Environnement
De la plastification à la végétalisation
Certains objets symbolisent bien notre civilisation. Vus comme utiles, mais en fait complètement superflus. C'est le cas du fameux Coton-Tige qui, simple trouvaille pratique du début du XXe siècle est devenu un objet envahissant notre quotidien. On y a recours pour une quantité de gestes d'hygiène, le plus courant restant celui du nettoyage de nos oreilles… Au grand dam des médecins qui ont toujours souligné les dangers à l'utiliser pour enlever le cérumen. Vaines mises en garde, car nous l'avions déjà adopté et transformé en objet de première nécessité.
Mais de par sa composition en plastique, le Coton-Tige apparaît en tête de la liste des polluants que nous déversons sur terre. Pailles, gobelets, assiettes… tous ces objets à usage unique que nous avons bien du mal à recycler, ont au fil des ans remplacé des produits durables. À tel point que le volume des déchets plastiques représente 350 millions de tonnes, un volume multiplié par dix en quarante ans. Mais en ce début d'année, voilà la bonne nouvelle, voici le changement positif qui arrive dans notre quotidien. Ce premier janvier 2020 a pris effet l'interdiction du Coton-Tige dans sa version plastique. Grâce à la loi pour la reconquête de la biodiversité votée en 2016, il est interdit de linéaire et cela fait du bien de se sentir un peu moins plastifié !
J'ai pourtant bien conscience que cette histoire de Coton-Tige ressemble à un esquif dans l'océan de plastique qui nous entoure. Et que l'on retrouve chez les gros mammifères marins, comme ce cachalot échoué sur une plage de l'île Harris, en Écosse, avec 100 kg de déchets dans l'estomac. Toutefois, par ses aspects symboliques, cet objet de rien du tout montre l'exemple et l'idée que l'on peut se passer des polymères fait tache d'huile. Dans les chaînes de restauration rapide à emporter, dans les services de portage de repas à domicile, le plastique est moins présent.
Cette interdiction est aussi une bonne nouvelle, car elle fait la place à des ressources végétales durables. Le nouveau Coton-Tige est un bâtonnet en bambou ultrarésistant. Que d'ailleurs, par d'anciens réflexes bien ancrés, j'ai dû me retenir de jeter à la poubelle… Et la technologie moderne apporte son aide à la fabrication d'autres matières premières naturelles. Le tissage du fil d'ortie, le moulage de lait d'hévéa pour le caoutchouc de baskets résistantes, les savoir-faire sont en plein essor. Mais la transformation de tous les végétaux réunis, parviendra-t-elle à remplacer l'omniprésent plastique ? Non, car il est difficile de rivaliser quand à peine deux kilos de pétrole suffisent à produire un kilo de ce matériau synthétique.
En tout cas, le développement des matières végétales peut nous obliger à changer de comportement. Parce qu'elles sont plus limitées en quantité, nous serions obligés de nous diriger vers une consommation raisonnable. Et passer ainsi de l'ère de la plastification à outrance à celui d'une végétalisation harmonieuse. Les plantes pourraient alors jouer un véritable rôle de lanceur d'alerte, ce que nous aurions dû déjà leur reconnaître depuis longtemps !