De l'intérêt de fermenter les plantes médicinales
La fermentation des aliments – comme la lactofermentation – est connue pour ses précieuses vertus santé. Mais savez-vous qu'il est aussi possible de faire fermenter les plantes médicinales ? Ce procédé améliorerait leurs bienfaits.
La fermentation est un processus connu et utilisé par l'homme depuis des millénaires pour fabriquer du yaourt, du pain au levain ou du vin. L'idée est simple : mettre un aliment en contact avec une population de micro-organismes (bactéries, levures). Ces derniers transforment les composés des aliments en d'autres molécules, généralement bonnes pour la santé. Il est aussi possible de faire travailler les bactéries et levures directement présentes dans les aliments : la lactofermentation par les lactobacilles permet par exemple la fabrication de choucroute. Dans ce dernier cas, on ne contrôle pas les réactions enzymatiques ni les composés produits, puisqu'on prend la population de micro-organismes telle quelle.
Effets des micro-organismes
Dans notre intestin, on assiste aussi, lors de la digestion, à une fermentation plus ou moins optimale en fonction des bactéries de notre microbiote. Or, on peut l'améliorer en ingérant des plantes médicinales fermentées. En effet, certains de leurs composés, comme les polyphénols et les saponines, seront ainsi mieux absorbés par notre organisme car la fermentation les déleste de sucres qui freinent le passage de la muqueuse intestinale. Cet atout sera d'autant plus intéressant en cas de dysbiose intestinale caractérisée par un nombre réduit de lactobacilles et bifidobactéries.
Avec une souche bactérienne judicieusement choisie (principalement des lactobacilles), on va s'affranchir – en partie – de la variabilité du processus de fermentation intestinale, et amplifier l'action des molécules des plantes médicinales de façon contrôlée. C'est ce que certains laboratoires ont commencé à faire, en se basant sur des études scientifiques. L'une des souches les plus utilisées est Lactobacillus plantarum : elle permet notamment d'améliorer l'absorption et les effets antioxydants de la menthe ou du basilic. À ces effets s'ajoute une augmentation de l'action anticancéreuse pour la cannelle de Chine, par exemple.
Certaines plantes médicinales bénéficient plus que d'autres de ce traitement par fermentation microbienne. Les effets de leurs principes actifs phares en sont potentialisés. C'est notamment le cas des curcuminoïdes (curcuma), des withanolides (ashwagandha) et des polyphénols (aronia). D'autres plantes fermentées voient leur effet modulateur de l'immunité et anti-inflammatoire décuplé. Autre bienfait constaté, pour le moment uniquement en laboratoire : une meilleure absorption par voie cutanée. Ainsi, les tanins fermentés de certaines plantes (comme les ellagitanins présents dans les noix, baies et certaines médicinales) permettent d'obtenir l'urolithine A, qui pourrait servir d'alternative aux corticoïdes dans la prise en charge de la dermatite atopique (eczéma). Des données prometteuses…