Dossier
Posture, blessures, soins quotidiens : Repartir du bon pied (2/4)
On les cache, on les délaisse… Nos pieds souffrent d'un manque de considération lié à leur apparence jugée peu esthétique, ou à l'odeur qu'ils peuvent dégager. En réponse, des affections plus ou moins sérieuses et invalidantes sont susceptibles de se développer. Il est temps de redonner à ceux qui nous portent chaque jour l'attention et le soin naturel qu'ils méritent.
© robertprzybysz
Réparer les petits bobos
Mauvais appuis sur le sol, port de chaussures trop étroites… Nos pieds développent, au fil du temps, des bobos plus ou moins invalidants. Par exemple, des cors ou durillons peuvent résulter du frottement répété entre un orteil et la chaussure, ou d’un orteil contre l’autre. Le cor, bien délimité et profond, se situe au-dessus des orteils, tandis que le durillon, plus étendu, se trouve sur la plante ou le côté du pied. L’œil-de-perdrix est quant à lui mou et situé entre les orteils. En plus de chaussures adaptées et d’une hydratation des pieds, des plantes dotées en principes actifs kératolytiques peuvent faire disparaître ces callosités. La pédicure podologue Barbara de Luze conseille l’utilisation d’ail : « Appliquez une rondelle crue sur la callosité et protégez à l’aide d’un pansement la nuit, jusqu’à la guérison. » Les feuilles de saule fraîches, écrasées et humectées d’un peu de vinaigre de cidre, peuvent aussi faire office de cataplasme le soir, à renouveler chaque jour.
Hallux valgus, occupez-vous de vos oignons !
L’hallux valgus ou « oignon » au pied, est une déviation vers l’extérieur de la base du gros orteil. « Le muscle abducteur du gros orteil, chargé de l’éloigner des autres orteils, fonctionne moins bien que le muscle adducteur opposé. Il est moins sollicité car le poids du corps n’est pas réparti sur la base du gros orteil lors de la marche ou de la posture debout », explique la podologue Barbara de Luze. La déformation s’aggrave progressivement et peut devenir douloureuse. Selon l’experte, l’hallux valgus peut être corrigé, à l’aide d’un… coton démaquillant !
À faire :
Placer un disque de coton sous la pulpe du gros orteil et l’enrouler d’un sparadrap. Grâce à l’activation de capteurs proprioceptifs placés sous le gros orteil, le poids du corps se place instinctivement sur cette zone et l’on modifie petit à petit nos appuis. Marchez avec ce coton chaque jour jusqu’à ce que la mobilité de l’articulation soit meilleure, que la douleur s’estompe et que le gros orteil adopte la bonne direction. Pensez également à choisir des chaussures qui laissent la possibilité au gros orteil d’exister !
Si vous êtes sujet aux ongles incarnés (le bord de l’ongle s’enfonce dans la chair), c’est sûrement lié à une mauvaise coupe d’ongle ou à des chaussures trop serrées. Marianne Houart-Bugnicourt, naturopathe et auteure de Ma boîte à pharmacie naturelle, recommande un bain de pieds au sel d’Epsom (60 g pour 2 litres d’eau tiède). « En complément, pulvérisez trois fois par jour 10 ppm d’argent colloïdal, à l’effet antiseptique naturel, afin d’éviter l’infection. »
Autre affection courante, les fissures cutanées au niveau du talon, qui induisent des douleurs lors du lavage et du contact avec le sol. « Il s’agit de crevasses généralement liées à un mauvais appui du pied sur le sol », explique Barbara de Luze. En réaction, la peau s’épaissit, et pour peu qu’elle soit déshydratée, elle se creuse et se fissure. La meilleure prévention consiste alors à redonner de la souplesse à cette zone. « Matin et soir...
, enduisez les talons d’huile végétale d’olive mélangée à du miel épais pour un effet hydratant et cicatrisant, et enfilez des chaussettes », propose la spécialiste. Pour optimiser la guérison, misez sur des cataplasmes à base de lanières fines écrasées de chou vert imprégnées d’huile d’olive, à laisser poser la nuit à l’aide d’une gaze.
Parfois, nos désagréments plantaires sont dus à notre environnement extérieur… En observant le petit espace entre vos quatrième et cinquième orteils, vous pouvez détecter une mycose, encore appelée pied d’athlète. Très contagieuse et dans 90 % des cas due au champignon Trichophyton rubrum, la mycose rend la peau entre les orteils blanche, squameuse et ramollie. Une fissure rouge inflammatoire se forme et des vésicules peuvent apparaître. « Le contact avec un sol contaminé à la piscine, l’humidité entre les orteils ou encore un dysfonctionnement de la flore intestinale peuvent être à l’origine d’une mycose, nous explique Barbara de Luze. Il faut la traiter avant qu’elle ne gagne tous les orteils, sans oublier les chaussures ! » Lavez vos pieds au savon, séchez les espaces entre les orteils et coupez vos ongles courts en ayant au préalable désinfecté le coupe-ongle à l’alcool à 70 °. Ensuite, Marianne Houart-Bugnicourt conseille de supprimer les aliments acidifiants, dont les champignons sont friands. « On enlève le sucre, les laitages et les boissons alcoolisées. » Et une action antiseptique quotidienne : « Versez matin et soir quelques gouttes d’extrait de pépin de pamplemousse sur la lésion, puis séchez la zone ».
