elles sèchent facilement à l'ombre. Disposez-les en couche mince en veillant à les retourner fréquemment. Elles doivent rester bien vertes.
 

À l'atelier

Extrait hydroalcoolique multitâche

Buis commun (buxus sempervirens)La force médicinale du buis s'accommode parfaitement avec l'extrait hydroalcoolique, qui optimise l'extraction des principaux principes actifs (tanins, alcaloïdes). De plus, cette galénique permet d'être précis dans les doses administrées, afin d'éloigner tout risque de toxicité. On en prépare aussi de petites quantités à la fois, que l'on peut boire avec une tisane de plantes bien choisies.

Ingrédients et matériel 

Deux belles poignées de jeunes rameaux feuillés de buis fraîchement cueillis, alcool bio nature ou de fruit titré à au moins 45°, bocal en verre opaque, entonnoir, filtre papier, flacon compte-gouttes de 60 ml.

1.Rincer les rameaux feuillés à l'eau tiède, les égoutter puis les couper grossièrement en morceaux.

2.Disposer l'ensemble dans le bocal en tassant légèrement. Ajouter l'alcool de fruit de manière à recouvrir totalement les parties végétales, jusqu'à 1 ou 2 cm au-dessus de l'affleurement.

3. Le récipient et laisser macérer l'ensemble pendant 3 semaines, à l'abri de la lumière et en agitant régulièrement.

4.Filtrer la préparation à l'aide de l'entonnoir muni du papier-filtre. Recueillir l'extrait dans le flacon prévu à cet effet. Étiqueter. Conservation : 3 ans.

Indications et posologie 

Comme toutes les...

préparations à base de buis, en l'absence de recommandation faite par un thérapeute spécialisé, la prise orale d'extrait hydroalcoolique de buis doit toujours être de courte durée.

Fièvre, grippe, affections pulmonaires 

15 à 20 gouttes diluées dans un verre d'eau ou une tisane, 2 à 3 fois par jour, pendant 4 à 7 jours.

Insuffisance hépatobiliaire

20 gouttes diluées dans une tasse de tisane de romarin (1 c. à café rase pour 200 ml d'eau, en infusion de 10 minutes), avant les deux repas principaux, en cure d'une semaine.

Douleurs rhumatismales

15 à 20 gouttes diluées dans un verre d'eau ou une tisane de cassis (1 c. à soupe pour 200 ml d'eau, en infusion de 10 minutes), 2 fois par jour, en cure de 7 jours.

Précautions d'emploi

Le respect des doses conseillées permet d'éviter la toxicité du buis qui se manifeste par des nausées, vomissements et troubles nerveux à doses trop fortes ou répétées.

Autres préparations

Cataplasme de buis et d'argile verte

Eczéma suintant, zona 

Déposer de la poudre d'argile verte dans un récipient puis ajouter petit à petit un peu de la décoction de buis précédente, tout en remuant, jusqu'à l'obtention d'une pâte crémeuse homogène.
Étaler la pâte sur la zone concernée en laissant agir de 20 minutes (eczéma) à 1 heure (zona).
Rincer à l'eau tiède. À renouveler 2 à 3 fois par jour.

Lotion antichute et antipelliculaire

Chute de cheveux et pellicules 

Ciseler 40 g de feuilles fraîches de buis.
Ajouter 1 cuillerée à soupe de glycérine végétale et 15 gouttes d'huile essentielle de cèdre de l'Atlas (facultatif).
Mélanger intimement puis faire macérer l'ensemble dans ½ litre d'alcool de fruit durant 15 jours.
Filtrer.
Utiliser en frictions douces du cuir chevelu, 2 à 3 fois par semaine.

Cette lotion stimulante du cheveu s'avère aussi un excellent remède contre les pellicules (grasses ou sèches) grâce à l'assainissement du cuir chevelu qu'elle procure et à l'apaisement des démangeaisons.

Infusion et décoction

En usage interne

Faire infuser une petite cuillerée à café de feuilles de buis séchées finement ciselées dans 200 ml d'eau bouillante, durant 10 minutes. Filtrer aussitôt. Cette tisane est extrêmement amère.

Fièvre (pour faire transpirer), épisode infectieux, inflammation des voies biliaires Boire 2 tasses par jour pendant 3 à 5 jours.

En usage externe

• Hacher finement 20 g de rameaux feuillés de buis frais ou séché puis recouvrir avec ½ litre d'eau froide.

Porter à ébullition durant 15 minutes puis laisser tiédir avant de filtrer.

Cette décoction, dont la concentration est plus élevée en principes actifs, est particulièrement intéressante en application locale.

Lavage de plaies, brûlures, goutte (douleur) 

Appliquer localement une compresse imbibée de décoction de buis, à renouveler 2 à 3 fois par jour.
 

Attention parasite !

Traiter la pyrale du buis

Le buis est très fragilisé par la pyrale, un papillon nocturne capable de pondre 1 200 œufs en 15 jours, qui se transformeront en autant de chenilles voraces ! En curatif, la pulvérisation d'une solution à base de Bacillus thuringiensis (bactérie naturellement présente dans le sol) permet d'éradiquer biologiquement les chenilles, tandis que la diffusion de trichogrammes (petites guêpes parasitoïdes) agit sur les œufs. En préventif, le vinaigre de cidre mélangé à de l'eau est répulsif, ainsi que le savon noir (les feuilles sont moins attractives). D'autres recettes à base de plantes (tanaisie, rue, saponaire…) sont également proposées. Toutes ces solutions ne doivent pas faire oublier que la préservation de la biodiversité au jardin reste la première parade contre les attaques indésirables !

Ce que dit la science

En interne avec discernement

Buis (buxus sempervirens)

Le buis n'est que modérément exploité pour ses vertus médicinales, du fait d'une relative toxicité corrélée à la présence de nombreux alcaloïdes dans la plante. Hildegarde de Bingen le conseillait contre les troubles cutanés. Plus tard, le buis a joui d'une grande réputation comme succédané de la quinine, contre les fièvres rebelles. Les feuilles sont également utilisées en médecine populaire pour purifier, nettoyer l'organisme et soulager les douleurs rhumatismales. De nos jours, le buis n'est plus guère employé par voie interne, sauf sous la forme de jeunes pousses (gemmothérapie) et d'élixir floral. Cependant, en respectant les posologies et durées de traitement, d'autres formes restent méritantes comme l'extrait hydroalcoolique.

Des travaux récents ont montré que certains de ses alcaloïdes agissent comme protecteurs cardiovasculaires (les propriétés antioxydantes d'un extrait aqueux de feuilles sont responsables de la baisse du cholestérol chez le rat rendu diabétique). D'autres alcaloïdes développent in vitro une activité importante et sélective contre certains organismes unicellulaires causes de maladies (paludisme, leishmanioses, trypanosomiase, etc.). Par ailleurs, un extrait hydroalcoolique de buis a été testé sur différents types de cancers (mélanome, colorectal, prostatique), révélant un effet antiprolifératif prometteur sur les cellules malignes.

L'usage externe, plus aisé, peut trouver une place intéressante dans la pharmacie familiale. Le buis stimule la pousse des cheveux et traite bon nombre d'affections cutanées banales (plaies, brûlures…) ou plus complexes (eczémas, zona…).

Christine Cieur, docteure en pharmacie, herboriste

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