Dossier
Décoder ses déchets et mieux détoxifier son corps (3/5)
Selles, urines, sueur… tout ce que notre corps rejette parle de nous et de notre santé. Les organes chargés d'éliminer les toxines, appelés émonctoires, jouent un rôle majeur dans l'équilibre physiologique de l'organisme. Pour les conserver en bon état, et éviter par la suite de développer des pathologies, Plantes & Santé a recueilli les conseils de naturopathes, de médecins et d'homéopathes afin de nettoyer, purifier notre corps et de stimuler son bon fonctionnement.
Selles : le test
Pour la petite histoire, savez-vous que l’expression « Comment allez-vous ? » signifie à l’origine « Comment allez-vous à la selle ? », et ce depuis Louis XIV. Si aujourd’hui, la façon dont nous transformons notre nourriture est taboue, il n’en demeure pas moins que nos excréments sont chargés d’informations précieuses sur notre santé.
Nous aurions raison de leur accorder plus d’importance, tout comme nous commençons à avoir une autre vision de nos intestins depuis la sortie du best-seller de Giulia Enders en 2015. Cet organe a toute son utilité dans l’élimination de nos déchets organiques, mais aussi de toxines en tout genre. Dès que nous ingérons quelque chose, l’intestin grêle le réduit en bouillie et le malaxe. Le gros intestin, lui, se charge de décomposer ce qui n’a pas été assimilé grâce, entre autres, aux bactéries intestinales qu’il héberge. Ces déchets sont alors transportés vers la sortie par la contraction réflexe de muscles péristaltiques situés autour de l’intestin, et sortent sous forme de selles. De quoi se composent nos selles ? D’eau, de bactéries de la flore intestinale, de bile, mais aussi de fibres non digestes, de résidus médicamenteux ou encore d’additifs…
Rappelons que si cet émonctoire principal ne joue pas son rôle, le corps se décharge sur les portes de sortie secondaires (peau, muqueuse utérine, poumons…). Une constipation peut ainsi provoquer une langue chargée ou encore de l’acné. Avant de tirer la chasse, prenez donc le temps de décoder l’aspect de vos selles : la couleur, l’odeur et la forme. Naturellement, elles vont du brun au beige, mais le docteur Marc Perez décrypte d’autres cas de figure. « Une couleur jaune peut signaler une insuffisance de la vésicule biliaire, ou une hépatite si elles sont blanches. Du rouge indique la présence d’hémorroïdes ou de polypes, sauf si vous avez mangé de la betterave. Enfin, le noir peut résulter d’une hémorragie digestive, la plupart du temps due à la prise de médicaments anti-inflammatoires sur le long terme. » Notez que la prise d’antibiotiques ou une diarrhée peuvent bouleverser la palette de couleur. Aussi, des selles qui s’enfoncent rapidement dans l’eau contiennent probablement de la nourriture mal digérée. Lorsqu’elles remontent un temps à la surface, cela signifie qu’elles renferment du gaz issu des bactéries intestinales qui font bien leur travail.
Utiliser l’échelle de Bristol
L’échelle de Bristol répartit les selles en sept types, et permet de déterminer la cause d’une mauvaise élimination (faiblesse hépatique, émotions fortes, alimentation inadaptée). La selle idéale dotée d’un bon équilibre entre l’eau et les substances solides correspond au n° 4. Les selles sèches (n° 1 et 2) illustrent une constipation : il faudra une centaine d’heures pour les évacuer. Le type 7 représente une diarrhée (élimination en dix heures en moyenne).
Par ailleurs, si l’on a tendance à croire que les excréments dégagent forcément une odeur fétide, détrompez-vous. « Les odeurs nauséabondes ou acides sont souvent issues d’une mauvaise dégradation des protéines ou des hydrates de carbone dans le côlon », décrit la naturopathe Anne-Lise Dufour . Côté consistance, l’échelle de Bristol proposée en 1997 par le médecin Ken Heaton aide à déterminer les causes d’une mauvaise élimination. Ainsi, dans le cas de selles sèches quotidiennes illustrant un ralentissement de l’élimination fécale, « il faut faire le plein de fibres avec des légumes, de la salade, des céréales complètes, des fruits et boire beaucoup. Manger cru apporte des fibres rêches qui stimulent le réflexe péristaltique », détaille le naturopathe Christopher Vasey. On peut compléter avec du psyllium et des graines de lin qui gonflent au contact de l’eau et balayent les matières stagnantes de l’intestin.
