Décompte
La vraie liste des fleurs menacées de disparition
Pour la première fois, la menace pesant sur les plantes vasculaires (celles à fleurs, fougères et conifères) a été évaluée : 15 % des 4 982 espèces de plantes indigènes de France métropolitaine risquent de disparaître, selon l’étude réalisée par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN France), la Fédération et le réseau des conservatoires botaniques nationaux, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).
« Ces résultats marquent une nouvelle étape dans la réalisation de la liste rouge des plantes en France. Ils montrent que 421 sont menacées d’extinction et 321, en voie d’extinction », souligne Alexandre Reteau, chargé de communication du Conservatoire botanique des Pyrénées et de Midi-Pyrénées. L’étude acte, en outre, la disparition de 22 espèces, dont la Violette de Cry ou la cotonnière négligée.
Parmi les causes identifiées, on trouve la modification des milieux naturels par les activités humaines, que ce soit à travers l’intensification de l’agriculture ou à cause de l’étalement urbain. Depuis cinquante ans, 50 % des zones humides ont ainsi disparu ; certains végétaux qui y sont inféodés – le panicaut vivipare ou l’aspirante d’été, sur les tourbières – sont menacés d’extinction. De même, avec le recul du pastoralisme, 30 % des prairies se sont effacées du paysage, alors qu’elles accueillaient beaucoup d’espèces comme la gentianelle. L’industrialisation de l’agriculture a changé la nature des sols au détriment des fleurs messicoles (des champs), et près de 23 % d’entre elles, comme la nigelle des champs, sont en danger critique. « Ce sont des alliées des pollinisateurs, qui trouvent chez elles le gîte et le couvert entre deux grandes périodes de floraison », explique Alexandre Reteau. Ces plantes sont agressées par les herbicides et la pratique d’un labour profond qui les empêche de germer. De plus, le morcellement des milieux appauvrit leur patrimoine génétique.
« Notre objectif premier, c’est la préservation des milieux naturels », précise le responsable. Par exemple, les conservatoires botaniques accompagnent les associations de cueilleurs de plantes médicinales sur des cueillettes durables de grande gentiane ou d’arnica, des espèces vulnérables. « Il est encore possible d’agir », nous rappelle-t-il.