Pour un récit fondateur
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Bon nombre d’enquêtes confirment que notre société se sent de plus en plus concernée par l’écologie. C’est rassurant ! Hélas, dès qu’il y a un choix à faire, on ne parvient pas à s’accorder. Au contraire, les clivages se dessinent et s’imposent avec une rare intensité, comme récemment avec la problématique des méga-bassines. Dans les Deux-Sèvres où il est projeté de construire seize de ces immenses réservoirs, le sujet a beau être sur la table depuis cinq ans, les positions n’ont pas convergé, elles se sont crispées. Les arguments illustrent des intérêts particuliers et de profondes divergences où même les études scientifiques deviennent antagonistes.
Nous peinons à trouver une position commune car nous n’avons pas développé de référence en matière de protection de l’environnement naturel. Comme l’explique la coache en transition écologique Pascale Rossler, « les comportements positifs pour la planète, tels que les écogestes, restent isolés et sont même perçus comme dissonants, voire incohérents, faute de se relier à une “norme” ou à une vision qui soit collectivement motrice ».
Pourtant, des pionniers s’emploient à diffuser un récit commun qui pourra servir de fondation solide pour mener à bien les changements. J’aimerais ici rendre hommage à la Fresque du climat qui, sur le principe d’ateliers ludiques et participatifs, a fait connaître les mécanismes du changement climatique à un million de participants. Avec la formation d’animateurs, ce savoir se démultiplie. Dans un autre domaine, l’École comestible sensibilise les enfants à une alimentation locale et végétarienne, dans différents pays. Au Danemark, une autre démarche émane de René Redzepi, le chef du Noma, cinq fois primé meilleur restaurant du monde, à Copenhague. Depuis 2011, il a créé la fondation Mad, « nourriture » en danois mais aussi « fou » en anglais ! Sans doute est-il fou d’apprendre aux enfants la cuisine aux plantes sauvages… Les ateliers proposent de les déguster avec une mayonnaise industrielle et des crackers, pour que les petits retrouvent des repères et osent manger ces « mauvaises herbes ». La surprise les fait échanger sur cet apprentissage, et parler en positif de ces plantes qu’ils ont appris à reconnaître.
Pour transmettre une telle approche, l’association forme des « rangers », afin de grossir les rangs de ceux qui s’approprient cette autre façon d’envisager le monde. Je vous invite à rejoindre l’une de ces organisations ! Car plus une communauté est importante, plus son taux de croissance augmente… Sans doute connaissez-vous la devinette du nénuphar qui double de taille chaque jour et qui, quand il recouvre la moitié de la surface de l’étang… ne met qu’un jour à le recouvrir entièrement.