Camomille romaine : et tout devient plus calme
Souvent confondue avec sa cousine la camomille allemande (Matricaria recutita) compte tenu de la similarité de leurs propriétés médicinales, la camomille romaine ou noble (Chamaemelum nobile) détient pourtant des vertus bien spécifiques. On la conseille en cas de troubles liés au stress (ulcère de l'estomac, intestins irritables, etc), et pour rééquilibrer le cycle féminin.
Malgré son nom, la plante n’a pas d’origine romaine. La camomille romaine fut nommée ainsi suite à sa redécouverte par le botaniste et médecin allemand Camerarius au XVIe siècle à Rome. Sur le plan botanique, on trouve deux types de camomille romaine : le cultivar stérile, à fleurs doubles – utilisé en herboristerie – et la camomille « sauvage » à fleurs simples au cœur jaune or, très semblable visuellement à la camomille allemande.
D’un point de vue médicinal, on peut utiliser les deux types botaniques, même si la camomille romaine sauvage dégage un parfum aromatique plus prononcé présent dans toute la plante et possède une efficacité légèrement supérieure. Chez la camomille allemande, l’arôme n’est présent que dans les capitules.
Un tonique amer pour améliorer sa digestion
Remède familial par excellence, elle convient à tout âge, que ce soit sous la forme de capitules frais, séchés ou d’huile essentielle appréciée pour sa très bonne tolérance cutanée, y compris chez les enfants. C’est dans ses capitules que se concentre tout son intérêt thérapeutique, même si des principes actifs sont présents dans l’ensemble de ses parties aériennes.
Le capitule est un type d’inflorescence caractéristique de la famille des Astéracées. On y trouve des lactones sesquiterpéniques, qui lui confèrent une forte amertume la classant parmi l’un de nos meilleurs toniques amers, ce qui en fait une plante incontournable pour toute la sphère digestive. En cela, elle est plus proche de la grande camomille (Tanacetum parthenium) que de la camomille allemande.
À sa qualité de tonique amer s’ajoutent ses effets antispasmodiques, analgésiques et anti-inflammatoires, qui font merveille en cas de digestion lente, de spasmes des voies digestives, d’inappétence, d’ulcères de l’estomac, de nausées dues à une indigestion ou maladie de Crohn. Des qualités que l’on retrouve chez la camomille allemande, avec une indication plus spécifique sur les ballonnements et les crampes intestinales.
>Petite précision : l’activité anti-inflammatoire des fleurs de camomille romaine provient de ses polysaccharides et non des azulènes et dérivés sesquiterpéniques, comme c’est le cas chez la camomille allemande, car elle n’en contient que de faibles quantités.
Une alliée contre le stress
Son action va être particulièrement efficace dans tous les troubles d’origine nerveuse, par exemple quand le stress bloque le mécanisme de la digestion. Ou dans des pathologies chroniques digestives liées à la sphère nerveuse, comme le syndrome de l’intestin irritable. La camomille atténue aussi les migraines provoquées par des difficultés digestives ou hépatiques. On retrouve ici sa parenté, au niveau de son profil biochimique, avec la grande camomille, spécialiste de la migraine.
À faire : contre ce type de malaises, il est conseillé de prendre une infusion de camomille romaine avant les repas. Laisser infuser cinq capitules secs dans une tasse d’eau bouillante pendant dix minutes (ne pas en mettre plus, sinon l’infusion deviendra imbuvable). Si la boisson est trop amère, tournez-vous vers la teinture mère, à raison de 40 à 60 gouttes deux à trois fois par jour. Pour les bébés et les jeunes enfants, l’infusion peut être versée dans le bain.
Soulager les douleurs du cycle menstruel
La camomille est toute indiquée pendant les règles, en cas de nervosité et de douleurs, du fait de ses propriétés antispasmodiques, anti-inflammatoires et calmantes. On l’utilise en cas de cycles irréguliers, règles difficiles, absence de règles ou pour rééquilibrer un flux menstruel perturbé.
À faire : pour atténuer ces maux féminins, on peut utiliser l’infusion de camomille noble accompagnée d’achillée millefeuille (Achillea millefolium) ou pratiquer un massage du bas ventre avec l’huile de macération – une préparation que l’on peut facilement réaliser soi-même :
Faire donc macérer, dans un pot filtrant la lumière, 30 g de capitules séchés de camomille romaine dans 150 ml l’huile d’olive. Recouvrir d’une gaze, mais ne pas fermer le bocal. Chauffer à 38-40 °C maximum pendant sept à dix jours ou, si le soleil est très chaud, laisser le pot au soleil en le protégeant des rayons UV. Filtrer en pressant bien les fleurs. Appliquer plusieurs fois par jour, additionné de quelques gouttes d’huile essentielle de camomille romaine ou allemande.
Contre-indications
Ne pas associer la plante aux médicaments anticoagulants en raison de la présence de coumarines. À éviter pendant la grossesse. Ne pas utiliser en cas d’allergie à la famille des Astéracées.
A lre aussi : Quelle camomille pour quelle allergie ?
Sources
- “Octulosonic acid derivatives from Roman chamomile (Chamaemelum nobile) with activities against inflammation and metabolic disorder”, Zhao J, Khan SI, Wang M, Vasquez Y, Yang MH, Avula B, Wang YH, Avonto C, Smillie TJ and Khan IA, dans Journal of Natural Products, 2014.
- “Pharmacological investigations with compounds of chamomile. V. Investigations on the spasmolytic effect of compounds of chamomile and Kamillos”, Achterrath-Tuckermann U, Kunde R, Flaskamp E, Isaac O, Thiemer K, dans Planta Medica, 1980.
- “Therapeutic properties of medicinal plants: a review of their gastro-intestinal effects (part 1)”, Al-Snafi AE, dans Indian Journal of Pharmaceutical Science & Research, 2015.
- Encyclopedia of Food Sciences and Nutrition (Second Edition), de Benjamin Caballero, Paul Finglas et Fidel Toldra, éd. Academic Press, 2003.
- “Assessment report on Chamaemelum nobile L., All. flos”, European Medicines Agency, 2011.
- “German and Roman Chamomile”, Shahram Sharafzadeh and Omid Alizadeh, Journal of Applied Pharmaceutical Science, 2011.