Dossier
Quand santé rime avec sobriété (1/4)
Dans un contexte d'inflation et un environnement où les ressources végétales sont sous pression, il devient délicat de préserver sa santé sans abîmer la planète, ni se ruiner. Dans ce dossier, nous mettons l'accent sur les alternatives de soin abordables et durables afin de préserver sa santé tout en valorisant des filières vertueuses et en faisant des économies.
© Aurélien EBEL
Quand santé rime avec sobriété
Dans un contexte d'inflation et un environnement où les ressources végétales sont sous pression, il devient délicat de préserver sa santé sans abîmer la planète, ni se ruiner. Dans ce dossier, nous mettons l'accent sur les alternatives de soin abordables et durables afin de préserver sa santé tout en valorisant des filières vertueuses et en faisant des économies.
Frais médicaux, compléments à base de plantes non remboursés, inflation sur les produits alimentaires… Face à la flambée des prix, il devient de plus en plus difficile de conserver une bonne hygiène de vie et de se soigner sans se ruiner. Ainsi, d’après un sondage réalisé en janvier 2024 par l’Ifop, 89 % des Français estiment que se soigner est de plus en plus cher, et 26 % ont déjà renoncé à des soins pour des raisons financières. Récemment, l’Observatoire 2023 des prix de grande consommation de l’association Familles rurales a quant à lui observé que de nombreux produits alimentaires considérés comme bénéfiques pour la santé sont encore plus touchés par la hausse des prix que la moyenne. + 40,6 % pour la carotte, + 24,8 % pour le maquereau, + 21 % pour l’huile d’olive ou encore + 20,4 % pour le riz…
En parallèle, plusieurs études, dont celle publiée dans la revue Plos One le 8 novembre dernier, révèlent qu’à cause, entre autres, de la surexploitation des ressources naturelles due à notre consommation (santé, en partie), nous exerçons une pression délétère sur l’environnement. Et les plantes aromatiques et médicinales ne sont pas épargnées. L’intérêt pour les produits issus de végétaux sauvages ne fait que grandir, et d’après le baromètre 2023 du Synadiet (Syndicat national des compléments alimentaires), 59 % des Français déclaraient avoir consommé un complément alimentaire au cours des 24 derniers mois. Il n’y a plus rien d’étonnant à disposer chez soi de produits à base de rhodiole, de desmodium, de lithotamne et autres végétaux cueillis à l’autre bout du monde. Or du fait de leur cueillette abusive, et bien que certaines soient désormais cultivées, ces plantes figurent pour la plupart sur la liste des espèces sensibles menacées d’extinction.
Selon un rapport de FranceAgriMer (2018), 80 % des plantes que nous consommons en France sont importées. Il est donc temps de questionner nos choix en matière de santé. Rappelons-nous qu’au sein de nos régions, il existe une flore riche, diversifiée, offrant des principes actifs thérapeutiques efficaces pour prévenir et soulager de nombreuses pathologies. Lavande officinale, thym, romarin, ortie ou encore certains ingrédients bruts comme le miel et l’argile servent à eux seuls de remèdes préventifs à de nombreux maux. Cueillis dans la nature ou achetés auprès de petits producteurs et herboristes, ces végétaux affichent un prix abordable comparé à celui de certaines plantes rares, en vogue ou venues de l’autre bout du monde.
Alors, pourquoi ne pas semer vous-même votre pharmacie au jardin ou replanter des légumes perpétuels pour compenser l’inflation ? Savez-vous qu’il existe des moyens d’acheter vos courses bio ou vos produits de santé naturels moins cher, lorsque vous créez du lien autour de vous ? Bien sûr, il est difficile de toujours cocher les bonnes cases au moment de faire des choix. C’est pourquoi nous avons rassemblé dans ce dossier des astuces et conseils de médecins, herboristes, pharmaciens afin de vous aiguiller vers une santé qui rime avec sobriété.
Manger sain : un droit ?
Et si on appliquait le principe de la Sécurité sociale à l’alimentation ? L’idée fait son chemin car manger sainement devient de plus en plus un luxe. Imaginée par le collectif Sécurité sociale de l’alimentation, issu de divers mouvements citoyens, l’idée consiste à ce que chacun, sur la base de cotisations, bénéficie d’un budget pour acheter des aliments bons pour la santé et provenant d’agriculteurs locaux. Pourrait ainsi se mettre en place un cercle vertueux y compris pour les agriculteurs, ces derniers étant payés en fonction du prix de revient dès lors qu’ils respectent des critères de qualité et environnementale. La sécurité sociale de l’alimentation fait déjà l’objet d’expérimentations dans une vingtaine de territoires en France, dont des grandes villes comme Paris, Bordeaux ou Montpellier.