Les algues bleues à la conquête de la planète rouge
Après avoir été présentée comme une des solutions possibles pour lutter contre la faim en Afrique, la spiruline est aujourd'hui pressentie comme le futur super-élément permettant l’installation d’un écosystème favorable à la vie humaine sur Mars.
Alors que Perseverance, le rover martien de la Nasa, s’est posé sans encombre sur Mars le 18 février dernier, le monde entier s’est remis à rêver de petits hommes verts. Un fantasme qui s’avère frôlé la réalité pour l’avenir de la planète rouge si l'on en croit une récente étude publiée en février. En effet, Cyprien Verseux l'astrobiologiste, qui dirige actuellement le laboratoire de microbiologie spatiale appliquée au Zarm (Brême, en Allemagne), a mis en lumière l’important rôle que les cyanobactéries (bactéries photosynthétiques produisant de l’oxygène) peuvent jouer dans la conquête spatiale et plus particulièrement en ce qui concerne Mars.
Des bactéries sources d’oxygène
Les Cyanobacteria sont formées par un embranchement de bactéries. D’apparence filamenteuses et gluantes, ces colonies de bactéries unicellulaires ont été assimilées à tort à des algues. Aujourd’hui encore, elles sont couramment appelées « algues bleues », ou « algues bleu-vert ». Parmi les genres les plus communs, on retrouve l’Arthrospira ou encore Azolla, plus connue respectivement sous le nom de spiruline et anabaena. De nombreux scientifiques pensent qu'un boom de ces cyanobactéries, présentent sur la Terre depuis des milliards d'années, est largement responsable de notre atmosphère respirable. Friandes de carbone mais également d’azote, qu'elles transforment en oxygène grâce à la photosynthèse, ces cyanobactéries semblent pouvoir s'adapter à la planète rouge. De fait, l’atmosphère de Mars est constituée de 95 % de carbone et de 3 % d'azote.
Vers un nouvel écosystème spatial
La création d’oxygène sur Mars n’est pas le seul enjeu de l'utilisation de ces cyanobactéries. En effet, Cyprien Verseux explique qu’il faut également, « pour des raisons de sécurité et de coûts de transport, transporter le moins possible de consommables depuis la Terre et donc produire des ressources in situ ». Une fois de plus, les "algues bleues" sont la solution. Après leur passage dans les bioréacteurs, elles seront transformées en biomasse. Source de sucres, d’acides aminés et autres nutriments, la matière obtenue à partir des cyanobactéries pourrait alimenter d'autres cultures bactériennes ou végétales, permettant alors l'installation d’un écosystème au cœur du désert martien. Ainsi cette avancée majeure rendrait enfin possible la construction d’une base martienne où « se succéderont des équipages pour des séjours de longue durée » à la conquête de la planète.
Un petit pas pour l’homme mais un pas de géant pour les cyanobactéries, première colonisatrice de l’Espace.