La mycose unguéale (de l’ongle) est souvent consécutive au pied d’athlète. Elle démarre presque toujours sous le bord de l’ongle du gros orteil qui devient blanc-jaunâtre avant de noircir. L’ongle s’épaissit, s’effrite et peut parfois se décoller. « On peut déposer une goutte pure d’huile essentielle antimycosique telle que le tea tree ou le laurier noble sur la mycose unguéale, deux à trois fois par jour pendant maximum trois semaines », conseille Marianne Houart-Bugnicourt. Enfin, vaporisez des sprays aromatiques assainissants dans vos chaussures.
Si ce sont les verrues qui gagnent vos petons, sachez qu’elles sont dues au papillomavirus humain qui pénètre facilement dans l’épiderme à la piscine ou à la salle de sport. Dans l’idéal, traitez-les après un bain chaud avec le suc d’une tige de chélidoine. Sinon, tournez-vous vers un protocole aromatique.
De l’aroma antiverrues
Pour faire fuir les verrues, la naturopathe Marianne Houart-Bugnicourt préconise l’usage d’un mélange d’huiles essentielles antivirales, souvent très performantes sur ce type d’affections, à appliquer par voie locale.
Ingrédients :
• 1 goutte d’HE de sarriette
• 1 goutte d’HE de cannelle de Ceylan.
Mélanger et appliquer matin et soir directement sur la verrue, 15 jours à 3 semaines maximum. Pour les enfants de moins de 10 ans, ajouter quelques gouttes d’huile végétale et n’appliquer qu’une seule fois par jour.
Enfin, le vieillissement, les antécédents de type entorse et les réactions inflammatoires du corps peuvent donner lieu à de l’arthrose au niveau du pied. Les articulations sont usées, enflammées et provoquent des raideurs, des douleurs à l’appui et durant la nuit. La naturopathe Marianne Houart-Bugnicourt conseille d’adopter une alimentation alcalinisante pour contrer l’inflammation, et d’activer la reminéralisation osseuse en faisant une cure de prêle des champs, riche en silice. « Je recommande deux gélules de prêle par jour pendant 20 jours, de faire une pause de 10 jours, puis de recommencer pendant 20 jours. Sauf pour les personnes souffrant d’œdèmes dus à une maladie du cœur ou des reins ».
Un talc antimycose plantaire
Mettez fin au « pied d’athlète » grâce à une poudre antimycosique qui chasse l’humidité et le champignon responsable. Christine Cieur, docteure en pharmacie et herboriste, propose la recette suivante.
Matériel : Un pot en verre à large ouverture doté d’un couvercle.
Ingrédients : 5 c. à soupe bombées d’argile verte en poudre surfine • 20 gouttes d’HE de palmarosa • 15 gouttes d’HE de romarin CT 1,8 cinéole • 20 gouttes d’HE de petit grain bigarade • 20 gouttes d’HE de géranium rosat.
Méthode : Fermez le pot et agitez vigoureusement plusieurs fois pour bien homogénéiser l’ensemble. Laissez en contact 24 à 48 heures avant de vous en servir comme d’un talc à saupoudrer sur vos pieds matin et soir.
Faut-il laisser la corne sous les pieds ?
Selon la pédicure podologue Barbara de Luze, se râper la peau est la chose à ne pas faire. « Si l’on enlève trop d’épiderme, cela provoque l’effet contraire : le processus de fabrication de la peau est stimulé et l’on développe encore plus de corne ! », explique-t-elle. Et cette corne n’est pas présente par hasard. « En théorie, nous ne sommes pas censés avoir de corne sous les pieds si nous portons des chaussures et menons une vie citadine classique. Si cette dernière est tout de même présente, c’est que nos appuis sur le sol sont mal répartis », poursuit la spécialiste. La corne se crée alors comme un élément protecteur pour pallier ce déséquilibre du poids du corps et soulager les pressions localisées sur certaines zones du pied. Si l’on peut toutefois retirer la corne dans le cas où cette dernière est douloureuse, il faudra surtout veiller à mieux placer son pied sur le sol lors de la marche en utilisant la totalité de la surface du pied.
La sauge sclarée, un antitranspirant à boire
Outre son action hormonale, la sauge sclarée (Salvia sclarea linnaeus) et la sauge officinale ont le pouvoir de calmer la transpiration. La première est particulièrement intéressante en hydrolat. On peut l’utiliser sous cette forme contre l’hypertranspiration à raison d’une cuillerée à café, trois fois par jour dans un verre d’eau ou en ajoutant 10 cuillerées à café d’hydrolat dans 1 litre d’eau que l’on boira au cours de la journée. Pour obtenir une réponse de l’organisme, suivre cette cure trois semaines sur quatre, durant l’été notamment. En cas de cancer hormonodépendant, son emploi doit être évité. Mélangé avec un hydrolat de cyprès, on peut aussi s’en vaporiser les pieds une à deux fois par jour en soin local.
Écrit avec le concours de la pharmacienne Claudie Bourry