Dossier
Alimentation, eau, air : Protégeons-nous de la pollution (2/4)
Perturbateurs endocriniens, nanoparticules, nouvelles huiles minérales… Les polluants s'invitent partout dans nos assiettes, nos maisons, nos rivières, nos villes et nos campagnes. Plantes & Santé se mobilise pour vous apporter des conseils limitant leurs effets délétères : choix alimentaire sain, cure détoxifiante à base de plantes, gymnastique respiratoire… Suivez le guide.
Faire le bon choix alimentaire
L’industrialisation de notre alimentation nous a conduits à saupoudrer nos assiettes de nombreux polluants. Qui n’a pas entendu parler du célèbre pesticide glyphosate toujours répandu en culture intensive ? Plusieurs études validées par la communauté scientifique ont confirmé l’incidence de ces pesticides sur le cancer de la prostate, le myélome multiple, la maladie de Parkinson, certains diabètes de type 2, des stéatoses hépatiques, des problèmes thyroïdiens, des troubles cognitifs, psychiatriques et comportementaux chez l’adulte. Sans compter les malformations neuronales, les leucémies et même l’autisme chez l’enfant.
Selon l’association lanceuse d’alerte Générations Futures l’alimentation serait la première source de polluants, avec un effet cocktail connu. Ceux-ci agissent aussi sur nos systèmes hormonaux en se fixant sur leurs récepteurs à la place de nos hormones. On parle alors de perturbateurs endocriniens. Leurs particularités : « Ils ont des effets délétères à très faibles doses, en particulier en cas d’exposition durant la vie intra-utérine du fœtus, les trois premiers mois du nourrisson et au cours de la puberté de l’enfant, explique la gynécologue Odile Bagot. Ce n’est pas seulement la dose qui fait le poison, mais le moment où l’on y est exposé ». Selon cette médecin, auteure de l’ouvrage Perturbateurs endocriniens : la guerre est déclarée, les effets de ces contaminants peuvent s’exprimer plusieurs décennies après une faible exposition (sous la forme de cancer du sein et de la prostate par exemple) et même se transmettre de génération en génération. Il s’avère donc vital que les femmes enceintes et les jeunes mamans qui allaitent se nourrissent de produits biologiques. Et que celles qui ne peuvent allaiter choisissent des laits maternisés biologiques. La règle reste la même pour les adolescents qui traversent alors une grande période de bouleversement hormonal.
Et bonne nouvelle, ce choix alimentaire porte ses fruits. « En consommant 80 % d’aliments bio, on voit les concentrations urinaires en organophosphorés baisser de 90 % », a précisé Laurence Payrastre, chargée de recherche sur le programme Toxalim de l’Inra, au cours d’un colloque organisée par la Société française de nutrition. Manger bio serait donc un choix salutaire, d’autant que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait indiqué que 96 % des aliments présents sur le marché européen en 2018 affichaient des niveaux de pesticides supérieurs aux limites autorisées. Une overdose qui proviendrait notamment de nouveaux traitements qui rendent les fruits et les légumes plus aguichants. « Un pommier subit ainsi trente-six traitements pour l’isoler des insectes certes, mais aussi pour rendre ses pommes plus belles, plus stéréotypées et moins périssables. Au moment de croquer une pomme issue de l’agriculture intensive, il reste encore six traces de produits sanitaires sur sa peau », affirme Laurence Huc, chargée de recherche en toxicologie alimentaire à L’Inra de Toulouse. Toutefois, les fruits et les légumes biologiques ne sont pas totalement exempts de traitements. Souffre, bouillie bordelaise, peuvent laisser des traces. Pour s’en débarrasser, il vaut mieux les éplucher ou les brosser sous l’eau – surtout les racines – avec une brosse dure. Quant aux autres végétaux, Odile Bagot conseille de les rincer plusieurs fois dans une eau additionnée de bicarbonate de soude. Elle s’appuie sur une étude de la chercheuse américaine, Lili He, qui avait démontré que cela éliminait la plupart des intrants.
Manger bio, c’est un premier bon point. Mais d’autres polluants s’invitent à notre table. Si les nanoparticules ont peu de risques de se retrouver dans les produits transformés bio, 48 additifs, tels que des colorants, des conservateurs, des agents de texture, des acidifiants sont toujours présents et autorisés dans les plats préparés bio contre 300 dans les mets industriels traditionnels. « Même si la plupart des additifs bio sont d’origine naturelle, certains comme les nitrites et les sulfites ont fait l’objet d’études expérimentales suggérant des effets potentiellement négatifs sur la santé », souligne Malthide Touvier, chercheuse à l’Inserm et coinvestigatrice de l’étude Nutrinet-Santé. Cette étude rapporte que la consommation des aliments ultra-transformés augmente les risques de cancers, de maladies cardio-vasculaires, de syndromes dépressifs et de troubles fonctionnels digestifs. Une inquiétude partagée par L’Agence nationale de santé publique, Santé publique France. Donc, plus nous cuisinerons nos soupes, nos plats, nos crudités, nos desserts et nos gâteaux avec des produits frais, simples et bio, moins nous serons exposés à ces contaminants.
