Dossier
Mieux manger et prévenir le cancer (5/5)
Une grande partie des cancers pourraient être évités car ils sont dus à nos modes de vie et à notre environnement. Parmi eux, 20 % des facteurs de risque concernent notre alimentation. De quoi nous motiver à revoir nos habitudes, en évitant les aliments favorisant le cancer, et en consommant plus d'aliments protecteurs. Il n'est jamais trop tard pour bien faire !
S'alimenter au mieux quand on est malade
Si l’on est malade, il vaut mieux revisiter nos placards, en commençant par en faire sortir toutes les petites douceurs. « Les sucres dits rapides stimulent les cellules cancéreuses » rappelle le Dr Michel Lallement. Faut-il pour autant supprimer tous les aliments qui renferment des glucides, comme le préconise le régime cétogène ? « Le principe semble intéressant. Il existe des témoignages de réussite et quelques résultats sur l’animal… Mais il n’a apporté aucune preuve de réduction de la taille de la tumeur ou d’augmentation de la survie chez l’homme », regrette le cancérologue Luc Bodin. D’autre part et selon les témoignages de patients, ce type de régime est difficile à tenir dans le temps et son action « booster » du début a tendance à s’estomper. « Son effet à long terme peut même se révéler dangereux », ajoute le cancérologue Laurent Schwartz. Et cela se comprend quand on s’aperçoit que le manque d’apport en fibres entraîne un appauvrissement de la flore intestinale, donc une baisse de l’immunité. Sans compter que l’on se coupe de tous les antioxydants présents dans les fruits. Alors, que faire ? « Suivre un régime à index glycémique bas, qui consiste à ne consommer que des aliments dont l’index glycémique ne dépasse pas 60, paraît tout aussi efficace et moins contraignant. Pour limiter les risques de rechute, il faudra le poursuivre en période de rémission, et même à vie », argumente le Dr Michel Lallement. Facilement réalisable, il n’empêche pas de manger des fruits ou des légumineuses. Il permet également de consommer des céréales complètes ou des farines lentes complètes en quantités restreintes. Il faut aussi retrouver la consommation de noix et d’amandes. Selon le Dr Michel Lallement toujours, « le simple fait de manger des noix ralentit l’assimilation des sucres ». Dernier conseil : le lait de vache est remplacé par du lait d’amande, de noisette, voire du lait d’épeautre. Mais pas de lait de riz, trop sucré.
Misez sur le plaisir
Alix Goerens, diététicienne-nutritionniste au centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard de Lyon, cherche à guider ses patients pour qu’ils retrouvent le goût de bien manger. « Une fois la maladie diagnostiquée, il faut veiller à maintenir un poids stable, car la dénutrition met en péril le pronostic vital. Il convient donc de conserver le plaisir de s’alimenter. Or, les malades supportent difficilement les plats aux odeurs marquées et leurs goûts peuvent changer. Il est donc important qu’ils se fassent plaisir et ne pas être trop rigoureux. Si un carré de chocolat avec le café ou un morceau de camembert leur fait envie, pourquoi les en priver ? ».
Il n’est pas toujours facile de modifier son alimentation, d’autant que la maladie et ses traitements peuvent modifier nos envies et façons de nous nourrir. « Il faut écouter son corps et adapter son alimentation aux effets secondaires rencontrés. Avec un cancer de la vésicule biliaire, les graisses cuites et les plats en sauce deviennent difficiles à digérer. Quant aux aliments trop riches en fibres, ils peuvent provoquer des troubles du transit en cas de cancer colorectal. Même chose pour les épices et les aliments acides, susceptibles d’engendrer des brûlures et des douleurs lors de cancers de la gorge ou de l’œsophage. D’autre part, les traitements entraînent souvent une perte du goût et surtout des nausées, notamment lorsque l’estomac est vide. On fractionnera donc les repas. Et il faudra privilégier des plats rehaussés d’herbes fraîches et assaisonnés avec des graisses crues », reconnaît Alix Goerens, diététicienne-nutritionniste au centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard de Lyon. Côté boissons, les eaux mentholées ou citronnées, les tisanes fraîches, les jus de fruits et de légumes seront aussi mieux acceptés. Manger n’aura jamais autant été un bien-être vital.
Le double jeu des épices
Les épices sont de véritables atouts santé. Parmi elles, la cannelle, le gingembre, mais aussi le curcuma, sont connus et étudiés pour leur potentiel anticancer. Cependant, en cas de cancer digestif, il convient de rester vigilant. Ainsi, le curcuma (ou la curcumine sous forme de complément alimentaire) est souvent associé au poivre pour permettre une meilleure assimilation. Or le poivre, le paprika, le piment de Cayenne et toutes les épices plus ou moins relevées sont à éviter pour les personnes souffrant d’un cancer de l’estomac, du foie, du côlon, de l’intestin, du pancréas, du rectum et de l’anus. Sans regret, on les remplacera par des fines herbes.
À lire
- L’alimentation : un renfort indispensable contre le cancer, par le Dr Luc Bodin (éd. du Dauphin).
- Les clefs de l’alimentation santé, l’essentiel à savoir par le Dr Michel Lallement, chirurgien en oncologie (éd. Mosaïque Santé).
- Cancer, un traitement simple et non toxique, par le médecin oncologue Laurent Schwartz, (Thierry Souccar éditions).
- Soyez L’expert de votre alimentation, par le médecin nutritionniste Michael Greger (éd. Robert Laffont).