Bien manger, tous impliqués
Nous sommes sans doute arrivés à un tournant en matière d’alimentation. Pendant plusieurs décennies, la logique dominante a été celle d’une compression des coûts, jusqu’à porter les consommateurs à croire que bien s’alimenter ne valait pas grand-chose. Quelques scandales sanitaires plus tard, mais aussi une production agricole en baisse et des agriculteurs en difficultés, nous nous réinterrogeons sur la question. Enfin !
Le débat, lancé avec les États généraux de l’alimentation, fin 2017, s’est prolongé avec la Loi agriculture et alimentation votée début octobre. Mais les lignes ne bougent pas facilement. Doit-on s’en étonner ? Je ne crois pas. Car qui s’affrontaient dans cette loi, sinon les plus fameux lobbies du moment ? Les industriels de la chimie et de l’agro-alimentaire, les producteurs de semences, les distributeurs et les agriculteurs face aux associations de défense de l’environnement, des animaux et des consommateurs.
Des entreprises s’engagent
Si les 5 500 amendements déposés ont animé certains débats, ils sont ensuite retombés dans les oubliettes. Peut-être la question de l’alimentation est-elle trop sérieuse pour être confiée aux politiques. D’ailleurs, l’action se met en place là où on ne l’attendait pas vraiment. Ainsi, le groupe Carrefour a lancé la campagne Act for Food et annonce une série d’engagements concrets pour « mieux manger partout, tous les jours et sans payer plus cher ».
Le cahier des charges, ambitieux – garantir du bio 100 % français et accessible, supprimer les traitements antibiotiques en élevage, bannir 100 substances controversées, etc. (neuf mesures au total) – cerne les vrais problèmes. Néanmoins, que l’impulsion vienne d’un distributeur, dont on sait qu’il ne joue pas que sur le tableau de l’alimentation saine et respectueuse de l’environnement, a quelque chose de gênant.
On adhère davantage à la démarche du collectif C’est qui le patron et de sa Marque du consommateur, qui mise sur une implication concertée des producteurs et des consommateurs. Quoi qu’il en soit, nous sommes tous responsables, et chaque initiative est bienvenue. Cette question de l’alimentation est centrale, car elle porte en elle les fondements des évolutions nécessaires de notre société.