Été : des corps à l’épreuve de la chaleur
Le moment, pour chacun, d’adopter un autre rythme, avec en ligne de mire l’astre auquel notre planète est intimement liée : voilà en quoi l’été est une saison si particulière. Or, quand le soleil darde trop fort ses rayons et que la chaleur tant attendue se transforme en calvaire accablant, nous nous retrouvons bien démunis, car la canicule perturbe profondément notre organisme.
Cette année, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a dû rappeler les risques spécifiques liés aux températures élevées encourus par les personnes sous traitements médicamenteux : en effet, les antidépresseurs, les antimigraineux et certains antiallergiques réduisent la formation de la sueur, et le corps parvient moins bien à lutter contre les fortes chaleurs.
Par ailleurs, en faisant grimper trop haut le thermomètre, la canicule contrarie durablement nos rythmes naturels. L’été, au lieu de nous embarquer dans sa belle et riche dynamique à laquelle fait écho la floraison multicolore des plantes, devient tout d’un coup une période de pesanteur pénible. Écrasé sous une chape de chaleur, le quotidien devient difficile, physiquement mais aussi mentalement.
Pas de trêve pour la planète
D’aucuns considèrent cette torpeur comme le propre de la trêve estivale. Mais comment ralentir quand il faut moissonner, ramasser les fruits, cueillir les aromatiques au plus fort de leur parfum et transformer tous ces produits pour qu’ils nous soient utiles en hiver ? Il n’y a pas plus de trêve estivale dans la nature que dans les activités économiques ou les sphères sociale et politique. Ainsi, c’est au cœur de l’été que le tribunal de San Francisco a condamné la multinationale Monsanto-Bayer. La firme – qui a fait appel – doit verser 289 millions de dollars de dommages et intérêts au jardinier Dewayne Jonhson, une sanction justifiée par l’implication de l’herbicide Roundup dans son cancer.
Ce « procès du glyphosate » a fait sortir de son apathie le ministre de la Transition écologique. Nicolas Hulot, après que la loi Agriculture et alimentation n’est pas parvenue à interdire ce désherbant, a retrouvé ses accents militants d’antan. « Est-ce que nous comprendrons que Monsanto-Bayer n’a pas d’autre objectif que de mettre en coupe réglée les ressources alimentaires de la planète ? D’un côté on empoisonne, et de l’autre on soigne : à un moment donné, on doit se révolter », a-t-il lancé sur BFM TV. Aux États-Unis, Dewayne Johnson a commenté plus sobrement : « Je suis content de pouvoir aider une cause qui me dépasse largement. Et j’espère que cette décision commencera à lui apporter l’attention dont elle a besoin. »
De la même manière, espérons que le long épisode de surchauffe estival – ponctué ici et là à travers le monde d’inondations terribles et d’incendies ravageurs – soit un déclencheur psychologique, incitant à agir face au changement climatique. Certes, ce front est plus difficile à cerner que la question des pesticides, mais après trente années de mises en garde, alors que des études de plus en plus précises font le lien entre ces phénomènes météorologiques extrêmes et le réchauffement de l’atmosphère, un été caniculaire doit aussi devenir celui d’une prise de conscience. Seul un engagement citoyen, obligeant la volonté politique, modifiera la donne, faisant du changement climatique, plutôt qu’une source d’événements dévastateurs, un moteur constructif de notre évolution.