COP 24 :
Une réussite diplomatique,
mais pas écologique
Vu le contexte social, la France n’a que très peu parlé de la COP 24. Pourtant, si cette réunion annuelle a permis d’élaborer et d’adopter des mesures visant la mise en place de l'Accord de Paris, elle n’a pas été à la hauteur des enjeux.
La 24ème Conférence pour le climat (COP24) s’est tenue du 2 au 15 décembre dernier à Katowice, région charbonnière polonaise. Ce rendez-vous pour le climat a permis d’établir des règles pour concrétiser les mesures prises dans le cadre de l’Accord de Paris – accord signé en 2015 à l’issu de la COP 21 qui prévoit de limiter à 2°C la hausse du réchauffement climatique d’ici à la fin du siècle.
Chaque pays est reparti avec une feuille de route lui permettant d’appliquer l'accord concrètement et un manuel pratique (appelé « rulebook ») d’une centaine de pages a été rédigé à destination de l’ensemble des États signataires. Composé essentiellement d’alinéas extrêmement techniques, il prévoit tout de même une flexibilité pour les pays en voie de développement. Et 24 pays dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont signé une « coalition pour la haute ambition » pour signifier leur engagement à revoir à la hausse les efforts consentis pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Quid de l’avis des experts ?
Mais, même si elles n’ont pas suscité beaucoup de débat en France en raison du contexte social, ces réponses ne sont pas à la hauteur des attentes des militants écologiques. En effet, il y a quelques semaines le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a appelé les États à ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement et à diviser par deux leurs émissions d’ici à 2030. On pouvait donc s’attendre à ce que les États revoient leur copie. Il n’en n’est rien : ils s’en sont tenus aux objectifs fixés trois ans plus tôt.
« Les Etats ont même été incapables de trouver un consensus pour accueillir favorablement ce rapport du GIEC, qu’ils avaient pourtant eux-mêmes commandé lors de la COP21, et faire de la science l’arbitre de leurs décisions » regrette GreenPeace.
La COP2 24 ne convainc donc pas les écolos. Et pour cause, Martina Holbach, chargé de campagne Climat et Finance pour Greenpeace Luxembourg regrette qu’« un fossé se creuse dangereusement entre la réalité du changement climatique décrite par la science, avec ses conséquences dramatiques pour les populations dans certaines régions du monde, et l’action politique. »
Un discours pour l’avenir
Cette année, le discours que l’on retiendra n’est d’ailleurs pas celui d’un acteur ou d’une personnalité publique engagée pour l’environnement, mais celui d’une adolescente. À quinze ans, Greta Thunberg, collégienne déjà très active dans la défense pour la planète a tenu une tribune militante et engagée devant les représentants internationaux réunis à Katowice.
Celle qui, tous les vendredis, troque son cartable contre des panneaux pour manifester devant le Parlement de Stockholm pour réclamer des mesures contre le réchauffement climatique a porté haut la voix des enfants de la Terre. Un discours qui nous rappelle que s’engager pour le climat c’est aussi s’engager pour les générations futures.
Voici un extrait de son discours :
« Vagues de chaleur, inondations, ouragans tuent des centaines de personnes et dévastent des communautés du monde entier. Mais à quoi bon connaître les faits si les adultes les ignorent. […] Vous dites que vous aimez vos enfants plus que tout, mais vous détruisez leur futur devant leurs yeux. […] En 2078, je célèbrerai mon 75e anniversaire, et si j'ai des enfants, ils fêteront peut-être ce jour avec moi. Peut-être qu'ils me parleront de vous, qu'ils me demanderont pourquoi vous n'avez rien fait quand il était encore possible d'agir […]. »