Apithérapie
Le traitement au venin d’abeille en 5 questions
Le traitement au venin d’abeille arrive sur le devant de la scène. Souvent décrié, voir interdit dans certains pays, le venin d’abeille vient d'apparaître dans une étude australienne comme un traitement contre une forme particulièrement agressive du cancer du sein. Mais qu’est-ce qu’implique la thérapie au venin d’abeille ? Réponse avec Roch Domerego* naturopathe spécialiste en apithérapie et auteur du livre "La thérapie au venin d’abeille”.
Plantes & Santé : Comment avez-vous accueilli la récente étude démontrant les effets du venin d’abeille sur le cancer du sein “triple-négatif” ?
Roch Domerego : Je trouve très positif que cette étude ait été mise en lumière par les médias et le monde scientifique. Outre l’avancé faite sur le cancer du sein, grâce à cette publication, ce sont les bénéfices thérapeutiques du venin d’abeille qui sont reconnus à leur juste valeur. Plusieurs études ont déjà été menées sur l’activité de la mélittine (molécule composante du venin d’abeille) sur les cellules cancéreuses et tumorales, mais également dans le traitement des carcinomes et des mélanomes. Depuis des années en France, des thèses de doctorat en pharmacie sur ce thème ont été publiées. Il est temps que le monde médical français se penche sur cette solution, car les études sont là, vérifiées et bien réelles. Il faut ouvrir les yeux et accepter des pratiques qui existaient déjà au temps d’Hippocrate, père de la médecine, mais aussi à l’époque de Charlemagne.
Découverte
Une étude australienne dirigée par le Dr Ciara Duffy, publiée ce 3 septembre a démontré l’efficacité du venin d’abeille contre le cancer du sein “triple négatif” qui jusqu’à présent répond mal au traitement classique. Les essais sont encore au stade de l’expérimentation animale mais montrent des résultats encourageants, en particulier couplés à la chimiothérapie.
Plantes & Santé : Mais au niveau physiologique, le venin d’abeille comment ça marche ?
Roch Domerego : Le venin d’abeille intègre différents composants, 300 environ, comme le phospholipase A2, et la mélittine, qui ont de manière générale des propriétés pro-inflammatoires. Ces propriétés induisent le développement et l’augmentation de l'afflux sanguin. Une phase dite aiguë qui est réparatrice et essentielle pour la guérison d’une maladie chronique. La mélittine est hyper-inflammatoire, antimicrobienne et elle peut avoir un impact sur la membrane cellulaire, d’où son effet oncologique. Mais ce n’est pas tout ! Le venin d’abeilles se compose également de 3 % d’huiles essentielles selon mes propres études en cours, et on n’est pas sans connaître les propriétés médicinales de ces molécules aromatiques sur le corps.
Plantes & Santé : Dans notre imaginaire collectif, le venin d’abeille est dangereux, quels en sont les véritables risques ?
Roch Domerego : Le monde dans lequel nous vivons est très stérilisé. Les médias, ainsi que la sphère médicale, se sont mises à parler d’allergie quand souvent ce ne sont que des réactions inflammatoires au niveau local. Bien évidemment, certaines personnes sont réellement allergiques et développent des œdèmes de Quincke qui peuvent être mortels. Ils ne sont que 7 sur 1000. Le venin d’abeille comme tous les médicaments peut être allergène. Et sa synthétisation – on parle ici tout particulièrement de la mélittine – comme le propose l’étude australienne sur le cancer du sein, n’est pas réellement une solution, vu que la mélittine est l’oligopétide responsable de cette réaction histaminique.
Plantes & Santé : Pourquoi a-t-on peu ou pas recours à ce produit naturel en France ?
Roch Domerego : La réponse est simple, son administration est interdite. Un médecin ou un naturopathe peut être radié de l’ordre des médecins pour pratique illégale de la médecine et pratique illégale de la formation. Il existe en France des praticiens qui malgré l’interdiction, prodiguent ce genre de soin pour aider leurs patients en toute illégalité. Pourtant la bee venom therapy est une pratique courante dans d’autre pays comme la Chine où bon nombre d’hôpitaux procèdent à l’installation de ruches sur leurs toits afin de traiter directement leurs patients avec des piqûres. Au Japon, il existe des cliniques spécialisées, aux USA 400 médecins et thérapeutes composent The American Apitherapy Society et utilisent le venin d’abeille à des fins thérapeutiques. La France, influencée surement par ses lobbies pharmaceutiques est peu encline à s’orienter vers la médecine plus naturelle et moins industrielle.
Plantes & Santé : Le venin d’abeille peut-il être utilisé pour traiter d’autres maladies que le cancer ?
Roch Domerego : Évidemment ! Son efficacité au niveau des problèmes d’articulation, et des douleurs liées à l’arthrite a également été prouvée. Il peut aussi contribuer au traitement de chéloïde (cicatrice résultant d’une excroissance du derme au niveau d’une blessure guérie ndlr) et des plaies dévascularisées. Il existe même une étude russe faite par Igor Krivopalov-Moscvin qui fait état des bénéfices du venin d’abeilles dans des cures de désintoxication des drogues dures et de l’alcool. C’est dans toutes ces déclinaisons de traitements possibles que l’on remet en perspective le médicament et le poison : tout est dans la dose.
Apinarcotherapy Method Innovating Alcohol Addiction Treatment by Means of Bee Venom https://www.apimondia.com/docs/congress/2001/Papers/199.pdf