Mieux digérer grâce à l'ayurvéda
Ballonnements, perte d'énergie, constipation… ? Notre système digestif est souvent mal en point. Pour le réguler et gagner en énergie, l'alimentation ayurvédique peut être une solution. On se laisse tenter ?
L’alimentation est un pilier de la santé en médecine ayurvédique, la médecine traditionnelle indienne dont on estime que les origines remontent à plus de 5 000 ans. Au cœur de l’alimentation santé en ayurvéda, notre système digestif, garant d’une circulation énergétique optimale qui, par effet rebond, augmente le niveau d’énergie, booste l’immunité, améliore le sommeil. Mieux digérer pour être en meilleure forme ? C’est le credo de l’ayurvéda. « L’alimentation ayurvédique optimise la digestion car elle rééquilibre agni, le feu digestif, explique Sophie Benabi, praticienne en ayurvéda et auteure de L’Alimentation ayurvédique, le grand livre (éd. Leduc). Or la qualité du flux digestif est capitale, car un agni trop faible ou déséquilibré entraîne une digestion perturbée et la production de toxines (ama) qui viennent encrasser l’organisme. »
En quoi consiste cette alimentation ayurvédique ? Essentiellement végétarienne (si on consomme de la viande, c’est en très faible quantité), elle est « vivante, bio de préférence, à base de légumes de saison frais et de céréales complètes, d’oléagineux (à tremper la veille au soir) et de graines mais aussi de ghee (beurre clarifié), d’infusions, de miel ou sucre complet, et de graines germées », détaille Letizia Lorenzi, praticienne en ayurvéda qui encadre les ateliers spécialisés dans l’établissement de thalassothérapie Alliance Pornic. Une approche saine et simple de notre assiette, régie toutefois par quelques principes clés dont on ne peut faire l’économie.
Il existe trois doshas en médecine ayurvédique, c’est-à-dire trois « constitutions » ou « profils » (lire l’encadré ci-contre). Notre dosha nous renseigne (entre autres) sur notre capacité naturelle à plus ou moins bien digérer et assimiler les aliments. Les personnes kapha par exemple sont celles qui souffrent plus régulièrement de sensations de lourdeur, les pitta de brûlures d’estomac ou de reflux gastriques, tandis que les...
vata sont plus sensibles à la constipation. Les légumineuses, moins digestes (en dehors des lentilles corail et des haricots mungo), conviennent ainsi plutôt aux profils kapha et pitta, beaucoup moins aux vata.
Doshas, épices et saisons : trois éléments clés en ayurvéda
Tout l’intérêt de l’alimentation ayurvédique est d’obtenir un agni optimal, donc de contrebalancer nos « faiblesses » (sachant que notre dosha « de base » est aussi influencé en partie par la saison, notre état mental et, bien évidemment, ce que nous consommons). À ce titre, les épices (en graines quand cela est possible, car elles sont plus puissantes que moulues) jouent un rôle déterminant. « Essentielles en ayurvéda, elles régulent et activent le feu digestif, précise Letizia Lorenzi. Le gingembre frais, le cumin, les graines de coriandre, le curcuma, la cardamome et le fenouil sont un mélange d’épices tri-doshiques (qui conviennent à tous les doshas), que l’on peut consommer en toutes saisons. » Pour un effet personnalisé plus poussé, on peut un peu plus cibler ses choix et miser sur les épices les mieux adaptées à notre profil.
Quel est votre dosha ayurvédique ?
Profil pitta
- Ses caractéristiques : Personne dont le poids fluctue peu, ayant bon appétit, à la digestion rapide.
- Ses saveurs préférées, à favoriser : le sucré, l’astringent, l’amer.
Profil vata
- Ses caractéristiques : Personne de corpulence fine ayant des difficultés à prendre du poids, à la digestion irrégulière.
- Ses saveurs préférées, à favoriser : le sucré, le salé, l’acide.
Profil kapha
- Ses caractéristiques : Personne ayant tendance à l’embonpoint, à la digestion lente.
- Ses saveurs préférées, à favoriser : le piquant, l’amer, l’astringent.
Tout comme les épices, les saveurs participent à activer agni. « Idéalement, on consomme les six saveurs (doux, acide, salé, astringent, piquant, amer) au cours d’un même repas, ce qui permet d’activer l’ensemble des enzymes digestives », explique Sophie Benabi. Mieux, on peut moduler les proportions selon la saison pour suivre les variations doshiques annuelles : le doux, l’acide, le salé conviennent plus à l’hiver alors que l’amer, l’astringent et le piquant sont plus adaptés à l’été.
Un tiers de solide, un tiers de liquide, un tiers d’espace !
Si l’alimentation ayurvédique est plutôt facile à mettre en place, elle n’est pas exempte de particularités, qui font sa force et permettent d’en tirer les meilleurs bénéfices. Du côté des portions tout d’abord. En ayurvéda, on dit qu’il « faut toujours conserver un tiers d’air ou d’espace dans l’estomac (donc ne pas se sentir “rempli”), explique ainsi Sophie Benabi. Les deux autres tiers se composent d’un tiers solide et un tiers liquide. Si on consomme des légumes ou fruits aqueux (concombre, courgette, tomate, laitue, pastèque, melon…), on évite la soupe au cours du même repas. Pour la même raison, quand on mange de la soupe, il est intéressant d’y ajouter une céréale : soupe avec des pâtes par exemple, qui peut constituer le plat principal ».
Deuxième particularité : on évite les fruits pendant le repas, car ils fermentent. On ne les mélange pas non plus (surtout s’ils sont acides) aux laitages (bio et au lait cru en ayurvéda, et plutôt réservés aux vata), sauf les laits végétaux, car les processus digestifs de ces deux types d’aliments s’opposent.
Par ailleurs, en dehors du yaourt, utilisé en sauce (on le fouette avec un peu d’eau et du cumin), on préfère le lait tiède ou chaud, comme dans le tchaï (thé + lait + épices), toujours pour améliorer la digestion. De la même façon, on évite les boissons glacées. L’eau chaude (avec un peu de citron) et la tisane (menthe poivrée + citron en été, gingembre frais + cardamome en hiver), dont les températures sont plus proches de notre fonctionnement corporel (ce qui facilite le travail des enzymes digestives), sont les boissons qui accompagnent le repas été comme hiver. Quand il fait chaud, on peut aussi boire sa tisane tempérée si on le souhaite.
Zoom sur l’asa foetida
L’asa foetida (ase fétide ou hing) est une épice indienne typique obtenue à partir du rhizome d’une plante, Ferula foetida, qui pousse en Orient et que l’on peut trouver en herboristerie, dans les épiceries indiennes ou sur les sites ayurvédiques. Elle est précieuse car elle améliore la digestibilité des crucifères et des légumineuses, évitant ainsi gaz et ballonnements. On en ajoute une pincée en fin de cuisson ou dans le vaghar pour bénéficier de ses atouts, sans se laisser impressionner par son odeur désagréable, qui disparaît à la cuisson.