Dossier
Soins capillaires, on oublie le synthétique (4/7)
La beauté de nos cheveux et notre coiffure reflètent notre identité et sont des baromètres de notre état de santé. Shampoings, colorations… les Français favorisent de plus en plus les ingrédients végétaux, aussi efficaces que les synthétiques et exempts d'effets délétères. Grâce aux conseils de nos spécialistes, choisissez les meilleurs actifs végétaux selon la nature et l'état de vos cheveux.
Calvitie, chute, ne cédez pas aux sirènes de la chimie
« Il suffit de perdre ses cheveux pour se rendre compte à quel point ils font partie de notre identité », explique la biochimiste Myriam André. En effet, la chute des cheveux est clairement le pire qui puisse arriver en matière de mauvaise aventure capillaire. Mais il y a chute et chute. Nous connaissons tous la chute saisonnière, une perte de cheveux légèrement plus accentuée mais qui reste modérée (d'une durée inférieure à trois mois et sans perte de masse visible). Ce phénomène, qui a généralement lieu à l'été et à l'automne, est certainement lié à des fluctuations hormonales ou nutritionnelles liées au climat, et ne doit pas vous inquiéter.
Une chute plus soudaine ou plus importante, mais temporaire, peut survenir en cas de modification hormonale (après une grossesse, par exemple), de pelade (maladie auto-immune caractérisée par des pertes massives en plaques) ou de choc émotionnel intense. Ainsi, certaines personnes ont constaté une perte de cheveux plus importante que d'habitude trois mois après l'annonce du confinement lié au Covid-19. En effet, nos cheveux ont un cycle de pousse d'un trimestre et le cortisol sécrété lors d'un stress semble mettre nos bulbes capillaires au repos. Ce type de problème se résout de lui-même dans le semestre, mais un stress chronique peut produire les mêmes effets, et ce de façon prolongée. Vous pouvez alors vous aider des plantes pour favoriser la repousse et limiter la chute (lire l'encadré ci-dessous).
Chute de cheveux : Les produits naturels les plus efficaces
Pour des cheveux les plus nombreux possible, veillez à vos apports en vitamines D et C (à coupler au fer pour les femmes, chez lesquelles cette carence est souvent retrouvée en cas d'alopécie). Un faible taux de vitamine B8 (biotine) est associé à une chute de cheveux, mais sa prise en complément n'est pas associée à une repousse.
En cas de pelade, 4 à 5 gouttes d'huiles essentielles de romarin, thym, lavande et bois de cèdre appliquées quotidiennement en massage (en dilution...
dans de l'huile de jojoba) permettent, chez certains, une repousse significative (cette recette fonctionne également pour l'alopécie classique, dite androgénique).
Dans plusieurs études, l'huile de pépin de courge (Cucurbita pepo), à raison de 1 ml/jour en application cutanée ou 400 mg par voie orale, est tout aussi, voire quatre fois plus efficace que le traitement classique au minoxidil. Idem pour l'huile essentielle de romarin.
Le palmier nain (Serenoa repens) (200 mg/jour par voie orale) fonctionne également chez certains patients, mais montre des résultats moins clairs dans les études.
Calvitie et chute liée aux traitements oncologiques : les solutions naturelles
La maladie, particulièrement les traitements contre le cancer, est une autre cause majeure de chute des cheveux. « Les traitements peuvent générer des douleurs aux racines. Vous avez l'impression que l'on vous tire les cheveux en permanence. Je propose alors une “coupe intermédiaire” qui allège leur poids », explique la sociocoiffeuse Marjorie Tatard.
Il faut ensuite anticiper la chute complète et réfléchir aux solutions possibles : une perruque intégrale ou une perruque « partielle », sorte de turban avec une frange qui retombe sur le front et les côtés (comme celles proposées par Les Franjynes, à Nice). L'entreprise française Les Pas d'Chichi propose également de récupérer les cheveux coupés au début des traitements pour créer une perruque sur mesure, avec vos propres cheveux.
Enfin, il y a la perte définitive, et généralement lente, que redoutent beaucoup d'hommes : la fameuse calvitie, qui touche 30 % des hommes dès la trentaine, et plus de la moitié dès la cinquantaine. Appelée « alopécie androgénétique », elle n'est liée à aucun trouble de santé mais à une prédisposition génétique qui transforme la testostérone en dihydrotestostérone (DHT), qui accélère la perte de cheveux en raccourcissant leur cycle.
Les femmes ne sont que 20 % à être concernées, généralement après la ménopause, bien que la perte ne soit jamais totale et avec une ligne frontale généralement préservée. Objet de prescription médicale avec des traitements comme le minoxidil, la calvitie peut toutefois être freinée de façon efficace et naturelle par le biais de méthodes mécaniques accompagnées d'actifs végétaux (lire l'encadré ci-dessous).
Naturel versus chimie // Calvitie : plantes et rouleau massant VS minoxidil
En cas de calvitie, des solutions à base de minoxidil sont généralement proposées. Cette molécule vasodilatatrice ralentit la chute des cheveux et stimule la pousse. Mais elle produit des effets indésirables (eczéma, maux de tête voire troubles de la vision) et est déconseillée en cas d'antécédent de maladie cardiaque.
Certains laboratoires proposent des alternatives naturelles comme la lotion capillaire à l’huile essentielle de romarin de Weleda, le sérum pousse de Luxéol à base d’extrait de germe de pois (Pisum Sativum) ou le sérum Bio-Pilixin de Scandinavian Biolabs à l’extrait de curcuma qui montre des résultats cliniques très prometteurs.
Des lotions naturelles dont l’efficacité sera nettement augmentée si vous les couplez à l’utilisation, une fois par semaine, d’un « derma roller ». Ce petit rouleau massant mécanique doté de minuscules aiguilles génère des microlésions cutanées qui augmentent le flux sanguin dans votre cuir chevelu, activent les cellules-souches dans la zone et favorisent des cheveux plus sains et épais. La littérature scientifique montre que ce rouleau permet d’observer une repousse des cheveux dès 6 semaines (contre 10 pour le minoxidil seul) et une amélioration de plus de 50 % de la croissance des cheveux chez 80 % des patients (contre 4 % pour le minoxidil seul), le tout sans effets indésirables. De quoi avoir envie de passer au naturel !
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