Partout on mange salé le matin, sauf en Occident
Le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée. Le petit-déjeuner japonais traditionnel a la réputation d’être le plus sain de tous, se composant principalement de riz et de natto (haricots de soja fermentés). Mais alors comment petit-déjeune-t'on dans le Monde ?
"Lorsque j’étais enfant, parfaitement élastique, que j’allais souvent rendre visite à mes grands-mères bretonnes, l'une paysane, l'autre urbaine. Et ces deux personnes partageaient un trait culinaire qui me choquait profondément : l’une et l’autre mangeaient de la soupe chaque matin. Pour moi, habitué comme tous les gamins de mon âge au classique pain-beurre-confiture (croissants trempés dans le chocolat chaud le dimanche), le petit-déjeuner de mes grands-mères me paraissait incompréhensible : comment pouvait-on avaler des légumes le matin ? Lorsque des ailes poussèrent à mes chaussures et que j’entrepris de découvrir le monde, je me rendis rapidement compte que ce que j’avais pris pour la norme en la matière était une exception : partout sur Terre, à part en Occident, on mange salé le matin !
Tour du monde des petits-déjeuners
Au Sénégal, on me servit une délicieuse bouillie de mil, une céréale très tendre à la saveur marquée.
Tandis qu’au Togo, il s’agissait plutôt de la « pâte », une polenta de maïs blanc, ou souvent du curieux foufou, une boule de tubercule de manioc pilée jusqu’à être rouge. L’équilibre alimentaire est parfait entre l’amidon de la racine, les protéines du poisson fumé qui entre dans la composition de la sauce et les vitamines de l’huile de palme ou des feuilles vertes que l’on ajoute.
En Éthiopie, j’ai adoré les injera, d’épaisses galettes préparées avec les minuscules grains du teff.
Au Mexique, je mangeais des tortillas de maïs et des haricots avec de la coriandre fraîche, de la tomate et des oignons – franchement roboratif !
En Amazonie, j’ai parfois eu un peu de mal, je l’avoue, à commencer la journée avec la chicha, une boisson-repas à base de manioc ou de fruits de chonta, un palmier de la forêt, préalablement mâchés par les femmes, puis fermentés quelques jours – ce qui produit un peu d’alcool dont on sent rapidement les effets.
C’est sans doute en Asie que j’ai dégusté les meilleurs « p’tits-dèjs » de mon existence, entre les idlis du sud de l’Inde et l’extraordinaire mohinga qui comporte des nouilles, du poisson, des légumes, des fleurs de bananier et vingt autres ingrédients. Mais le top du top, ce sont certainement les véritables dînettes japonaises avec poisson cru, soupe de miso, flan aux graines de ginkgo (chawanmushi), légumes lacto- fermentés et l’inoubliable natto filant comme de la fondue..."