Dossier
Quand santé rime avec sobriété (4/4)
Dans un contexte d'inflation et un environnement où les ressources végétales sont sous pression, il devient délicat de préserver sa santé sans abîmer la planète, ni se ruiner. Dans ce dossier, nous mettons l'accent sur les alternatives de soin abordables et durables afin de préserver sa santé tout en valorisant des filières vertueuses et en faisant des économies.
Réseau écolo, jardin malin, vrac et partage
De nouvelles manières de prendre soin de notre santé à moindre coût, voire gratuitement émergent, plus douces pour la planète et pour l’humain. Grâce à de petits gestes quotidiens assez simples à mettre en place, votre mode de vie deviendra aussi écologique qu’économique !
Avant de passer des produits frais au compost, avez-vous pensé que certains fruits ou légumes peuvent repousser ? Simon Akeroyd l’explique dans son ouvrage Tout faire pousser gratuitement. Parmi ces ingrédients perpétuels, l’auteur cite la pomme de terre (à planter au potager, germes vers le haut espacés de 40 à 50 cm), la laitue, le poireau, le céleri, l’ail, les oignons ou la couronne d’ananas. Placez la base de votre légume dans de l’eau ou du terreau et de nouvelles pousses, feuilles se développeront. Plantez des hauts de carottes (3 cm) pour obtenir des fanes fraîches au goût de persil. Et pour ne rien jeter, confectionnez une bouillotte de noyaux de cerises, qui gardent la chaleur et calment les douleurs des règles. Quant à vos épluchures d’oranges, elles peuvent parfumer vos infusions ou un vinaigre.
Bon nombre d’aromates se bouturent facilement, et permettent d’avoir toujours chez soi une botte végétale pour parfumer ses plats ou concevoir des tisanes. Parmi ces plantes, on retrouve la menthe, le romarin ou le basilic. Il vous suffit de couper une ou deux têtes de ces végétaux puis de les placer dans un verre d’eau au soleil de façon que les tiges soient immergées. Vous n’aurez alors plus qu’à les planter en terre une fois les racines développées. Notez également qu’un pied d’aloe vera chez soi permet de réaliser un baume cicatrisant, de compléter un soin pour le visage, et de faire don rapidement d’un rejet qui pousse au pied de la plante à ses amis ou voisins. Développer le do it yourself végétal, c’est réaliser à partir de balles d’épeautre ou de millet des oreillers plus confortables que ceux en matières synthétiques issues de la pétrochimie.
Je fabrique mon oreiller naturel
La plupart des oreillers vendus dans le commerce sont conçus à partir de fibres de polyester issues d’une matière non renouvelable : le pétrole. Par ailleurs, le polyester peut être source d’allergies et a tendance à favoriser la transpiration. Or on peut réaliser ses oreillers à partir de rembourrage végétal (balles d’épeautre, graines de millet, de sarrasin ou encore de fleur de liège des Landes). L’oreiller naturel est biodégradable, respirant, antiacariens et soulage les douleurs cervicales.
Matériel : 1 vieux coussin. Ingrédients : 15 litres (ou 2 kg) de balles de sarrasin et 1 poignée de fleurs sèches de lavande.
Méthode :
- Découdre un côté de l’oreiller sur environ 10 cm.
- Vider les fibres de polyester et laver la housse avant de la garnir de balles de sarrasin. Ajouter des fleurs de lavande séchées pour un effet plus relaxant.
- Recoudre l’oreiller avec des points serrés.
Au jardin, il existe de multiples façons de faire pousser votre pharmacie à moindre prix. Pour vous procurer des graines, découvrez les sites et groupes de dons et troc, dont certains valorisent des variétés anciennes bien adaptées à votre terroir. Par exemple, Graines de troc ou encore Graines et Plantes.
Si vous n’avez pas de jardin, le site d’annonces Prêter son jardin met en relation des particuliers propriétaires de jardin n’ayant pas la main verte et des jardiniers sans jardin. Le site Plantez chez nous permet quant à lui d’échanger des graines, de prêter son jardin ou de partager ses récoltes. Pensez aussi aux groupes de dons, pour récupérer des grains de kéfir ou une mère de kombucha, à l’origine de boissons dont le prix a flambé ces dernières années et qui sont faciles à fabriquer chez soi. Rendez-vous sur des forums dédiés à la fermentation, des groupes de partage sur les réseaux sociaux (comme Facebook) ou certains sites spécialisés (Kefirlandia.org, Symbiose-kefir.fr, etc.).
