La médecine en Asie, tout un art !
Pour la première fois en France, une grande exposition est consacrée aux trois grandes traditions médicales asiatiques : l’indienne, plus connue sous le nom d’ayurvéda, la chinoise, dont l’influence s’étend au Japon et en Corée, et la tibétaine. Bien qu’éloignées de notre médecine, ces pratiques millénaires ont trouvé une place dans l’offre de soins occidentale. Sans doute avez-vous déjà été pris en charge par un acupuncteur, ou eu recours à une des écoles de massage oriental. La pharmacopée chinoise est quant à elle largement accessible sur notre territoire.
Mais l’intérêt de cette exposition au Musée Guimet* est de nous proposer une plongée aux sources anciennes de ces médecines – en Chine, les premières bases écrites datent de la fin du deuxième millénaire avant notre ère – ; d’insister sur les points communs qui en font l’originalité et la force, comme la circulation des flux énergétiques et vitaux dans le corps humain ; d’évoquer l’approche globale du patient, visant à l’équilibre entre fonctions organiques, environnement et mode de vie.
Pour évoquer ce savoir, relié depuis toujours à des divinités pourvoyeuses de bienfaits, l’exposition rassemble environ 300 œuvres exceptionnelles. Le maître des remèdes (photo ci-dessous) s’incarne dans une magnifique statue d’1,50 mètre, en bois laqué, doré et peint. Debout sur une fleur de lotus, le visage empreint de douceur, il tient dans sa main gauche le mortier dans lequel il broie les plantes médicinales pour préparer remèdes ou antidotes. Autre divinité bouddhiste associée au soin et à la guérison, Palden Lhamo dispose d’un sac à maladies contenant miasmes, virus et bactéries qui lui permettent de juguler (ou de déclencher) une épidémie. Sa statue de bronze est d’une grande finesse.
L’exposition aborde également les soins, telle la moxibustion (application de bâtonnets de poudre d’armoise), la pratique de postures de yoga, que l’on peut découvrir sur une gouache très élégante du début du XIXe siècle, ou la riche pharmacopée avec, parmi les plus connus, la noix d’arec, le pavot et des champignons de longévité, classés dans de petites fioles, récipients souvent précieux.
La scénographie évoque ainsi le dialogue entre la médecine, l’art et le sacré, faisant écho à l’approche holistique du patient. C’est un voyage émotionnel qui nous est proposé alors que se dévoilent les liens entre pratiques médicales, croyances, symbolisme et art. Ils apparaissent comme un tout cohérent dont l’harmonie influence notre bien-être au fil de l’exposition. Comme si notre énergie intérieure se mettait à circuler de façon plus fluide… Oui, ces médecines orientales relèvent bel et bien d’un art consommé.
* Musée Guimet des arts asiatiques, 75016 Paris, jusqu’au 18 septembre.