Féconde diversité
C’est par un signal fort que s’est conclu le congrès mondial de la nature en septembre. Le manifeste de Marseille – nom du texte adopté par les 1 400 membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – est à la hauteur du rôle joué par la biodiversité. Il montre que cette notion qui véhicule encore souvent l’image de naturalistes coupés du monde pour ne s’occuper que de la défense de la faune et de la flore, recouvre au contraire des enjeux interdépendants urgents et touchant notre quotidien. Si on fait assez facilement le lien avec l’évolution du climat, le renvoi vers la question d’une alimentation plus durable est moins évident. Pourtant, des espèces sauvages, qui ont un riche patrimoine génétique, participent à l’obtention de nouvelles cultures capables de résister aux changements climatiques. D’ailleurs, plus de 70 espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées sont menacées d’extinction dans leur région d’origine en Amérique latine. L’importance de la biodiversité pour notre santé a aussi été soulignée, alors que le Covid‑19 « met en lumière le caractère insoutenable de notre rapport à la nature ». La tonalité de ce manifeste fait du bien car il est volontariste. Il souligne la « capacité d’agir de tous les citoyens » et impulse une dynamique proche du terrain, avec la mobilisation de partenariats, l’implication de la jeunesse, et la mise en place de réseaux des sites protégés.
J’ai tout de même un regret. Il n’a pas été beaucoup question des plantes médicinales. Dans le contexte de la pandémie, le sujet est sans doute trop sensible. Trop clivant. Dommage. Pourtant chaque jour, l’usage de la phytothérapie fait la démonstration de son utilité et de son efficacité. C’est pourquoi dans le dossier de ce numéro, nous présentons pour plusieurs pathologies, les réponses thérapeutiques des plantes qui ont été évincées par le médicament de synthèse. Ainsi en France, 16 millions de patients* atteints de pathologies du reflux et des maladies ulcéreuses sont traités par des inhibiteurs de la pompe à protons. Mais si la phytothérapie, peut constituer un premier choix permettant de répondre à de nombreuses situations, il ne s’agit pas d’un choix unique et ce choix se doit toujours d’être éclairé à la lumière des connaissances sur les plantes régulièrement mises à jour, à la lumière des conseils prodigués par des spécialistes. Sans oublier que ces traitements pourront perdurer si nous faisons en sorte de les préserver et de miser sur leur diversité.