Coronavirus : préparer un bouclier aromatique
Alors que l’épidémie de Covid-19 sévit, il ne faut pas négliger l’apport des huiles essentielles. Pourtant, certains médecins allopathes s’emploient à les discréditer. L’occasion pour Plantes & Santé de revenir sur ce que l’on connaît des propriétés antivirales et immunostimulantes de certaines huiles essentielles et de vous proposer deux façons simples d’en tirer parti avec Michel Faucon, docteur en pharmacie et aromatologue.
« Parmi les propriétés les mieux connues et reconnues des huiles essentielles (HE), on peut citer leur caractère anti-infectieux, certaines d’entre elles étant même très appréciées pour leurs vertus antivirales et immunostimulantes remarquables. Ces deux effets majeurs ont largement été constatés par des utilisations traditionnelles anciennes, puis démontrés par des études scientifiques. Certaines auront à cet égard une action plus intense que d’autres, mais quasiment toutes sont anti-infectieuses. » Michel Faucon, docteur en pharmacie et aromatologue, sait de quoi il parle. Il a participé à la rédaction du Consensus d’experts en aromathérapie scientifique*. Les conclusions de ce Consensus constituent un guide des bonnes pratiques dans l’utilisation des huiles essentielles, notamment en milieu hospitalier.
Douceur et précision
En ce qui concerne l’automédication, le docteur en pharmacie invite pourtant à la prudence. « Dans un contexte qui est angoissant, on a vite fait de commettre des erreurs : exagérer une posologie ou, autre exemple, se tromper d’huile essentielle par méconnaissance de son chemotype [typage chimique d’une huile essentielle ndlr] » et donc de sa toxicité potentielle... Ses conseils s’orientent donc vers une utilisation par voie olfactive (en les respirant) et par voie cutanée (en les appliquant sur la peau). Ces deux moyens efficaces (appliqués avec « douceur et précision », comme le veut sa devise) viseront à la fois à augmenter la capacité de notre organisme à se défendre, et à constituer une sorte de « bouclier aromatique » pour tenir les virus, et en l’occurrence le Covid-19, à distance, en toute innocuité.
Un stick inhalateur
La voie olfactive permet aux composés aromatiques volatils, lors d’une respiration profonde, d’atteindre les alvéoles pulmonaires avant de diffuser dans le sang. Pour l’efficacité de ce bouclier aromatique, on mise sur plusieurs huiles essentielles choisies pour leurs propriétés antivirales et renforçant nos capacités de résistance aux agents pathogènes dont les virus. « Ainsi, la synergie moléculaire (oxydes + alcools) de l’huile essentielle de ravintsara qui contient 50 à 65 % de 1,8 cinéole et 5 à 10 % d’alpha terpinéol, chimie du reste assez semblable à celle de l’huile essentielle d’eucalyptus radié, assure-t-elle de bonnes propriétés virucides (grippe, zona, herpès virus…) », précise Michel Faucon. La présence de ces molécules explique son fort tropisme respiratoire dans ses aspects mucolytiques et expectorants. « Compte tenu de son excellente tolérance, on peut donc raisonnablement l’exploiter comme outil complémentaire en cette période de crise de Covid-19. Même si l’on doit soigner avec une huile essentielle et son totum moléculaire complet plus qu’avec telle ou telle de ses molécules », conclut le spécialiste.
À savoir : Vous pouvez vous procurer de l'huile essentielle de ravinstara sur les sites d'AromaZone, Salvia nutrition et La Vie Naturelle.
Faire mon stick inhalateur antiviral
- HE de ravintsara 1,8 cinéole (Cinnamomum camphora) : 2 ml (80 gouttes environ)
- HE d’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata) : 1,5 ml (60 gouttes environ)
- HE de sapin baumier (Abies balsamea) : 1 ml (40 gouttes environ).
Mode d’emploi : placer quelques gouttes de cette synergie aromatique sur le filtre en coton d’un inhalateur de type Aromastick. Rajouter quelques gouttes de la synergie dès que l’odeur s’estompe. Si vous ne trouvez pas d’huile essentielle de ravintsara, vous pouvez la remplacer par de l’HE de saro (Cinnamosma fragrans). D’autres HE peuvent être adaptées à la situation : HE de niaouli (Melaleuca quinquenervia), de Madagascar, de marjolaine sylvestre (Thymus mastichina), de laurier noble (Laurus nobilis), de lavande aspic (Lavandula latifolia ou spica).
Posologie : avant et après des courses par exemple, effectuer plusieurs inspirations de deux à trois secondes. Répéter ces inhalations plusieurs fois par jour. D’un usage très pratique, le stick inhalateur est personnel, il est interdit de le partager.
Alternative : si vous n’avez pu vous procurer de stick, vous pouvez aussi déposer une ou deux gouttes sur un mouchoir et respirer de la même façon.
Une formule cutanée
Pour ce type d’approche, on parle de « perfusion aromatique ». On appliquera la synergie ci-dessous sur des endroits du corps où les veines affleurent (intérieur des poignets par exemple), ceci permettant un passage rapide dans le sang.
Faire ma formule antivirale cutanée
- HE de ravintsara 1,8 cinéole (Cinnamomum camphora) : 0,2 ml soit 8 gouttes environ
- HE d'eucalyptus radié (Eucalyptus radiata) : 0,2 ml soit 8 gouttes environ
- HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) : 0,2 ml soit 8 gouttes environ
- HV d'amande douce : QSP ([quantité suffisante pour ndlr] pour remplir un flacon de 10 ml.
Mode d’emploi : placer les huiles essentielles dans un flacon de 10 ml et compléter par de l’huile végétale d’amande douce. Bien mélanger.
Posologie :
- Le dosage à 6 % d’HE environ proposé ici est destiné aux adultes. Appliquer deux gouttes du mélange sur l'intérieur des poignets deux à trois fois par jour, à titre préventif, ainsi qu’une goutte sur le plexus solaire. Aux tout premiers symptômes, appliquer en massages doux sur le thorax et surtout dans le dos en regard des poumons, en insistant de chaque côté de la colonne vertébrale (deux à trois fois par jour) pour stimuler l’immunité.
- Pour les enfants à partir de 6 ans, ou les personnes fragiles, diluer la synergie en ajoutant pour moitié de l’huile végétale (pour un dosage à 3 % d’HE). Appliquer sous la plante des pieds à titre préventif et sur l'intérieur des poignets surtout.
Alternative : on peut remplacer l'HE d'eucalyptus radié par l'HE d'eucalyptus globulus et l'HE de tea tree par l'HE de thym à linalol. On peut aussi remplacer l'huile végétale d'amande douce par l'HV de noyau d’abricot ou l'HV de jojoba.
À savoir : ces recommandations sont valables à titre préventif et en cas de symptômes légers, toujours à l’appui de celles prodiguées par la médecine conventionnelle. Pour que ce bouclier aromatique soit efficace, la régularité des onctions et des olfactions est importante. Si pour le moment, aucune huile essentielle n’est documentée par rapport à son efficacité spécifique vis-à-vis du coronavirus, dans l’état actuel de nos connaissances, tout laisse à penser qu’un tel accompagnement ne peut que s’avérer bénéfique, en toute innocuité.
* Préconisations pour la pratique clinique, l’enseignement et la recherche » destiné aux professionnels de santé et aux décideurs exerçant en milieu de soins hospitaliers ou médico-sociaux.