L'arbre de Judée des saveurs éclatantes
C’est sans doute l’un des plus beaux arbres fleuris de nos régions, mais aussi une plante comestible, dont les fleurs, les boutons et les fruits ne manquent pas d'intérêt. Découvrez les secrets de cet arbre légendaire.
Il m’a toujours plu, ce petit arbre rose qui décore de façon un peu extravagante les rues et les parcs urbains. Je le voyais souvent étant enfant, et sa couleur vive me fascinait. Puis, lorsque ses jolies fleurs fanaient, il changeait d’aspect et perdait tout son charme, malgré des feuilles harmonieuses. L’arbre de Judée (Cercis siliquastrum) était pour moi, malgré mon jeune âge, symbole du temps qui passe et fait disparaître en peu de temps la beauté qui nous enchante. Mais à chaque nouveau printemps, son éclat se renouvelait et me réjouissait de nouveau. Il m’est arrivé, rarement je dois dire, de le croiser dans son habitat naturel, parmi les broussailles clairsemées sur des pierriers calcaires que sa floraison transformait en jardins féériques. Puis l’été, rien ne subsistait plus que quelques gousses noirâtres pendues le long des branches.
Dans l’hôpital militaire de Bastia où j’effectuais mon service militaire, je passai beaucoup de temps à observer les arbres de Judée plantés dans la cour. Ce qui me captivait, c’était la faculté des fleurs de jaillir en bouquets denses le long des rameaux feuillés, voire du tronc lui-même, et non sur des pédoncules spécifiques, comme le font la plupart des végétaux. Les botanistes nomment « cauliflorie » cette particularité plus répandue sous les tropiques que dans nos pays tempérés : on la retrouve par exemple chez le cacaoyer. D’ailleurs notre arbuste appartient, parmi les fabacées, à la sous-famille des césalpinioïdées (Caesalpinioideae), dont la plupart des membres vivent dans les contrées chaudes.
Mais ce qui me séduisit plus encore fut quand, un jour, je goûtai ses fleurs : je découvris une délicate saveur aromatique que soutenait un léger goût acidulé fort bienvenu. Imaginez les salades que je réalisai avec quelques simples feuilles de laitue mêlées de...
ces corolles éclatantes… Puis j’essayai d’autres préparations et en confectionnai, en particulier une délicieuse tarte rose, fort savoureuse. J’appris aussi qu’en Grèce et en Turquie, on fait des beignets avec les fleurs. Et que certains conservent les boutons floraux dans le vinaigre ou les confisent au sucre. Dans l’est de l’Amérique du Nord, les fleurs du Eastern redbud (Cercis canadensis) – dont le nom signifie « bouton rouge » – ont également été consommées et peut-être en est-il de même de celles des diverses espèces chinoises.
Les fruits se dégustent en légumes
C’est après la floraison, qui a lieu de mars à mai selon les régions, que se développent les feuilles de l’arbre de Judée. Lorsqu’elles sont encore dans leur prime jeunesse, il est possible d’en préparer de bons légumes. Et les tendres fruits, dès qu’ils apparaissent, peuvent se faire cuire comme des haricots verts. Plus tard, lorsque les gousses se développent, elles prennent la forme allongée et pointue aux deux extrémités d’une navette de tisserand dont le nom grec ancien est kerkis, d’où l’appellation scientifique de notre végétal, Cercis. L’épithète siliquastrum évoque les fruits étroits et allongés des crucifères que l’on nomme siliques. L’arbre de Judée est parfois nommé gainier, sans que la raison en soit très claire…
Une légende voudrait que ce soit à cet arbre que Judas se pendit après avoir trahi Jésus-Christ – il n’est pourtant pas bien haut pour servir de potence et ses branches sont plutôt souples… Les graines de l’arbre de Judée semblent très appréciées par les oiseaux, notamment par la mésange bleue et la mésange charbonnière.
Malgré son nom, l’arbre de Judée a une répartition géographique naturelle plus vaste que la Palestine, puisqu’elle s’étend du sud de l’Europe à l’Asie occidentale. On le rencontre plus ou moins souvent sur les coteaux du Midi, mais il s’y trouve probablement à l’état subspontané, après s’être échappé de cultures d’ornement.
Herbier
L’arbre de Judée (Cercis siliquastrum) est un arbuste long de trois à six mètres, dont le tronc présente une écorce grise. Les rameaux flexueux portent des groupes de fleurs munies chacune d’un long et fin pédicelle. Les fleurs paraissent parfois sur le tronc et entourent fréquemment les branches d’une spectaculaire gaine rose vif. Elles présentent un calice muni de cinq dents courtes et obtuses et une corolle formée d’un étendard dressé, mais plus court que les autres pétales, de deux ailes écartées et d’une carène renfermant les dix étamines libres et l’ovaire terminé par un stigmate épaissi. Une fois la floraison établie, paraissent les feuilles caduques, pétiolées, de forme circulaire. Elles sont d’un vert clair et dépourvues de poils. Les fruits sont des gousses pendantes et aplaties, longues de 7 à 10 centimètres. À maturité, elles deviennent d’un brun rougeâtre et renferment 10 à 14 graines ovoïdes, noires. On connaît une quinzaine d’espèces du genre Cercis.
Recette sauvage : Tarte aux fleurs d’arbre de Judée
Ingrédients : 250 g de farine • 3 cuillerées à soupe de sucre • 1 pincée de sel • 100 ml d’huile de sésame, 100 ml d’eau • 2 œufs • 10 cl de crème de riz • 1 cuillerée à soupe de purée d’amandes blanches • 2 cuillerées à soupe d’eau chaude, 30 g de sucre, 1 bol de fleurs d’arbre de Judée
- Préparer une pâte minute en mettant la farine, le sucre, le sel, l’huile et l’eau dans un récipient fermant hermétiquement, puis en secouant environ 1 minute.
- Foncer un moule à tarte et faites précuire.
- Mélanger les œufs, la crème de riz, la purée d’amandes blanches, délayée avec l’eau chaude et le sucre.
- Disposer les fleurs d’arbre de Judée sur le fond de tarte, en en réservant quelques-unes. Recouvrir de l’appareil précédent et faire cuire pendant un quart d’heure au four à 160 °C.
- Décorer des fleurs restantes.
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