Le jasmin du destin

La gelsémie, ou jasmin de Caroline, est une belle plante grimpante dont les fleurs jaunes dégagent un parfum très suave, mais ce n’est pas réellement un jasmin. Originaire du sud des États-Unis, cette plante parfumée et vivace est beaucoup plus rustique que son homonyme oriental et s’accommode de climats plus rudes.

Ses racines contiennent de la gelsémine, un alcaloïde toxique, dépresseur du système respiratoire, aux propriétés paralysantes. Cette toxicité explique que la médecine conventionnelle ne s’en serve pas, seuls les homéopathes peuvent en tirer parti.

Le champ d’action de Gelsemium en homéopathie est si caractéristique que son ­utilisation s’est généralisée même en ­automédication. Qui n’a pas vécu cet état de ­sidération anxieuse qui prélude aux épreuves des examens ou des mises à l’épreuve diverses de la vie quand il faut assurer une performance à un moment clé ou déterminant, plaider sa cause, se mettre en valeur, faire montre de son savoir ? Qui n’a pas vécu ce lâchage soudain de l’esprit et du corps, au moment même où l’à-propos serait indispensable pour aider à ­franchir une étape importante sur le chemin de son destin ?

On retrouve un tableau identique dans certaines grippes, quand le mental et le physique, soudain ­engourdis, font ressentir au malade qu’il est si faible, que son cœur pourrait s’arrêter de battre s’il n’y prenait garde, alors que ses yeux se ferment malgré lui et que le sommeil le gagne. Qu’il s’agisse d’une grippe ou du trac, cette traîtresse torpeur s’accompagne d’une peur quasi viscérale, d’une peur paralysante. Tous ces symptômes ont été relevés de par le monde par plusieurs observateurs, lors du ­déploiement de l’épidémie virale venue de Chine. Et cela leur a fait penser que Gelsemium pourrait aider leurs patients à surmonter cette attaque virale avec plus d’énergie.

Au même moment le monde entier semblait se paralyser de peur devant la pandémie annoncée. Mais quelle est donc cette épreuve signifiée au genre humain pour qu’un trac mondial gagne toute la planète ?

La machine économique globale, freinée par une anxiété inhibante et généralisée, va relâcher son emprise polluante sur l’environnement le temps que les hommes surmontent l’épreuve. Et si c’était l’occasion de remettre en question cette course en avant irraisonnée qui nous a conduits là ? Pour laisser la ­gelsémie nous guider, à cette étape déterminante de notre destin ?

Et si c’était l’occasion de remettre en question cette course en avant irraisonnée ?