Programme Agriex :
identifier de nouveaux actifs dans les végétaux corses
Trois questions à Félix Tomi, professeur en chimie biomasse au sein du laboratoire Sciences pour l’environnement (université de Corse/CNRS) et coresponsable du programme Agriex, qui œuvre à la valorisation de plantes spécifiques à la Corse.
Plantes & Santé Comment est organisé votre groupe de recherches sur les végétaux ?
Félix Tomi Avec mes collègues, nous raisonnons sur le produit de départ : il peut s’agir d’huiles essentielles ou végétales, d’extraits végétaux, d’extraits au solvant, d’extraits par pression à froid ou encore d’extraits d’origine marine, comme les algues. Nos travaux visent plusieurs objectifs : le développement des méthodes d’analyse appliquées aux mélanges complexes naturels, la normalisation des huiles essentielles – sachant que leur composition chimique est variable – et l’étude de la biodiversité végétale insulaire et méditerranéenne. Nous observons aussi les relations entre les propriétés des plantes et la nature de leurs constituants (activité biologique, molécules parfumantes et odorantes), ainsi que l’interaction entre odeur florale et attraction des insectes pollinisateurs (écologie chimique).
P. & S. Quelle est votre spécialité ?
F. T. Au sein de l’unité de phytochimie, je me consacre à l’identification des molécules. Mes recherches se situent très en amont. On me fournit un « mélange complexe », avec plusieurs types de molécules aux fonctions chimiques différentes. Mon but, c’est de les isoler, pour mieux connaître l’huile essentielle et ainsi la valoriser, voir s’il y a une certaine originalité chimique, ou encore repérer s’il y a des composés atypiques ou nouveaux. Cela permet de bien caractériser le mélange sur lequel vont ensuite être réalisées des recherches biologiques.
P. & S. Comment évolue le projet Agriex ?
F. T. La filière de production d’huiles essentielles existe depuis vingt-cinq ans, il y a beaucoup de demandes et elle fonctionne bien ; le projet Agriex en a découlé. De son côté, la filière cosmétique, plus récente, a plus de mal à se structurer, car la dizaine d’entreprises privées qui travaillent sur des marchés de « niche » sont petites. En outre, elles doivent composer avec des règles de mise sur le marché et des tests de toxicologie qui créent des contraintes fortes. Compte tenu de cet environnement économique, une vingtaine de chercheurs et moi-même essayons d’aider les fabricants de cosmétiques en identifiant de nouveaux actifs dans les végétaux terrestres comme marins – les algues ont notamment des propriétés très intéressantes. Nous œuvrons également à développer l’aspect médicinal par le biais de collaborations. C’est la philosophie de notre projet : diversifier les filières issues du végétal en trouvant de nouveaux débouchés aux produits issus du territoire insulaire.