La phytothérapie, démarche de santé durable
Dépendante d’une préservation de notre milieu naturel et menacée par l’atteinte de ce dernier, la phytothérapie représente une solution durable en matière de soins et de santé. Or, dans les objectifs de développement durable posés par l’ONU, on retrouve justement le concept de sustainable health, qui vise l’amélioration de la santé et du bien-être des patients tout en protégeant l’environnement et ses ressources pour les générations futures.
Actuellement, l’impact du secteur de la santé, notamment de l’industrie pharmaceutique, sur la planète est important. En premier lieu à cause des rejets industriels potentiellement toxiques liés à la fabrication de médicaments de synthèse, mais également au niveau du passage, dans le milieu extérieur, des molécules provenant de l’organisme du patient après dégradation du médicament.
Au final, de nombreuses molécules se retrouvent dans les cours d’eau et les océans, ce qui joue en général négativement sur la faune et la flore locales. Parmi les plus fréquemment mis en cause, citons les anti-inflammatoires (diclofénac, ibuprofène), les contraceptifs (éthinyloestradiol) et les antalgiques (paracétamol). Même si leur concentration est de l’ordre du nanogramme et que leurs effets sur l’écosystème sont encore mal connus, plusieurs risques à la base de la chaîne alimentaire ont été démontrés. Partant de ces constatations, il est légitime d’exiger de toute production de biens de santé qu’elle s’accompagne d’une réflexion sur l’impact environnemental.
Pour autant, on ne peut se contenter d’opposer traitements de synthèse et produits naturels. Cela n’a pas de sens, car les indications peuvent être fort différentes et qu’une adaptation fine aux besoins du malade s’avèrera toujours nécessaire – ainsi, une pathologie infectieuse grave réclamera toujours une antibiothérapie de synthèse efficace et ciblée. Ce qui a du sens, en revanche, c’est d’apporter aux soins primaires des solutions écocompatibles : le saule, la reine-des-prés, la gaulthérie et l’harpagophytum peuvent être d’excellents moyens d’éviter ou de diminuer l’usage des antalgiques et des anti-inflammatoires de synthèse. L’utilisation de plantes médicinales en premier recours, sous contrôle du professionnel de santé ou en automédication, permettrait d’abaisser l’incidence de la production allopathique sur notre environnement. Et répondrait à la demande des patients pour des produits de santé naturels.
Dans ce contexte, le Parlement européen et le Conseil de L’Europe ont appelé à la reconnaissance, en particulier, de l’usage des plantes médicinales dans les parcours de soins, et à son intégration dans les systèmes de santé. Ce premier pas devrait être complété par d’autres, comme la formation des professionnels de santé et de soins à la phytothérapie, ou encore l’inscription de cette médecine comme partie prenante du domaine de la santé dans une orientation politique de transition énergétique et de développement durable… C’est ainsi que répondrons à l’obligation qui nous est faite de laisser un environnement viable aux générations futures.
À propos de l’auteur : Patrick Aubé est vice-président de l’Union nationale des médecins à exercice particulier. Il est aussi membre du Bureau du Syndicat national de la phyto-aromathérapie.