Agriculture
Nouveaux OGM : rapport confisqué, chercheurs influencés
Depuis plusieurs mois, une bataille médiatique fait rage quant aux propositions récentes de la Commission européenne de déréguler les « nouveaux OGM » (dits NBT ou NGT). En France, le CNRS s'est publiquement positionné en faveur de ces derniers. Mais selon nos confrères de Reporterre, une de ses branches, l'Institut des sciences biologiques (INSB CNRS) serait allée un cran plus loin en « incitant fortement ses chercheurs à participer à cette prise de position politique ». Des sources internes au CNRS ont déploré un « lobbying agressif » de la direction, qui a notamment envoyé un e-mail invitant les chercheurs à prendre parti pour ces nouveaux OGM en leur fournissant des textes déjà rédigés et divers éléments prémâchant le travail pour une diffusion sur les réseaux sociaux.
Depuis début février, sur ces médias, des chercheurs issus de plusieurs laboratoires français ont ainsi pris parti en faveur des OGM NBT avec le hashtag #GiveGenesAChance (« donnez une chance aux gènes »). Une « campagne de communication » dénoncée par plusieurs spécialistes et observateurs qui déplorent le climat actuel sur le sujet, de nature à empêcher la tenue d'un vrai débat.
Par ailleurs, le rapport scientifique très attendu de l'Anses sur le sujet, dont la publication a été reportée au 6 mars, appelle à une meilleure évaluation de ces techniques. L'agence estime que la méthode actuelle pour apprécier les risques sanitaires et environnementaux des OGM NBT « n'est que partiellement adaptée à l'évaluation de ces nouvelles plantes ».
« Au CNRS, les chercheurs incités à faire la pub des nouveaux OGM », Reporterre, 12 février 2024.