Il ne faut pas oublier non plus que ces plats préparés sont souvent suremballés. Outre l‘aspect écologique, ces emballages posent un problème sanitaire. Leurs composants en plastique peuvent migrer vers les aliments, rappelle Nicolas Cabaton, chercheur à l’Inra de Toulouse. Considéré comme un perturbateur endocrinien, un obésogène et un altérateur des neurotransmetteurs, le médiatique bisphénol A a d’ailleurs été interdit en 2015. « Et les autres bisphénols sont en cours d’évaluation et s’ils ne sont pas encore classés comme perturbateurs endocriniens, ils ont néanmoins des effets sur le système hormonal, précise Nicolas Cabaton. Moins connues, d’autres particules s’annoncent inquiétantes. « Les MOSH et les MOAH, des huiles minérales qui revêtent les cartons d’emballage sont toxiques pour le foie. Ou encore les composés perfluorés présents sur les poêles (Téflon), les papiers de fast-food ou les boîtes de pizzas sont tout aussi hépatotoxiques », conclut Nicolas Cabaton. On comprend alors l’intérêt de consommer des aliments achetés en vrac.
S’il est possible de se prémunir de ces contaminants, en limiter l’imprégnation dans notre organisme doit aussi être une préoccupation. Notre premier allié, c’est notre foie. S’il élimine nos propres déchets organiques, il doit aussi traiter les autres molécules présentes dans notre alimentation comme les additifs ou les pesticides. « Une cure détoxifiante d’au moins dix jours va relancer son activité tout en restructurant l’intestin grêle, car elle permet de renforcer le fonctionnement des organes émonctoires », souligne Martine Fallon, thérapeute, spécialiste en alimentation énergétique. Cette praticienne de santé conseille de commencer par nettoyer le système digestif en prenant des capsules d’huile essentielle d’origan, pendant huit jours. Dans le même temps et pour éviter une réaction trop forte de l’organisme (lire encadré ci-dessous), on supprime d’abord le sucre, la friture, l’alcool, la charcuterie et le fromage, puis le gluten et la viande, avant d’entrer dans le temps fort de la cure. Celle-ci consiste à consommer des légumes sous forme de crudités, de jus verts, de soupes et de poêlées en les accompagnant d’herbes et d’un peu de céréales. Si on préfère suivre une cure moins stricte, on peut ajouter des protéines de poissons maigres. Mais il faudra aussi pratiquer une dissociation alimentaire en prenant un plat de céréales et de légumes à midi et du poisson et des légumes le soir.
Et si on voulait aller plus loin ? Certes on ne peut affirmer scientifiquement que des plantes peuvent nettoyer l’organisme. Mais « il est toutefois possible de prévenir la fixation des polluants dans l’organisme et notamment dans nos cellules graisseuses. La consommation quotidienne d’aliments soufrés va ainsi empêcher qu’ils ne pénètrent profondément l’organisme », rappelle le docteur Patrick Aubé. C’est le cas des alliacés comme les oignons, les poireaux, l’ail frais, mais aussi l’ail des ours. Sans oublier les choux et les asperges. La coriandre en feuilles semble également disposer d’un pouvoir détoxifiant. « Par ailleurs, le desmodium, le chardon-Marie et le radis noir protègent et régénèrent les cellules hépatiques », poursuit Patrick Aubé. C’est d’ailleurs pourquoi le desmodium est employé lors d’un traitement de chimiothérapie. Pour le chardon-Marie, la molécule de silymarine va agir, cette plante ayant aussi la faculté de faciliter l’évacuation de la bile. Le radis noir, quant à lui, favorise plutôt la sécrétion de la bile. Tout comme l’ Orthosiphon aristatus et l’artichaut grâce à la cynarine. On fera toutefois preuve de prudence si on souffre de calculs biliaires. J. P.
Une cuisine propre
Pour faire la cuisine sans s’intoxiquer, on peut suivre les recommandations des docteurs Isabelle Leclair et Christelle Dagher, conseils auprès de l’Association santé environnement France (ASEF).
- Pour cuisiner ou réchauffer, on privilégie l’inox, le verre ou la fonte en évitant les plastiques.
- Choisir le verre pour conserver les aliments.
- Remplacer le film plastique par un couvercle en tissu paraffiné.
- Pour ses boissons, on choisit des gourdes en verre ou en inox.
