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Reflux, dépression, cholestérol... Faites confiance à la phytothérapie (2/3)
Aujourd'hui dans la science médicale, et malgré leurs effets secondaires, les médicaments prennent souvent le pas sur les traitements à base de plantes. Pourtant, on peut utiliser les plantes en première intention pour de nombreuses pathologies. Encore faut-il avoir toutes les cartes en main pour agir en toute sécurité et efficacité. Dans cet esprit, voici nos solutions pour trois pathologies courantes : le reflux gastro-œsophagien, l'athérosclérose, et la dépression.
L'athérosclérose domine le risque cardiovasculaire
L’athérosclérose est cette maladie longtemps silencieuse qui endommage les artères faisant le lit de pathologies graves connues comme l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral. Elle est secondaire au dépôt de plaques d’athérome dans les artères à l’origine d’un durcissement de leur paroi. L’athérome est essentiellement constitué de cholestérol qui subit un processus oxydatif à l’origine d’une réaction inflammatoire locale expliquant les complications secondaires. La bonne nouvelle c’est que l’on a identifié plusieurs facteurs associés à l’athérosclérose : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, tabac, obésité. Ces cinq facteurs, souvent intriqués, répondent très bien aux mesures hygiénodiététiques et à la phytothérapie ce qui permet très souvent de réduire les traitements allopathiques et même d’en supprimer certains, de s’affranchir donc de possibles effets indésirables. C’est particulièrement vrai pour l’hypercholestérolémie traitée larga manu par les statines, une classe de médicaments. D’ailleurs, si certaines d’entre elles sont naturelles, elles ne sont pas pour autant dénuées d’effets secondaires.
Si le cholestérol est nécessaire pour notre organisme, son taux ne doit cependant pas excéder un certain seuil, dépendant évidemment des facteurs de risque cardiovasculaire de chaque patient. Comme le cholestérol est, en majorité, synthétisé par notre organisme, il ne sera pas vraiment utile de supprimer les sources alimentaires riches en cholestérol. Mieux vaut adopter un régime du type méditerranéen, dont on a prouvé l’intérêt pour réduire le risque cardiovasculaire, tout en réduisant le taux de cholestérol. On l’accompagnera d’une activité physique.
Le policosanol, vous connaissez ?
On ne peut réduire une plante à un principe actif comme pour les médicaments : on la prend le plus souvent sous forme de totum ! Mais il n’y a pas de règle. Pour certaines, on isole un principe actif particulier. C’est le cas du policosanol : une substance extraite de la canne à sucre, ou du riz, composée d’alcools gras à longues chaînes de carbone aux propriétés hypocholestérolémiantes. Il diminue le cholestérol total et le LDL-cholestérol et augmente le HDL-cholestérol. Son effet antiagrégant plaquettaire et antioxydant contribue à la réduction du risque cardiovasculaire. Très bien toléré, il s’associe sans problème à la phytothérapie.
Quant aux traitements, ce sont surtout les statines qui vous seront proposées. Mais si elles diminuent efficacement le taux de cholestérol, leur capacité à réduire le risque cardiovasculaire n’est pas claire ; notamment chez les patients âgés sans antécédents de maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, elles...
sont associées à des effets secondaires musculaires et hépatiques parfois graves : douleurs musculaires, destruction du tissu musculaire ou rhabdomyolyse, myopathies auto-immunes. Elles pourraient aussi élever le risque de diabète de type 2. Dans ce contexte, l’option phytothérapeutique vaut la peine d’être essayée dans la plupart des cas ; et pour cela, on peut se tourner vers trois plantes traditionnellement utilisées par la médecine ayurvédique à visée cardiovasculaire notamment.
Et les statines naturelles ?
La levure de riz rouge (Monascus purpureus) contient des monacolines dont la monacoline K, principe actif de la lovastatine, une des premières statines prescrites. Il s’agit donc d’une statine naturelle aux effets hypocholestérolémiants confirmés. Qu’elle soit naturelle n’implique pas son innocuité car elle a les mêmes effets secondaires, même si l’expérience clinique tend à montrer qu’elle semble un peu mieux tolérée. Elle a également les mêmes contre-indications que les autres statines. Si vous souhaitez l’essayer, prenez l’avis de votre médecin et d’un phytothérapeute. Sa prise doit se faire en surveillant le dosage sanguin des enzymes hépatiques et musculaires. Il sera sans doute conseillé de se supplémenter en coenzyme Q10.
Le guggul ou oliban indien (Commiphora mukul) a des effets hypocholestérolémiants et hypotriglycéridémiants grâce à sa teneur en guggulstérones notamment. On peut associer au guggul le gingembre (Zingiber officinale) et la nigelle (Nigella sativa). Ils diminuent tous les deux les taux de cholestérol sanguin, et sont d’excellents anti-inflammatoires et antioxydants, ce qui participe à la prévention de l’athérosclérose.
