Dossier
Nos animaux au régime phyto (2/4)
Une hygiène de vie saine et des remèdes naturels peuvent aussi bénéficier à nos amis à quatre pattes. Si le recours à l'allopathie est nécessaire pour guérir certaines de leurs pathologies, plusieurs vétérinaires phytothérapeutes livrent leurs conseils diététiques et leurs solutions nature pour que nos animaux soient épanouis au quotidien et restent des compagnons en pleine forme le plus longtemps possible.
Prendre soin d'eux au quotidien
Garder son animal en forme passe avant tout par une alimentation de bonne qualité, adaptée aux carnivores. Alors croquettes, pâtées industrielles ou repas faits maison ? Le débat est vif chez les experts. Ariane Garber, docteure vétérinaire phytothérapeute à Chambilly (Saône-et-Loire), est résolument anti-croquettes industrielles, « trop riches en céréales, trop sèches, surchargées en sels minéraux et contenant des additifs nocifs ». Elle recommande des repas maison composés de viande, légumes et féculents cuits. Elle compte un tiers de chaque pour les chiens à raison de 30 grammes de ration totale par kilo de chien. Rex, 10 kilos, mangera donc 300 grammes par jour. « Pour les gros chiens, il faut diminuer les rations, qui sinon seront trop importantes », prévient-elle. Pour les chats, même quantité avec les proportions suivantes : 50 % de viande, 30 % de légumes et 20 % de féculents. Pensez aussi ponctuellement aux œufs cuits, alternatives protéinées peu onéreuses et riches en acides gras. Sur Internet, le site Cuisine-a-crocs.com propose de bonnes recettes élaborées par une spécialiste. Quant à la viande crue, très à la mode pour se rapprocher des proies chassées dans la nature, gare à sa provenance et à sa préparation car elle peut être contaminée aux salmonelles et vecteur de parasites. N’hésitez pas à passer par votre boucher qui pourra vous réserver certains morceaux.
Attention aux idées reçues
« Je peux donner mes restes de repas à mon animal »
Oui et non. S’il est tentant de nourrir son animal avec ses restes de table, il faut respecter certaines règles. Donnez de petites quantités, en complément d’une ration équilibrée, et bannissez les aliments contenant beaucoup de matières grasses, très salés ou sucrés. L’ail, l’oignon, le chocolat noir, l’avocat, les raisins et les pommes de terre crues sont toxiques, même à petites doses. Les os cuits peuvent entraîner des lésions digestives pouvant aller jusqu’à l’occlusion. Les restes de repas sont proscrits pour les animaux à problèmes de surpoids, ceux souffrant d’intolérance digestive, d’allergies alimentaires ou dont la pathologie nécessite un régime spécifique.
Anne Delvaux, docteure vétérinaire.
Il existe quand même des croquettes de bonne qualité adaptées aux besoins de l’animal (croissance, stérilisation, senior…) : « Privilégiez celles présentant une liste simple d’ingrédients avec au moins 30 % de protéines animales et peu de céréales », conseille Anne Delvaux, docteure vétérinaire, ostéopathe et phyto-aromathérapeute à Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime). Et pour le bilan carbone, celles fabriquées en France comme Virbac ou Royal Canin… Les...
félins, eux, auront besoin pour leur système rénal et urinaire d’une alimentation plus humide, avec l’ajout de pâtée ou de courgettes aux croquettes. Si vous décidez d’alterner croquettes et rations ménagères, faites une transition très progressive en vérifiant si votre animal les supporte (diarrhées, refus).
Vigilance aussi sur l’alimentation avant et après la castration (mâle ou femelle), « car cette modification hormonale impacte son métabolisme, avec une tendance à emmagasiner plus de matières grasses, à produire moins de muscles et à augmenter son appétit », avertit Stéphane Littner, docteur vétérinaire à Paris et ancien responsable de l’enseignement de l’homéopathie à l’École vétérinaire de Maisons-Alfort. Il conseille de faire perdre un peu de poids à l’animal avant l’opération et d’adapter ensuite son régime avec moitié viande (ou autres protéines) et plus de légumes verts que de féculents, ou des croquettes pour animaux stérilisés. Attention, le chat prend facilement du poids, veillez à ce qu’il sorte et se dépense au quotidien.
Une ou deux fois l’an, Ariane Garber préconise des cures détox pour nos félins et canidés à l’aide de plantes drainantes comme le chardon-marie, le pissenlit, la bardane qui vont agir sur le foie, les reins et la barrière cutanée : « En débarrassant ces organes de leur trop-plein, on les aide à retrouver un fonctionnement normal et même de la vitalité ». Donner aussi de la levure de bière (probiotique) améliore la flore intestinale et la résistance aux grippes et rhumes : une capsule par jour de levure de bière revivifiable pour un chat ou chien de petite taille, et jusqu’à trois pour les grands chiens en saison hivernale, par périodes répétées de dix à quinze jours.
