Un psyllium peut en cacher un autre
Plus connu pour ses travaux sur le choléra et les maladies vénériennes, Adolphe Langlebert, pharmacien du XIXe siècle, a contribué à mettre en valeur le potentiel thérapeutique des graines de psyllium brun, aujourd’hui moins connu que son cousin blond.
Les semences de Psyllium Langlebert étaient couramment prescrites par les médecins à la fin du XIXe siècle pour les « constipations opiniâtres, digestions difficiles, migraines, manque d’appétit, nausées, aigreurs ou dyspepsies ». Le formulaire Cerbelaud en précise en 1920 la composition : 1 kg de graines de psyllium noir de Provence « mondées et vannées » et 1 g d’essence d’anis de Russie extra ne dissoute dans l’alcool à 90° et la glycérine. Au cours du XXe siècle, le médicament, créé
en 1891 par Adolphe Langlebert, voit la liste de ses indications se réduire peu à peu à ses propriétés laxatives, tandis que sa composition se simplifie. Les laboratoires Bailleul proposent désormais les graines entières. Ce psyllium noir de Provence est en réalité une variété de plantain, le plantain brun (Plantago afra) du bassin méditerranéen, aussi appelé « pucier » du fait de la petite taille de ses graines. Avant que son cousin indien le psyllium blond, ou...
ispaghul (Plantago ovata), n’arrive en Europe et ne lui vole quelque peu la vedette, le psyllium brun était couramment utilisé comme purgatif intestinal.
On doit notamment à Aldolphe Langlebert le travail d’identification des différentes plantes pouvant être utilisées à cet effet. Alors que les saignées tendent à disparaître à la fin du XIXe siècle et que le raisonnement médical s’éloigne peu à peu de la théorie des humeurs, l’idée d’une nécessaire purification du corps humain n’en garde pas moins le vent en poupe, l’intestin concentrant l’attention des médecins. Dès 1880, Langlebert mène des expérimentations sur différentes graines mucilagineuses comme le lin ou le sésame pour comprendre le processus de leur transformation sous l’action de l’eau, de la salive et des sucs gastriques. « Les graines mucilagineuses subissent-elles l’action des agents digestaifs en général ou de quelques-uns en particulier ? Ou bien, restant réfractaires à toute modification chimique, leur séjour dans l’estomac et les intestins n’est-il caractérisé que par un acte purement mécanique, analogue à celui de tout corps étranger ? », s’interroge-t-il dans le « Bulletin général de thérapeutique médicale et chirurgicale » de 1882. Les graines de psyllium brun retenant particulièrement son attention, il y associera son nom.
La revanche d’un blond
Du genre Plantago, ces deux plantes ont en commun de voir leurs graines utilisées par les personnes rencontrant des problèmes de transit, principalement de constipation. Le son (ou tégument) de leurs graines contient des fibres solubles capables de retenir l’eau. Ces fameux mucilages gonflent dans l’intestin, se transformant en « laxatif à effet de lest ». Ils présentent aussi un potentiel intéressant pour les ulcères et la régulation du cholestérol par effet barrière. Le psyllium blond compte plus de mucilages (30 %, contre 10 à 12 % pour le brun). C’est pourquoi il est aujourd’hui plus fréquemment conseillé dans la régulation intestinale, y compris pour la diarrhée. Notre conseil: utilisez les graines préalablement broyées ou, lorsqu’elles sont entières, laissez-les macérer dans l’eau froide 10 à 12 heures.