Homéopathie et plantes : la belle alliance
Les plantes sont au centre de l’homéopathie. Mais quelle est la spécificité de cette médecine par les plantes ? Médecins et experts en homéopathie nous donnent les clés pour mettre à profit cette pratique médicale bien spécifique ainsi que des exemples sur la façon de l’utiliser en cas de problème ponctuel.
L’homéopathie a été théorisée au début du XIXe siècle par le docteur allemand Samuel Hahnemann. Les racines grecques du mot, homoeion (semblable) et pathos (souffrance, maladie), nous révèlent l’un de ses principes fondateurs : la similitude. À l’origine de cette médecine, on retrouve une plante, le quinquina (Cinchona officinalis). La consommation de l’écorce de cet arbuste peut provoquer de la fièvre chez une personne saine, mais la faire baisser chez un patient atteint de paludisme. C’est sur la base de ce principe, et de recherches faites par la suite, que le Dr Hahnemann posa les bases de l’homéopathie. Les plantes ont toujours occupé une place importante dans l’homéopathie. Au point que celle-ci se fasse souvent surnommer la « médecine par les plantes ». Néanmoins, comme le rappelle le Dr Albert-Claude Quemoun, médecin homéopathe et coauteur du livre Phytothérapie et homéopathie : conseils et associations possibles, cette dénomination est en partie erronée : « L’homéopathie n’utilise pas que des plantes. Elle propose également des souches issues de substances d’origine minérale et animale. »
Utiliser les plantes toxiques en homéopathie
Reste que 60 % des souches homéopathiques sont d’origine végétale. Mais quelle que soit la nature des souches homéopathiques, un deuxième principe fondateur s’applique, à savoir : la dilution infinitésimale. « Les souches (les teintures mères d’origine) sont d’abord diluées plusieurs fois dans de l’eau, puis ensuite secouées. On appelle ce processus la “dynamisation”. Les médicaments homéopathiques ont ainsi une dimension plus subtile », explique Nelly Segur, responsable qualité chez Weleda, entreprise spécialisée aussi bien en produits de phytothérapie que d’homéopathie.
De plus, les dilutions ont pour conséquence que la matière médicale de départ n’est plus là qu’à l’état de trace. De ce fait, l’homéopathie peut proposer dans sa pharmacopée des plantes toxiques écartées de la phytothérapie. « En utilisant une plante toxique comme la belladone ou le colchique en quantité infime, on peut contrôler ses effets sur l’organisme en respectant la loi de la similitude, et donc mieux cibler et affiner la prescription sans mettre en danger le patient », explique le Dr Quemoun.
Bien sûr, d’autres plantes moins nocives sont aussi exploitées par l’homéopathie pour leurs propriétés thérapeutiques connues. C’est le cas notamment de l’arnica qui est très efficace en cas d’hématome, que cela soit sous forme de gel homéopathique ou de granules. « Cependant, il y a les bleus du corps d’une part, et les bleus de l’âme d’autre part, précise le médecin homéopathe, la personne qui a un accident de voiture va être affectée physiquement, mais aussi psychiquement. L’arnica, en homéopathie, peut alors jouer sur les deux tableaux. »
Une teinture mère, quésaco ?
Une teinture mère est obtenue par macération du végétal dans l’alcool. « Elle se fait avec des plantes fraîches dans le cas de l’homéopathie, et plus souvent avec des plantes sèches en phytothérapie », détaille Nelly Segur. En homéopathie, la teinture mère est ensuite diluée et dynamisée pour fournir un médicament homéopathique.
L’homéopathie, une médecine globale
La personnalisation du traitement est aussi très importante dans l’homéopathie. En effet, il ne faut pas oublier le troisième principe qui consiste à soigner l’individu dans sa « globalité », et non à traiter uniquement la maladie. « L’abord homéopathique est individualisé, c’est vraiment sa spécificité. Si bien que pour chaque patient, il y a une ou plusieurs “plantes phares” qui lui conviennent, qui résolvent ses soucis récurrents, développe Hélène Renoux, médecin homéopathe. C’est pourquoi une solution qui semble parfaite pour l’un est complètement inopérante pour l’autre… » Mais alors, comment savoir si on est plus sensible à certaines plantes qu’à d’autres ? Il faut généralement passer par la case médecin homéopathe. Celui-ci vous soumettra à un long questionnaire :« Il faut connaître l’ensemble de l’individu, du point de vue physique, ses problèmes de santé récurrents, mais également se renseigner sur son comportement. Autrement dit, il faut déterminer son profil pour cibler son terrain », explique le Dr Quemoun.