Drainer les émonctoires, une solution préventive
Le drainage préventif permet d’évacuer les toxines du foie, des reins et de la peau des chiens et chats. À effectuer au printemps et (ou) en automne selon la vétérinaire Ariane Garber, qui livre ici sa synergie foie-reins et sa formule pour aider au renouvellement du pelage à base de mélanges de poudres de plantes à préparer chez soi.
Drainage foie et reins : Chardon-marie 10 g • Orthosiphon 10 g • Pissenlit 10 g • Levure de bière 20 g.
Drainage de la peau : Bardane 10 g • Pensée sauvage 10 g • Levure de bière 15 g.
Posologie : ½ c. à c. pour un chat, 1 c. à c. pour un petit chien, 2 c. à café pour un chien moyen et 1 c. à s. pour un grand chien. À mélanger à la ration de nourriture 1 fois par jour. 7 à 10 jours maximum, 1 fois par an pour les animaux jeunes et adultes, 2 fois par an pour les seniors.
Côté hygiène, il faut contrôler les griffes régulièrement (surtout chez les animaux casaniers) et les ergots, qui en poussant risquent de provoquer des plaies. Coupez la griffe avant la zone rosée avec des ciseaux spéciaux et si, malgré les précautions, cela saigne, « mettez une goutte d’HE de ciste ou de géranium rosat sur la zone qui saigne et faites un petit pansement compressif », précise Anne Delvaux. Autre bonne habitude : laver les dents des chiens (les chats, eux, sont récalcitrants) deux à trois fois par semaine en saupoudrant de la poudre d’argile verte surfine sur une brosse à dents mouillée. Pour les oreilles, nettoyage bimensuel avec un coton-tige sec ; si le conduit est sale, passez un coton imbibé d’un peu d’huile d’amande douce avec une ou deux gouttes d’huile essentielle de tea tree ou de lavande fine. Brossez souvent les races à poils longs, car les nœuds peuvent provoquer des dermites. Enfin, n’oublions pas que les animaux se lavent eux-mêmes en se léchant… donc on ne lave pas les chats, sauf réel besoin, et les toutous une à deux fois par an maximum avec du savon d’Alep par exemple, en mouillant peu la tête.
Les plantes toxiques pour chiens et chats
Les cas d’intoxication aux plantes sont heureusement rares. Toutefois, l’instinct des animaux s’étant émoussé avec leur domestication, mieux vaut connaître celles (une cinquantaine) qui sont potentiellement dangereuses, voire mortelles pour les chats et chiens. Voici les plus courantes : laurier-rose, muguet (même l’eau de son bac est toxique), ricin, lys, anémone, hortensia, yucca, cycas, arum, azalée, if, gui, acacia, ficus… Attention, même les bulbes peuvent être nocifs.
Ainsi, pour un animal en bonne forme et adulte, une visite annuelle de check-up chez le vétérinaire suffit, pour les vaccinations et vermifuges. À ce jour, aucune solution naturelle ne se montre efficace pour lutter contre les vers intestinaux, reconnaît Anne Delvaux. Il faut donc vermifuger avec un médicament allopathique son chiot ou son chaton tous les mois (jusqu’à six mois), puis tous les trois mois pour un animal ayant accès à l’extérieur et deux fois par an pour un animal d’appartement. Surveillez un soudain changement de comportement au niveau de l’appétit, du sommeil, des jeux, de la mobilité ou de la défécation, qui peut révéler un problème de santé. Sans paniquer à la moindre alerte, consultez rapidement en cas de diarrhées, vomissements, toux ou prostrations répétées. Bon à savoir, chez les chiens et chats on parle de fièvre seulement au-dessus de 39 degrés.
Le soin par l’instinct
Du grec zôon pour « animal », pharmakon pour « remède » et gnosis pour « connaissance » : la zoopharmacognosie est la capacité des animaux à s’auto-médiquer en choisissant dans la nature des végétaux curatifs. Nombre d’études ont prouvé cette aptitude, notamment chez les primates. Et pour les animaux domestiques ? Si la question n’est pas encore tranchée scientifiquement, l’Anglaise Caroline Ingraham (fondatrice du concept de zoopharmacognosie appliquée) soigne de cette façon depuis trente ans chiens, chats et animaux d’élevage. Elle leur soumet des nutriments aux vertus médicinales de type spiruline, orge, argile, huile de coco, ainsi que des huiles essentielles en olfaction, puis observe vers quoi ils se dirigent sans les orienter. Elle traite ainsi des affections physiques ou psychologiques en complément de la médecine vétérinaire.