- Préférer les conserves en verre car les boîtes en métal sont tapissées d’un film plastique.
- Éviter les moules à gâteaux en silicone.
- Oublier les poêles en Téflon et en céramique. Choisissez des poêles au revêtement anti-adhésif écologique.
- Utiliser les spatules en bois ou en inox plutôt que les spatules en plastique.
La chlorelle élimine les métaux lourds
C’est la chlorophylle de cette algue d’eau douce qui va agir comme détoxifiant et contre les métaux lourds. Choisissez une chlorelle d’origine européenne, dont la culture est sécurisée et faites une cure d’une à trois semaines au printemps ou à l’automne.
Les conseils de Patrick Aubé, médecin et phytothérapeute :
- Ne prenez pas de chlorelle en même temps qu’une autre plante détoxifiante.
- Commencer par une cuillère à soupe de poudre de chlorelle dans un peu d’eau, les premiers jours.
- Boire ce mélange. Si vous la supportez bien, passez à deux prises par jour.
- La consommer à distance de tout autre traitement médical ou même de la pilule sous peine d’annuler leurs effets.
Limiter l’intoxication métallique
Le mercure provient des produits de la mer et notamment des gros poissons. Le docteur Odile Bagot recommande de consommer deux portions maximum de poissons par semaine en associant un poisson gras et un poisson maigre et ce notamment en cas de grossesse et pour le bébé de moins de 30 mois. Si vous aimez le poisson fumé, préférez la truite au saumon. Et à la place du thon en conserve, optez pour le maquereau.
Autres métaux lourds : Une contamination par l’arsenic peut provenir de l’eau du robinet ou de certaines céréales qui poussent dans une eau polluée comme le riz. D’où l’intérêt de filtrer son eau et de consommer du riz local. Le cadmium qui se fixe surtout dans les produits céréaliers provient des engrais phosphatés et des boues. Consommer des céréales bio permet d’en limiter la présence.
Un programme détox
Thérapeute spécialisée en alimentation énergétique, Martine Fallon vous propose de suivre ce programme pendant dix jours.
Le matin
- Boire un verre d’eau citronné au lever.
- En guise de petit déjeuner : prendre un grand verre de jus de légumes verts, un demi-avocat sur deux galettes de pain des fleurs et quelques grains de sel rose de l’Himalaya.
- Préparer un grand thermos de tisane confectionnée avec une pincée de graines de cumin, de coriandre et de fenouil. Boire la tisane pendant la journée en alternance avec de l’eau peu minéralisée comme la Mont Roucous, la Volvic ou l’Évian.
La collation
- Manger un agrume entre 10 heures et 11 heures.
Le midi
- Une soupe miso (pâte fermentée) accompagnée de riz complet ou de quinoa avec des légumes cuits à la vapeur, et parfumés avec de l’huile d’olive aux herbes crues.
Le goûter
- Pomme ou poire et quelques fruits secs.
Le soir
- Même repas qu’au déjeuner ou une soupe de légumes.
Un arbrisseau détoxifiant
Le lédon du Groenland, connu sous le nom de thé du Labrador, était utilisé par les Indiens d’Amérique du Nord pour soigner les troubles ORL et les problèmes digestifs. Son hydrolat dispose de propriétés anti-inflammatoires, décongestionnantes et régénératrices du système hépatique. En usage externe, l’hydrolat de lédon agit comme un purifiant énergétique (à appliquer sur le plexus solaire). En usage interne, il participe au bon fonctionnement du foie, des reins, du pancréas, de la rate.
En cure : Diluer une cuillère à café d’hydrolat dans un verre d’eau, deux fois par jour. Vous pouvez l’associer avec l’hydrolat de carotte sauvage ou de romarin à verbénone.
Modérer les effets de la crise curative
Douleurs articulaires, dorsales ou cervicales, excès de transpiration, nausées, maux de tête, éruptions cutanées, mauvaise haleine, état grippal, règles plus abondantes, pertes vaginales plus épaisses, urines plus abondantes, état de fatigue. Ce sont les signes possibles d’une crise curative. Explications : le jeûne, la cure détox ou la prise de plantes désoxydantes permettent de déloger les toxines qui se cachent dans l’organisme. Résultat, ces toxines migrent et passent dans le réseau sanguin. Elles sont ensuite dirigées vers le foie où elles sont traitées. Selon leur nature, elles sont expulsées par les organes émonctoires : les reins, la peau ou encore les poumons via l’expiration. C’est au moment où ces toxines sont mobilisées dans le sang que peuvent apparaître les symptômes d’une crise curative. Plus on est « entoxiné », plus l’intensité de la crise est élevée. C’est pourquoi il est important de commencer doucement les cures de plantes et d’entreprendre une détox alimentaire par pallier.