Cannabis thérapeutique : où en est-on ?
Plus d’un an après la publication du décret autorisant l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France, les Assises du cannabis thérapeutique, impliquant l’ensemble des acteurs, auront lieu ce jeudi 16 décembre au ministère des Solidarités et de la Santé. Une occasion de faire un premier bilan et de définir les orientations à donner à l’utilisation du cannabis médical dans l’Hexagone.
Organisées par Santé France Cannabis, qui rassemble des acteurs de la future filière (des producteurs aux laboratoires pharmaceutiques), les Assises du cannabis thérapeutique vont réunir pour la première fois des professionnels du secteur, des institutions comme l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), des médecins et des patients participant à l’expérimentation. « Le but de ces assises est d’ouvrir un espace de parole commun pour tous les acteurs concernés afin de faire un point de mi-parcours et de continuer à construire ensemble les modalités de la potentielle généralisation en France de l’usage médical du cannabis en 2023, objectif de l'expérimentation », explique Frantz Deschamps, président de l’association.
Ces assises interviennent après que l’ANSM a annoncé l’inclusion du millième patient et d’un peu plus de mille professionnels de santé formés dans l’expérimentation. Parmi les malades, ce sont ceux touchés par des douleurs neuropathiques, par des problèmes de spasticité liée à la sclérose en plaques et par certaines formes d’épilepsie qui sont les plus représentés. Cependant, environ 20 % des patients suivi ont arrêté : « Définir la dose la plus efficace et la mieux tolérée par les patients est l’un des enjeux cliniques de cette expérimentation. Le cannabis médical pourrait représenter une véritable chance pour certains patients qui souffrent intensément sans traitement efficace », explique Nicolas Authier, médecin et président du comité scientifique temporaire de suivi de l’expérimentation de l’ANSM. Cette question sera d’ailleurs couverte lors des assises, « Nous ne laissons pas de côté les questions de sécurité médicale, notamment concernant les profils phytochimiques pour que soit définie une meilleure standardisation des molécules avec comme objectif un meilleur encadrement thérapeutique », assure Frantz Deschamps.
Ouvrir à plus de patients
Certes, on est encore loin de l’objectif des 3 000 patients prévus dans le décret d’autorisation, mais Frantz Deschamps ainsi que l’ANSM se veulent confiants. L'institution chargée de l'expérimentation souligne d’ailleurs avoir déjà fait évoluer le cadre de cette dernière pour favoriser l’accès des patients « à un traitement innovant » et la mobilisation des professionnels de santé. Ainsi, la durée de formation a été réduite, il n’y a plus de quota de patients par médecin, les sommités fleuries à vaporiser ont été mises à disposition et parmi les critères d’inclusion ont été ajoutés les soins palliatifs liés à des cancers.
Enfin, l’ANSM a accordé en novembre le premier agrément autorisant une société de biotechnologies à entamer un programme de recherche et développement sur le cannabis médical. « Ces assises ont également pour objectif de faciliter et d’accélérer la mise en place et l’encadrement d’une filière française agro-santé en France en favorisant le dialogue entre toutes les parties prenantes afin de conserver une souveraineté nationale », souligne le président de Santé France Cannabis. Espérons tout de même que ces conditions d’expérimentation complexes ne retarderont pas le planning initialement prévu et qui prévoit que l’on puisse tirer de vrais enseignements pour les malades dès janvier 2022.