Se soigner grâce aux plantes en homéopathie
On pourra toutefois avoir dans la pharmacie familiale certaines souches communes afin de faire face à des problèmes de santé « aigus » (chocs, grippe, stress ponctuel), et ce sans que le terrain ait besoin d’être pris en compte. « Il est cependant important de préciser que l’automédication doit suivre quelques règles de prudence, insiste le Dr Renoux, comme éviter les dilutions homéopathiques trop élevées qui ont une action profonde. Ainsi, mieux vaut privilégier les dilutions 5, 7 ou 9 CH et éviter les prises prolongées, car un souci ponctuel doit se résoudre rapidement. » Pour le traitement de pathologies chroniques, seul un médecin homéopathe saura optimiser le choix des teintures mères végétales et leur dilution.
7 plantes courantes de l'homéopathie
En cas de pathologie « aiguë » ou momentanée, voici quelques conseils d’utilisation pour sept souches végétales courantes.
- Belladonna (belladone) : est une plante toxique. Son principal principe actif, l’atropine, provoque, à haute dose, l’assèchement des muqueuses, la dilatation des pupilles, l’augmentation de la température, de la température et de la transpiration, voire des hallucinations. Sous la forme de médicament homéopathique, elle va justement agir contre la fièvre, les inflammations ou les bouffées de chaleur dues à la ménopause. Pour lutter contre une fièvre accompagnée de transpiration, il est conseillé de prendre 2 granules en 7 ou 9 CH trois fois par jour, sur quelques jours seulement.
- Arnica (arnica des montagnes) : aussi appelée « plantes aux coups », l’arnica possède des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires utilisées aussi bien en homéopathie qu’en phytothérapie. En homéopathie, elle peut notamment agir contre les courbatures musculaires dues à une grippe en prenant 2 granules en 9 CH trois fois par jour. Pour un traumatisme psychique ou physique, il est possible de prendre en dose unique de 10 granules en 15 CH.
- Bryonia (bryone) : le navet du diable, aux fleurs et racines blanches et aux baies rouges, est extrêmement toxique. Bryonia est néanmoins une des souches végétales phares de l’homéopathie. Elle est utilisée contre les douleurs aggravées par le moindre mouvement et améliorées par le repos, telles que les rhumatismes. Elle agit également contre la toux et la fièvre accompagnées d’une sécheresse buccale entraînant une soif intense. Dans ce cas, il peut être judicieux de prendre 2 granules en 7 ou 9 CH, trois à quatre fois par jour. Dès qu’une amélioration se fait sentir, passer à deux fois par jour, jusqu’à ce que les symptômes disparaissent complètement.
- Nux vomica (noix vomique) : est aussi toxique. Riche en strychnine, elle provoque une véritable tétanie qui peut entraîner la mort par asphyxie à la suite de la contracture du diaphragme. Mais, en homéopathie, elle va servir à limiter tout type d’excès (alcool, hyperactivité, nourriture…). Elle va également aider à limiter les conséquences si excès il y a. Ainsi, pour éviter le contrecoup d’un déjeuner trop copieux et trop arrosé, il peut être recommandé de prendre 2 granules en 9 CH en dose unique avant le repas.
- Echinacea (angustifolia ou purpurea) : est connue pour ses vertus immunitaires, en homéopathie et en phytothérapie. En solution homéopathique, elle permet ainsi d’affronter les attaques infectieuses qui fragilisent la réponse immunitaire. Pour accompagner les périodes à risque, prendre 2 granules en basse dilution (5 ou 6 CH par exemple) par jour. En cas de besoin, la prise peut être prolongée (2 à 3 semaines).
- Passiflora (passiflore) : utilisée généralement pour lutter contre les troubles du sommeil, mais aussi pour combattre l’anxiété et le stress. On choisira de prendre une dose unique de 3 granules en 9 CH pour enclencher l'endormissement.
- Gelsemium sempervirens (jasmin de Virginie) : autrefois utilisée pour ses vertus antinévralgiques, cette plante n’est plus recommandée en phytothérapie aujourd’hui. Très toxique à cause de ses alcaloïdes, elle n’est plus utilisée qu’en dilutions homéopathiques. Elle peut alors être indiquée contre certaines fièvres caractérisées par de la somnolence, des tremblements et une absence de soif malgré la température. Mais elle est surtout connue pour être la plante homéopathique du trac. Ainsi, avant un examen, pour gérer son stress, il est possible de prendre 2 granules en 9 CH la veille et 2 granules en 9 CH une heure avant un oral, un spectacle, etc.
Merci au Dr Quemoun, au Dr Renoux, et à l’expertise de Weleda.