Le massage active le transit intestinal
- Pour stimuler les muscles péristaltiques activateurs du transit intestinal, on peut masser son ventre le matin à jeun dans le sens des aiguilles d’une montre, et en commençant en bas à droite du ventre. Recherchez les tensions, palpez, appuyez doucement, des pressions légères suffisent à créer des mouvements internes et à relancer le transit.
- En cas de diarrhée, vous pouvez effectuer ce même massage, mais dans le sens inverse ! Aussi, les adeptes de médecine chinoise peuvent se faire masser selon la technique chi nei tsang. Pratiqué depuis des millénaires, ce massage taoïste prend soin du ventre sous tous ses aspects : physique, énergétique, émotionnel et il permet de faire circuler l’énergie stagnante et d’aider à l’éliminer.
Sans même évoquer le déséquilibre du microbiote qui joue sur la paresse intestinale, il est possible de rééduquer son intestin en douceur plutôt que d’utiliser certaines plantes comme le séné, à l’effet diarrhéique violent. « Je préfère la bourdaine et la mauve en teinture mère avec de l’eau le soir pour sentir l’effet laxatif au matin », poursuit Christophe Vasey. Car ne pas aller à la selle quotidiennement mène à un inconfort général et peut provoquer des pathologies. « L’idéal, c’est d’y aller une à deux fois par jour », précise Christophe Vasey.
Trois façons de stimuler le foie
Sans un chef d’orchestre opérationnel, pas d’intestins efficaces ! En effet, c’est parce que le foie produit la bile que la vésicule biliaire lubrifie les parois de l’intestin, permettant aux selles de bien s’évacuer. En cas de faiblesse de cet organe (notamment par le constat de selles de couleur jaune), voici trois solutions naturelles pour le stimuler.
- Prendre une cuillère d’huile d’olive à la propriété lubrifiante avec 15 gouttes de jus de citron, frais assainissant, le matin à jeun pour stimuler la bile.
- Poser une bouillotte sur la zone du foie après les repas durant quarante minutes environ. Comme ce dernier fonctionne entre 40 et 41 °C, un petit coup de chaleur est le bienvenu.
- La teinture mère de pissenlit prise le matin et le soir, deux fois par jour, pendant quinze jours exerce une fonction hépato-drainante. En cas d’hépatite, préférez plutôt le desmodium qui favorise la régénération des cellules du foie.
D’autre part, certaines plantes aux propriétés émollientes et adoucissantes, telles que la guimauve ou la mauve sylvestre vont aider les selles à glisser vers le rectum, et la pratique de massages du ventre, d’exercices abdominaux ou de respirations profondes vont activer le péristaltisme intestinal. Aussi, pensez aux diètes ! « De temps en temps il faut savoir mettre le tube digestif au repos, explique Marc Perez. Par exemple, diner tôt et peu le soir et manger le lendemain midi laisse dix-sept heures à votre système digestif pour éliminer ! » Une monodiète de bananes, pommes ou ananas permet aussi une digestion plus rapide et augmente la fréquence d’élimination. Pour les plus aventureux, Anne-Lise Dufour conseille l’hydrothérapie du côlon et (ou) la pratique de lavements. Ces derniers sont à réaliser chez un professionnel pour l’hydrothérapie ou à la maison pour les lavements, en suivant les conseils d’un naturopathe. Votre intestin vous remerciera !
Cataplasme d’huile de ricin
La naturopathe Anne-Lise Dufour préconise l’huile de ricin en cataplasme sur le ventre, pour son effet détoxifiant et anti-inflammatoire. Selon l’experte, ce dernier permet une libération et une remise en circulation des toxines, mais aussi leur élimination par les émonctoires. Cette huile est aussi très utile en cas de constipation, de douleur abdominale, d’inflammation des intestins, d’intoxication aux médicaments, mais aussi dans les cas de crises éliminatoires lors d’un jeûne ou d’une cure par exemple.
Ingrédients 1 tissu assez long ou une gaze • Huile de ricin • 1 bouillotte.
Méthode 1. Imbiber la gaze avec une quantité généreuse d’huile de ricin et appliquer sur tout le ventre. 2. Enrouler de film alimentaire ou d’un autre tissu sec. 3. Déposer par-dessus une bouillotte tiède ou chaude pour renforcer l’action du cataplasme. Maintenir trente minutes à une heure trente.