Mon kéfir aromatisé maison
On trouve de plus en plus de sortes de kéfirs dans les rayons (+ 65 % en deux ans), à des prix plutôt élevés (jusqu’à 8 euros le litre) et plus ou moins savoureux. Alors pourquoi ne pas le faire vous-même ?
Matériel : Un bocal de 3 litres à fermeture mécanique • 3 bouteilles de 1 litre • 1 tamis • 1 entonnoir.
Ingrédients : Pour 3 litres de kéfir : 2 figues séchées • 120 g de sucre roux • 120 g de grains de kéfir • 1 citron • ¼ c. à café de gingembre en poudre.
Méthode :
- Rincer les grains de kéfir dans un tamis et les verser dans le bocal.
- Ajouter le sucre, les figues coupées en deux, le jus d’un citron et le gingembre.
- Verser l’eau de source jusqu’à 3 cm du haut du bocal.
- Refermer le bocal et laisser fermenter 24 h.
- Retirer les figues qui doivent avoir remonté à la surface, et filtrer en mettant en bouteille. Laisser 3-4 cm d’air en haut des bouteilles et fermer.
- Rincer les grains de kéfir avant de reproduire la recette ou les mettre avec de l’eau et un peu de sucre dans un bocal au frigo (on peut les conserver plusieurs mois dans ces conditions en les rinçant et en changeant l’eau et le sucre une fois par mois).
- Laisser la fermentation se poursuivre en bouteille pendant 4-5 jours à température ambiante puis stocker au frigo et consommer dès que c’est frais, dans la semaine.
Côté alimentation, de nombreuses plateformes en ligne comme Le Potager d’à côté, Fruit and Food ou Le Potiron permettent de donner, échanger et même vendre ses fruits et légumes en trop. Enfin, acheter ses aliments en vrac (et ses plantes, en herboristerie) représente un bon moyen de réduire nos emballages et de lutter contre le gaspillage. D’après une étude menée par l’Ademe et l’Institut national de la consommation, un produit acheté en vrac est entre 10 et 15 % moins cher qu’un produit préemballé. Pour Amandine, auteure du blog EcoloMe, le vrac permet d’ajuster son budget « en début ou fin de mois, si on vit seul ou que l’on reçoit du monde. En cas de budget serré, on peut acheter une poignée de pistaches pour se faire plaisir sans être obligé de prendre tout un paquet. C’est toute une éducation à revoir », explique-t-elle. La bonne nouvelle, c’est que désormais, de plus en plus de supermarchés et la plupart des magasins bio proposent du vrac, et certaines enseignes se sont spécialisées, telles que Day by Day.
Et pour encore plus d’économies, certaines associations alimentaires et laboratoires de santé naturelle ont développé l’achat groupé. Cette pratique consiste à mutualiser ses achats avec ses proches, voisins ou collègues afin de bénéficier de tarifs dégressifs, et réduire les emballages et le transport de la commande.
L’achat groupé, économique et écologique
Plusieurs associations et laboratoires proposent depuis peu aux consommateurs de réaliser leurs achats d’aliments bio ou de produits de santé naturelle de façon groupée. L’objectif ? Obtenir des remises sur le prix de la commande et limiter l’emballage et l’impact des livraisons. Parmi les précurseurs, l’association Vrac (Vers un réseau d’achat en commun) propose des achats groupés de produits bio, locaux et issus du commerce équitable dans les quartiers populaires de Strasbourg, Nantes, Toulouse ou Bordeaux. Pour vos achats de produits de santé, le laboratoire Ladrôme propose également un service de commande groupée entre particuliers avec des réductions en fonction du montant final. Un bon plan à partager avec ses collègues, amis, famille et voisins !
Vive les plantes de seconde main
Les Français ont moins investi dans leur jardin l’an dernier. En volume, le marché des végétaux, pour l’extérieur comme pour l’intérieur, a subi une chute historique (- 12 %), tandis que les prix, eux, ont poursuivi leur hausse de 8 % en moyenne. Mais saviez-vous que depuis quelques années, la seconde main se développe aussi pour les plantes ? Des lieux tels que la Brocante verte, à Nantes, ou la Société protectrice des végétaux, à Lyon, permettent à des centaines de végétaux mal en point ou abandonnés de trouver de nouveaux propriétaires, à prix d’ami. Par ailleurs, une dizaine de recycleries végétales se sont récemment développées sur le territoire, comme celle de Fontenay-le-Comte, en Vendée, où l’on peut venir déposer gratuitement ses végétaux. On peut également y récupérer des outils de jardin, des pots, du compost, du broyat… À chacun de faire le tri pour récupérer les ressources qui peuvent l’intéresser.