Jus de légumes, détox ou intox ?
Associés à la vitalité, les jus de légumes sont à la mode. Mais vouloir les présenter comme un « régime détox » ne relève-t-il pas plutôt d’une forme d’« intox » en termes d’information santé ? Les arguments développés sont en effet très discutables.
Certes, une cure de jus s’apparente à une forme de diète. En effet, leur densité nutritionnelle est considérable, c’est-à-dire qu’ils sont à la fois très riches en micronutriments et peu caloriques. Par ailleurs, ils se distinguent par de fortes propriétés antioxydantes dues à la présence de polyphénols. Ils ont aussi une teneur en sucres réduite, à l’exception de la betterave rouge ou de la carotte.
Pour autant, il faut relativiser leur pouvoir de « détoxification » de l’organisme. En effet, leur consommation ne nous protège pas de l’exposition à des substances toxiques ! Parlons plutôt d’un effet dépuratif et de drainage. Leur teneur élevée en eau stimule en effet les fonctions d’élimination rénale. Du fait de leur richesse en potassium, leur consommation conduit à améliorer le rapport sodium/ potassium, avec une conséquence favorable sur l’équilibre acido-basique.
Il faut aussi s’interroger sur les conséquences de l’extraction. Certes, la tendance est au « faire-soi-même », et les extracteurs proposés désormais, verticaux ou horizontaux, rivalisent en performances. Le débat se focalise notamment sur le rendement en jus, qui selon le type d’appareil varie entre 30 et 50 %. Mais quoi qu’il en soit, cela signifie qu’entre 50 et 70 % de résidus de légumes partiront au mieux au compostage, et au pire seront jetés dans les déchets ménagers. Non seulement nous fabriquons du gaspillage, mais nous nous privons sur le plan nutritionnel de substances intéressantes, à savoir les fibres alimentaires. Ces besoins ne sont pas couverts aujourd’hui ! Les femmes et les hommes en consomment en moyenne 19 et 21 g par jour selon une étude INCA datant de juillet dernier, alors qu’un minimum de 30 g par jour est conseillé.
C’est pourquoi, de mon point de vue, il est plus simple, plus sain, plus économique et plus écologique de couper une carotte en bâtonnets et de les croquer. Idem pour les radis, choux-fleurs, brocolis, céleris, etc. Un régime de verdure, pourquoi pas ? Plus naturel, bien évidemment, mais jusqu’à preuve du contraire l’homme du Paléolithique ne disposait pas d’extracteurs ! Alors, un peu de sérieux : les jus, c’est bien, les crudités, c’est mieux !
Et si vous ne pouvez résister à l’attrait d’un produit prêt à boire, optez s’il vous plaît pour un smoothie préparé à l’aide d’un blender (mélangeur-mixeur). Il suffit de choisir une base de légumes riche en eau pour obtenir une forme liquide à souhait. Concombre, tomate, pastèque… seront les bienvenus. En sus, un peu d’Allium (oignon, échalote), quelques fines herbes, et le tour est joué. Sans oublier la satisfaction de rendre compatibles le plaisir et la santé.