Pensez à soutenir la fonction hépatique car le foie joue un rôle important dans le métabolisme du cholestérol ; les plantes dépuratives, cholagogues et cholérétiques sont les bienvenues sous forme de cure (fumeterre, chardon-Marie, romarin, pissenlit etc.).
La gemmothérapie est une approche pertinente dans ce contexte car, outre son excellente tolérance, elle permet un travail de fond sur le terrain avec des résultats durables au long cours. Elle permet souvent de consolider le travail entrepris par la phytothérapie. Il faut combiner des macérats hypocholestérolémiants. Ainsi, le bourgeon d’amandier (Prunus amygdalus) prévient les plaques d’athérome, et les jeunes pousses d’olivier (Olea europaea) protègent les vaisseaux sanguins. Quant aux jeunes pousses de romarin (Rosmarinus officinalis), elles sont dépuratives, cholagogues et cholérétiques. Mélanger 10 à 15 gouttes de chaque macérat concentré dans un verre d’eau à répartir 3 fois par jour pendant quatre semaines puis trois semaines par mois pendant deux mois.
Il s’agit d’un protocole un peu fastidieux qui demande implication et patience. Mais il offre d’excellents résultats quand il est associé à des mesures hygiénodiététiques adaptées. Pour les adeptes du « vite fait bien fait » et du « tout en un » : essayez le chrysanthellum (Chrysanthellum americanum). Il combine les propriétés nécessaires à la prévention de l’athérosclérose grâce à ses effets hépatoprotecteur, hypocholestérolémiant, anti-inflammatoire et antioxydant.
Pour autant, corriger son hygiène de vie reste indispensable : un régime type méditerranéen associé à une activité physique quotidienne est un complément obligatoire à la phytothérapie, sans quoi, nous gâcherions les vertus de nos chères plantes médicinales.
Plantes sur ordonnance
- Guggul, Commiphora mukul
2 gélules de 500 mg de guggul standardisées à 2,5 % de guggulstérones à chaque repas.
Précautions : Contre-indiqué en cas d’allergie, sur avis médical en cas de dysthyroïdies, d’insuffisance hépatique.
- Nigelle, Nigella sativa
Poudre de graines : 2 g par jour.
Précaution : Contre-indiqué en cas d’allergie, sur avis médical chez la femme enceinte et allaitante.
- Gingembre, Zingiber officinale
Frais : 10 g par jour Extrait sec : 2 g par jour.
Précautions : Contre-indiqué en cas d’allergie, de traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire.
- Chrysanthellum, Chrysanthellum indicum
Extrait sec en gélules : 500 mg, 3 fois par jour pendant 3 semaines à renouveler au besoin.
Précautions : Contre-indiqué en cas d’allergie, sur avis médical chez la femme enceinte et allaitante.
- Policosanol
Comprimés : 10 mg 2 fois par jour pendant le repas du midi et du soir. À poursuivre pendant 12 semaines puis sous forme de cure si besoin.
Précautions : Contre-indiqué en cas d’allergie, chez la femme enceinte et allaitante.
- Éleuthérocoque, Eleutherococcus senticosus
Teinture mère : 50 gouttes le matin, idem le midi si nécessaire.
Précautions : à réserver à l’adulte hors femme enceinte et allaitante. Sur avis médical en cas d’hypertension artérielle. Contre‑indiqué en cas d’allergie. Le traitement sera à réévaluer en Légende couleur fonction de l’évolution de la symptomatologie après 6 à 8 semaines d’utilisation.
- Rhodiole, Rhodiola rosea
EPS de rhodiole : 5 ml le matin, idem le midi si nécessaire.
Précautions : à réserver à l’adulte hors femme enceinte et allaitante. Contre‑indiqué en cas d’allergie, de bipolarité, de traitements par IEC. Le traitement sera à réévaluer en fonction de l’évolution de la symptomatologie après 6 à 8 semaines d’utilisation.
- Millepertuis, Hypericum perforatum
Extrait sec standardisé à 0,3 % d’hypéricine : 300 à 600 mg par jour.
Précautions : À réserver à l’adulte hors femme enceinte et allaitante, pas d’exposition solaire après ingestion par précaution. Contre-indiqué en cas d’allergie. Avis médical indispensable en cas de traitement médicamenteux concomitant. Ne pas associer à la pilule contraceptive. Sa prise doit toujours se faire sous contrôle médical.
Safran, Crocus sativus
En gélule : 30 mg par jour. Précautions :
À réserver à l’adulte, hors femme enceinte et allaitante. Contre-indiqué en cas d’allergie.