COP21 : Rencontres autour du vivant (4)
Journaliste spécialiste de l’alimentation, Jean-Luc Fessard lance ce mois-ci le label « Bon pour le climat » qu’il espère voir fleurir dans les restaurants.
P & S Il est entendu que nos choix alimentaires ont un impact sur le climat, mais pourquoi avoir choisi le secteur de la restauration pour agir ?
Jean-Luc Fessard Agir sur l’offre des restaurateurs est le meilleur moyen de faire évoluer les pratiques alimentaires de tous. La restauration touche ses clients, ses salariés (500 000 personnes) et tous ses fournisseurs (agriculteurs, artisans, industriels, distributeurs…). Notre démarche met l’accent sur trois critères : la saison, le local et le végétal. Ce dernier point sous-entend de réduire au moins de moitié les portions de viande ou de poisson. Aujourd’hui, très peu de restaurants combinent tous ces aspects : même les adresses végétariennes ne proposent pas forcément des produits locaux et de saison.
P & S Pourquoi le végétal est-il « meilleur » pour le climat que la viande ?
J.-L. F. La viande a un mauvais bilan carbone. Pour produire une calorie animale, il faut, selon l’espèce, entre cinq et dix calories végétales. Les dérèglements climatiques entraînent aussi des problèmes de ressource en eau. Or il faut 150 fois plus d’eau pour produire du bœuf que du blé. Un steak de 300 g a nécessité en amont environ 3 000 litres d’eau…
P & S Comment sensibilisez-vous les restaurateurs à votre démarche ?
J.-L. F. Depuis plusieurs mois, nous les rencontrons, ainsi que leurs syndicats. Quinze restaurants se sont engagés et notre objectif est d’atteindre cinq cents partenaires, incluant la restauration collective. Notre site internet propose des recettes conçues par des chefs adhérents et des adresses de fournisseurs locaux. Nous procurons aussi des documents : affichettes, sets de table… pour informer les consommateurs. Ces derniers pourront eux-mêmes sensibiliser les restaurateurs par le biais de cartes de visite que nous avons réalisées et qui présentent la démarche.