Dans les coulisses de la culture de cannabis à CBD
La société Agrican est, cet automne, en pleine récolte de son cannabis « bien-être » à partir duquel un extrait de CBD 100 % français est obtenu. L’occasion de mieux appréhender les différentes étapes de cette culture très convoitée qui occupe désormais une ancienne roseraie.
À une vingtaine de minutes en voiture de Lille, Agrican Company cultive, depuis maintenant deux ans, du cannabis « bien-être ». Si le lieu n’est pas secret, les exploitants préfèrent tout de même rester discrets : bien que la culture de ce chanvre pauvre en THC soit légale, des vols risquent d’être perpétrés. En effet, ce cannabis « bien-être » suscite des convoitises, qu’il s’agisse des parcelles extérieures, des 7 500 m² de serre où les plants reçoivent les meilleurs soins (température, luminosité, hygrométrie) ou surtout des équipements adaptés au séchage, au tri et à l’extraction des cannabinoïdes.
Une variété de cannabis riche en CBD
« Il y a deux ans, nous avons acheté ces terres à un horticulteur », confie Paul Bleuchot, fondateur d’Agrican Company. À la place des rosiers, des milliers de plants de chanvre les occupent désormais : certains arborent un port élancé, d’autres ont la forme d’arbustes à la ramure sphérique. Plusieurs variétés sont cultivées, toutes choisies pour leur taux élevé en CBD, à l’instar de la variété Kompolti. Sachez que les graines de cette dernière sont commercialisées à destination du grand public par l’association Kokopelli qui précise cependant sur son catalogue que « les particuliers n’ont plus le droit de cultiver, pour leur propre consommation, des plantes de cannabis même si la teneur en THC est inférieure au taux légal ». Et le distributeur de semences militant d’expliquer : « Nous continuerons à proposer, en toute dissidence, des semences de chanvre CBD. »
Après la culture des boutures en nurserie, le cycle de la plante dure seulement trois mois dans les serres d’Agrican Company. Des essais sont encore en cours pour trouver les meilleurs paramètres de culture. La floraison intervient dès le deuxième mois et dure entre trois semaines et un mois. « Après la récolte, nous trions les fleurs et les feuilles, puis c’est le moment du séchage qui doit se faire dans l’obscurité sinon la plante perd ses principes actifs », détaille Paul Bleuchot qui est aussi directeur de culture cannabis médical pour une entreprise basée au Portugal. Grâce aux serres, deux ou trois autres récoltes auront lieu dans l’année pour un total d’environ 2 tonnes de fleurs récoltées.
Totum de cannabinoïdes
Au cours de leur développement, les fleurs de cannabis fabriquent d’abord du cannabigérol (CBG), le cannabinoïde souche à partir duquel tous les autres cannabinoïdes sont fabriqués par la plante. Dans l’extrait de CBD produit par Agrican Company, le CBG est présent et interagit avec le CBD et les autres cannabinoïdes pour une meilleure activité thérapeutique. « On parle d’“effet d’entourage” dans le milieu du cannabis, l’équivalent du totum en phytothérapie », commente Antoine Alibert, l’un des principaux clients d’Agrican Company et créateur de la marque de produits au CBD Tilyo.
Alors que de nombreux distributeurs français se tournent vers des produits à base d’isolat de CBD afin de réduire à néant le risque d’y trouver du THC, Antoine Alibert recherchait pour ses produits un extrait dans lequel d’autres cannabinoïdes de la plante sont présents. Une qualité qui intéresse notamment les professionnels de santé, comme les naturopathes et les sophrologues. Ces professionnels, à l’instar de consommateurs de plus en plus nombreux, sont également sensibles au made in France, à ce jour très rare dans la filière du CBD.