Dossier
Menaces sur la flore médicinale sauvage (1/3)
Dans un contexte de destruction des milieux et du changement climatique, la surexploitation des médicinales et des aromatiques sauvages n'est pas sans poser des problèmes. L'occasion de s'intéresser de plus près au rôle joué par la cueillette, une activité qui implique des opérateurs d'horizons divers. Certains s'engagent pour faire avancer les choses et préserver la ressource. Non sans difficultés.
Une gestion chaotique de la flore
Quand on parle de menaces sur la biodiversité, l'image qui nous vient est souvent celle d'animaux emblématiques comme l'abeille ou le pangolin. Pourtant, les plantes sauvages ont de quoi s'inquiéter. Changement climatique, artificialisation des sols, surexploitation et autres pressions humaines touchent de plein fouet le règne végétal. Les plantes aromatiques et médicinales ne sont pas épargnées. Ainsi, un rapport de 2018 de l'ONG Traffic indique qu'à l'échelle mondiale, 60 à 90 % d'entre elles sont issues de la cueillette. Une activité encouragée par la quête grandissante de produits naturels, sains et authentiques. Un indice : entre 1999 et 2018, le commerce de plantes sauvages médicinales, à parfum et aromatiques aurait été multiplié par trois.
La mondialisation a facilité cet essor. Il n'y a plus rien d'étonnant à disposer chez soi d'huile d'argan, d'huiles essentielles d'ylang-ylang et de ravintsara, de compléments alimentaires au guarana ou autres végétaux cueillis bien loin. Combien de plantes médicinales sauvages sont en danger ? Difficile à dire. Sur les quelque 28 000 espèces connues, on a une véritable idée du niveau de la menace pour seulement 7 % d'entre elles, estime l'ONG Traffic. Autrement dit, pour les 93 % restantes, nous ignorons si elles sont en danger critique ou si elles se portent comme un charme. Toujours est-il que parmi les plantes évaluées, 723 espèces seraient menacées d'extinction.
Pour protéger la flore, on peut déjà compter sur les réglementations, qui s'entrecroisent aux échelles internationale, nationale et régionale. Ainsi une plante protégée dans un pays ne le sera pas forcément ailleurs, même si sa population globale diminue : c'est le cas de la gentiane jaune, protégée en Allemagne mais qu'on peut arracher dans certains départements français. L'arbousier est protégé en Bretagne, tandis que le caroubier, intouchable sur tout le territoire métropolitain, peut être cueilli sur autorisation ministérielle. Car oui, même des espèces protégées peuvent faire l'objet de dérogations. Dans un contexte général d'érosion de la biodiversité, comment faire que la cueillette soit durable ?
La rhodiole ou orpin rose, une espèce sensible
Promue pour soigner des affections aussi diverses que la dépression, la fortification ou la lutte contre le vieillissement, la rhodiole pousse dans une poignée de stations des Pyrénées, des Alpes et des Vosges. Rare et protégée en Alsace, elle fait partie des espèces sensibles ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) en Auvergne-Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Alsace.